Lettre ouverte du 31 juillet 2023

 

 

 

Lettre ouverte du 31 juillet 2023

Objet : Amélioration et respect des protocoles de prise en charge des victimes de soumission chimique et de violences sexuelles

Un an et demi après le « Plan anti-GHB » de Madame SCHIAPPA[1], et la décision de faciliter la prise en charge des victimes de soumission chimique dans les bars, un an après l’assouplissement de protocoles au sein des hôpitaux pour pouvoir accueillir les victimes d’agressions par piqûre en milieu festif, nous constatons :

1) Des parcours kafkaïens en milieu hospitalier (prise en charge aux urgences), dans l’organisation de l’enquête et des examens aux UMJ : d’anciens protocoles, aujourd’hui encore majoritairement appliqués, étant INCOMPATIBLES avec la réalité des victimes de soumission chimique et/ou d’agression sexuelle. Actuellement, l’accueil réservé aux victimes à l’hôpital, en commissariat et aux UMJ (Unité Médico-judicaire) s’avère encore trop souvent potentiellement DANGEREUX et TRAUMATISANT pour les victimes de soumission chimique et/ou d’agressions sexuelles ( : absence de prise en charge psychologique, absence d’informations sur les effets des substances, exigences de rendez-vous précipités et interrogatoires oppressants, culpabilisation, etc.)

2) Les protocoles de 2021[2] NON APPLIQUÉS ou MÉCONNUS des soignant·es, ce qui met en péril les éventuelles futures démarches des victimes et surtout leur prise en charge médicale (physique et psychique).

Nous constatons entre autres :

  • l’absence de prélèvements et d’examens dans les heures suivant l’hospitalisation ;
  • des contraintes irréalistes de prise de rendez-vous pour accéder aux UMJ et le refus des UMJ de recevoir les victimes sans la réquisition nécessaire ;
  • l’absence de transfert des victimes de soumission chimique vers les hôpitaux en capacité d’effectuer les examens ;
  • des questionnaires/interrogatoires effectués par la police et aux UMJ sans aucune prise en compte du trauma et de l’état de grande vulnérabilité d’une personne qui se trouve encore sous les effets des substances et en état de choc ;
  • l’absence de recommandations de suivi psychologique, etc.

Les dysfonctionnements rencontrés à chaque étape de leur parcours (hôpital - police - UMJ) ajoutent de nouveaux traumas aux victimes[3]. Nous déplorons que ces dysfonctionnements n’aient pas été résolus depuis novembre 2021 (mouvement #BalanceTonBar et plan anti-GHB) malgré tout l’engagement politique et médiatique sur ce sujet.

 

Nous demandons :

  • des modifications des protocoles et leur application de manière à permettre une meilleure prise en charge des victimes et le bon déroulement des éventuelles enquêtes (Voir la pétition #MeTooGHB : http://Change.org/MetooGHB ).
  • une meilleure organisation/planification des protocoles de service : élargissement des médecins habilités à faire les examens notamment gynécologiques, protocole précis et facilement accessible dans chaque service d'urgence indiquant les questions à poser, ce que le certificat médical initial doit contenir, les prélèvements à réaliser, les traitements éventuels à débuter, un kit "prélèvement VSS/soumission chimique" avec des sachets, tubes et feuilles de bilan prêts à l’emploi, ainsi que la liste des associations ou numéros utiles d'aide aux victimes.
  • des formations systématiques en faculté de médecine, à l’hôpital, et en police/gendarmerie à la prise en charge de victimes de soumission chimique et d’agressions sexuelles.

Nous espérons une intervention rapide et adaptée de votre part, et qui permettrait a minima que plus aucune victime en demande d’aide et de soins n’ait à subir ces violences institutionnelles et médicales.

Héro·ïnes 95 x SNJMG (Syndicat national des jeunes médecins généralistes)

https://linktr.ee/Heroi.nes95                                    https://linktr.ee/SNJMG

Sources complémentaires pour s’informer sur la prise en charge des victimes :

  • 2019 : Question écrite n°07885 – 15è législature, de Maryvonne BLONDIN : « Possibilité de réaliser des prélèvements au sein des unités médico-judiciaires sans dépôt de plainte préalable. » + Réponse du Sénat : https://www.senat.fr/basile/visio.do?id=qSEQ181107885
 

[2] Circulaire CRIM-2021-13/E6 – 24.11.2021 :« Déploiement des dispositifs d’accueil et d’accompagnement des victimes de violences conjugales, intrafamiliales et/ou sexuelles au sein des établissements de santé » https://www.legifrance.gouv.fr/download/pdf/circ?id=45245

[3] Accompagnement mis en place, par exemple, à Bruxelles avec des lieux dédiés : https://www.stpierre-bru.be/service/gynecologie-obstetrique/320-rue-haute/centre-de-prise-en-charge-des-violences-sexuelles/

Faire la "chasse" aux arrêts de travail : un non-sens !

Faire la "chasse" aux arrêts de travail : un non-sens !

 

Le gouvernement veut faire la "chasse" aux arrêts de travail.

Bruno Le Maire s'est exprimé à ce sujet.

 

- Le ministre des comptes publics a pointé "l'explosion des arrêts maladie".

 

Les arrêts de travail ne sont pas prescrits pour faire plaisir! Ils ont une indication réelle!

"Est-ce que quelque chose justifie que les arrêts maladies aient augmenté de 30 % au cours des dernières années ? " A questionné Bruno Le Maire

 

Ils augmentent, pourquoi donc ? La population vieillit, les maladies chroniques se multiplient, les accidents de travail, les douleurs chroniques, les douleurs aiguës et notamment rhumatologiques limitant les travaux avec charges lourdes par exemple, des infections qui peuvent décompenser des maladies sous-jacentes etc... et n'oublions pas qu'il y a aussi la pandémie de COVID qui est passée par là....

 

- Il a notamment évoqué les arrêts "qui ne s'accompagnent d'aucune prescription de soins ou de médicaments".  Oui il y a des arrêts de travail qui ne s'accompagnent pas de médicament, ou de soin prescrit. Peut-être parce qu'une grippe ne se traite pas par des médicaments d'autant plus si la personne a déjà du paracétamol chez soi, mais justement l'arrêt et le repos font partie de la prescription médicale!

 

- Faire des contrôles, donner des quotas d'arrêts de travail à ne pas dépasser est un non-sens. Certain-es médecins généralistes soignent plus de personnes précaires et qui ont des conditions de travail plus difficiles et sont donc plus susceptibles aux accidents du travail, aux maladies, et donc seront pénalisées ?

 

Les "objectifs" de chiffres, encore et toujours ! La santé n'a pas à être rentable, la santé n'est pas un nombre d'actes à pourvoir, n'est pas un nombre limité de soins à réaliser.

 

- Et quid des arrêts pour burn-out ? Le burn-out étant traité justement par l'arrêt de travail et le repos !

 

Limiter le nombre d'arrêts de travail est un non-sens, entraînant des prises en charge retardées, ou des aggravations d'une maladie ou bien une durée de la maladie plus longue et une multiplication des erreurs au travail.

Comprendre les causes de l'augmentation de ces arrêts de travail serait plus judicieux avec notamment une amélioration de la prévention, amélioration des conditions de travail...

 

Nous nous opposons à ce type de mesure qui a pour but encore une fois de faire des économies au détriment de la santé et de l'accès aux soins.

 

Le SNJMG

Interview Elisa Rojas sur le validisme dans le soin.

Interview Elisa Rojas sur le validisme dans le soin.

 

Nous avons interviewé Élisa Rojas, Avocate au Barreau de Paris et militante, Autrice de « Mister T & moi » Editions Marabout et du blog auxmarchesdupalais.wordpress.com.

Voici ses réponses :


- Quelles sont les principales difficultés administratives à la reconnaissance du handicap et/ou aux aides financières et sociales qui lui sont rattachées ? (MDPH AAH PCH RTQH)

 

L’accès aux aides est complexe et long. La grande majorité des personnes handicapées vivent dans un imbroglio administratif constant, absurde et sans fin, dans lequel on leur demande de justifier sans cesse leurs problèmes de santé et leur handicap pour bénéficier de la moindre aide qu’elle soit financière, technique ou humaine. Tout ce qui touche à ces démarches administratives constituent une très grande source d’inquiétude et une charge mentale pesante pour elles, d’autant que l’instruction des dossiers par les diverses administrations (CPAM, CRAMIF, MDPH etc.) reposent sur l’intrusion, la déshumanisation, la suspicion et le contrôle. Tout est conçu pour les épuiser, les mettre en porte à faux et les pousser à l’erreur.

 

Dans l’élaboration du dossier, le médecin est souvent appelé à jouer un rôle central, je dirais même fondamental. Devant le MDPH, par exemple, le certificat médical que le médecin doit remplir est une pièce déterminante. Les médecins rechignent souvent à remplir ce certificat. Ils n’aiment pas la paperasse et considèrent parfois que cela ne rentre pas totalement dans leurs attributions. Je peux le comprendre dans une certaine mesure, surtout que le formulaire en cause est long, abscons, et piégeux. Malheureusement, il faut s’y coller sérieusement parce que c’est à partir des éléments mentionnés dans ce certificat que tout va se jouer. S’il n’est pas rempli correctement, il permettra aux services de la MDPH de refuser la reconnaissance du handicap et l’aide demandée. En tant qu’avocate ayant eu à connaître des affaires liées aux décisions défavorables rendues par les MDPH, je peux vous assurer que systématiquement l’origine du problème se trouve dans la façon dont ce certificat médical initial a été renseigné. Lorsqu’il n’a pas été établi avec suffisamment de soins, il est très difficile de rattraper le coup devant le juge et d’obtenir gain de cause.

 

Pour obtenir l’aide sollicitée, le médecin doit indiquer dans ce certificat destiné à la MDPH l’ensemble des problèmes de santé de la personne concernée (qui doivent tous si possible être documentés par un examen récent), mais il faut aussi préciser de façon détaillée les répercussions négatives de ces problèmes de santé sur sa vie quotidienne et sur sa vie professionnelle, en étant attentif à la cohérence de l’ensemble. Il faut se concentrer sur la description des incapacités car c’est ce à quoi la MDPH s’intéresse avant toutes choses pour prendre sa décision.


- A quelles difficultés d'accès aux soins sont confrontées les personnes handi-es ? (Tel que l'accès des cabinets et hôpitaux aux PMR, l'absence de lieu de vie pour les aidant-es dans les hôpitaux, l'absence de chambre et matériels, lits adaptés aux PMR)

 

Globalement, je dirais que les difficultés sont principalement de deux ordres. Il y a d’abord les difficultés matérielles et notamment d’accessibilité des lieux de soins, des cabinets médicaux libéraux comme des hôpitaux qui ne sont pas toujours aussi accessibles que l’on pourrait le croire. L’inadaptation du matériel aussi est un problème important et empêche parfois la réalisation de certains examens. Il y a ensuite des difficultés liées au comportement de certains médecins, à leur manque d’expérience et/ou de formation et d’information sur le handicap. La précarité financière d’une grande partie des personnes handicapées joue également son rôle et représente une barrière supplémentaire.

 

Comme plusieurs rapports l’ont démontré, et contrairement à ce que l’on pourrait penser, les personnes handicapées ne sont pas bien suivies médicalement, même celles qui ont été « médicalisées » très tôt ou toute leur vie, qui vivent ou ont vécu en institutions, non seulement en raison des difficultés précédemment mentionnées mais aussi du fait du fonctionnement même de la médecine. Lorsque vous avez une maladie congénitale par exemple, vous pouvez être suivi de près pour tout ce qui est lié à cette pathologie et ses conséquences mais le reste passera sous les radars. Les médecins vont se concentrer sur les parties de votre corps concernées, en oubliant que vous pouvez avoir des problèmes de santé autres non directement liés à votre pathologie « de base » mais qui pourtant doivent être traités et parfois en tenant compte de cette pathologie. Sans compter que la spécialisation de la médecine par « organes » rend très difficile le diagnostic des maladies pour lesquelles il n’est pas possible de raisonner de façon aussi « cloisonnée » parce qu’elles ont des implications multiples et transversales.


- Le validisme n'est pas rare dans le milieu médical et passe notamment par l'infantilisation des handi-es. Avez-vous des exemples que l'on vous a rapportés ?
 

En effet, le validisme, c’est-à-dire le système d’oppression qui fait de la personne valide et en bonne santé la norme et l’idéal à atteindre, est très présent dans le milieu médical, ce qui est assez logique puisque la médecine repose sur l’idée qu’elle est là pour guérir ou réparer les malades, ce que certains professionnels interprètent comme rendre – à tout prix – le plus proche possible de la norme, soit du corps valide. Or, l’enjeu n’est pas forcément aussi simpliste. Le bien-être, la qualité de vie n’est pas nécessairement corrélée à un corps « valide » ou « sain » au sens strict, au sens où l’entend la médecine. Il faut faire la part des choses et ne pas projeter cet « idéal » qui est construit socialement sans discernement.

 

Je n’ai pas tellement besoin que l’on me rapporte des exemples précis de validisme, même si cela est toujours intéressant, puisque je suis handicapée moi-même depuis ma naissance, en l’occurrence en fauteuil roulant. J’ai vécu et je vis toujours personnellement ce validisme du milieu médical. Il se manifeste, c’est vrai, par une infantilisation, des attitudes condescendantes, une absence de respect du consentement, une absence d’écoute, des présupposés sur vos capacités ou votre mode de vie, bref, une tendance certaine à vous considérer davantage comme un objet de soins, que comme une personne, un sujet avec un parcours, une expertise, des craintes et des attentes. Ce validisme entraîne des maltraitances graves qui sont très préjudiciables et peuvent conduire à une perte de confiance envers le personnel médical et à des ruptures de soins.

 

Les médecins ont souvent tendance à penser qu’ils sont les seuls experts valables dans leur champ d’action. Or, s’il est vrai qu’ils détiennent des connaissances et des compétences indispensables, les patients, les malades, les personnes handicapées ont également une expertise en la matière qu’il est impératif de prendre en compte dans la relation de soin pour qu’elle soit de qualité et humaine. Le patient ne doit pas subir le processus quel qu’il soit, il doit y adhérer et pour cela il doit pouvoir être impliqué pleinement toutes les fois que cela est possible.

 

Comme les avocats, les médecins exercent un métier qui comporte un aspect technique et un aspect humain. Vous pouvez être le meilleur des techniciens dans votre domaine, mais si vous ne saisissez pas l’aspect humain de votre pratique, êtes-vous véritablement un bon professionnel ? C’est une question à se poser. J’aurais tendance à répondre non. Si vous ne faites pas preuve d’empathie, si vous n’écoutez pas la personne qui vient vous voir, si vous n’êtes pas capable de vous adapter, de faire preuve de pédagogie, d’humilité aussi et de comprendre par exemple, que telle est ou telle stratégie ou protocole de soins peut être adapté à une personne mais pas du tout à une autre, vous n’êtes pas un bon professionnel. C’est valable à mon sens aussi bien pour un médecin que pour un avocat.

 

- Ces dernières années, le droit à la PMA s'est élargi. Or, l'accès à la PMA est loin d'être simple, et notamment en tant que personnes handies. En quoi le validisme dans le soin freine l'accès à la PMA ?

 

Je ne peux malheureusement pas répondre à cette question car je ne maîtrise pas suffisamment ce sujet mais je ne serais pas étonnée que son accès soit plus difficile pour les personnes handicapées. Le validisme est présent dans chaque aspect, à chaque étape du cheminement des personnes concernées quel que soit le sujet.

 

- En quoi la pandémie COVID a entraîné et entraîne encore une exclusion des personnes handies? (Levée des gestes barrières, et notamment des masques dans les lieux publics y compris dans les lieux de soins, l'absence des purificateurs d'air, etc....)

 

La levée des mesures sanitaires de prévention du Covid telles que le port du masque, associée à l’absence de mesures pour améliorer la qualité de l’air, dans les lieux de soins est une véritable catastrophe non seulement pour les personnes malades et/ou handicapées, qui sont un peu plus à risques que la moyenne face au virus, mais aussi pour la santé de tous car le Covid concerne en réalité tout le monde.

 

Désormais les lieux de soins, les cabinets médicaux, les hôpitaux sont devenus dangereux à fréquenter. Il est parfaitement anormal que les patients aient à se soigner en prenant le risque d’être infectés ou réinfectés par le Covid et de voir leur état général se dégrader, alors que cela pourrait parfaitement être évité. Encore une fois, les personnes handicapées et/ou malades, déjà entravées dans leur accès aux soins, vont être exclues, contraintes de renoncer à certains soins ou suivi, et vont se retrouver en rupture de soins. Les conséquences risquent d’être désastreuses.

 

Par ailleurs, les conséquences délétères du Covid sont de plus en plus documentées, le mode de contamination est connu (l’aérosolisation) et les moyens de réduction des risques et de prévention le sont également (vaccination, masques ffp2 et purificateurs d’air). Par conséquent, je ne vous cache pas que je suis effrayée, pour ma part, par le degré de désinformation de certains médecins à cet égard. Lorsque je vois des dentistes, par exemple, porter de simples masques chirurgicaux à l’hôpital et considérer sérieusement que cela suffit à se protéger eux-mêmes et à protéger leurs patients, la situation me paraît ubuesque. Ne parlons même pas des soignants qui ne veulent pas se vacciner contre le Covid…

 

Il est urgent que les professions médicales exigent avec les patients le retour du port du masque dans les lieux de soins et de toutes les mesures de prévention efficaces, parmi lesquelles évidemment l’investissement massif dans des purificateurs d’air dans les hôpitaux.

INSCRIPTION - RACISME ET SANTE

Bonjour,

suite à vos réponses sur la formation racisme en santé par le Dr Mounia El Kotni, les deux dates sélectionnées sont le 22 juin et le 27 juin  (de 20h à 22h).

Cette formation se fera en visio  et se composera donc de deux parties : une partie théorique et une partie plus pratique interactive.
Cette formation est payante. Le prix est de 20euros par participant-e (nous prenons en charge la moitié de ces frais qui se montent normalement à 40€). 

Pour vous inscrire à cette formation, veuillez nous communiquer vos coordonnées. Les inscriptions sont ouvertes jusqu'au 2 juin. Le nombre de places est limité à 30 personnes. 

Inscrivez-vous vite sur ce formulaire jusqu'au 31 mai!


Nous reviendrons vers vous pour vous envoyer le lien de la visioconférence. La Dre Mounia El Kotni vous enverra un questionnaire à remplir avant la visioconférence afin de mieux cibler sa formation à vos attentes et besoins.

Nous restons à votre disposition pour toute question.

L'équipe du SNJMG

Santé et environnement

Santé et environnement

 

Santé planétaire et environnementale

 

Plan :

I. Santé et environnement, étroites intéractions.

1. Conséquences sur la santé.

2. Impact du secteur de la santé sur l'environnement.

II. Comment réduire l’impact du secteur de la santé sur l’environnement ?

III. Comment réduire l'impact au sein du cabinet ?

IV. Comment réduire l’impact au bloc opératoire ?

V. Comment réduire l’impact en réanimation

 

  1. Santé et environnement, étroites intéractions

 

  1. Conséquences sur la santé
  • Maladies vectorielles, pandémies, zoonoses.
  • Famines, manque d'eau potable, de nourriture.
  • Conséquences sur la faune et la flore
  • "catastrophes naturelles " : Canicules, inondations, ouragans, tempêtes, séismes, incendies +++
  • Maladies chroniques, asthme, maladies respiratoires, cancers, maladies cardio-vasculaires, maladies auto-immunes, maladies métaboliques, troubles de la fertilité, maladies inflammatoires chroniques, maladies neurodégénératives, dégradation de la santé mentale, malformations foetales.

 

  1. Impact du secteur de la santé sur l’environnement

L'empreinte carbone du secteur de la santé comprend tout le parcours médical des patient-es, le transport, les soins à domicile, la fabrication des médicaments, dispositifs médicaux, le déplacement des soignant-es, les infrastructures, le traitement des déchets, etc.....

Le secteur de la santé représente environ 47 mégatones de CO2 équivalent (probablement sous estimé), ce qui correspond à 8% de l'empreinte nationale.

54% de cette empreinte correspond aux achats et fabrication de médicaments et dispositifs médicaux.

Les transports correspondent à 16% de l'empreinte carbone du secteur de la santé.

Néanmoins, ces chiffres ne sont que des approximations au vue du défaut d'évaluation de l'empreinte carbone par les établissements qu'ils soient privés (15% seulement) ou publics (40%)

 

II. Comment réduire l’impact du secteur de la santé sur l’environnement ?

 

- transport de personnel : limiter l'utilisation de la voiture si possible.

- rénovation des infrastructures : améliorer l'isolation des locaux.

- utiliser les fontaines à eau, remplir sa gourde, carafe, plutôt que des bouteilles en plastique ou des verres à usage unique.

- éteindre les lumières lorsque l'on sort d'une pièce, éteindre les ordinateurs en fin de journée au lieu de le mettre juste en veille

- relocalisation de notre production de médicaments, principes actifs.

- trier les déchets

- éviter d'imprimer tous les comptes -rendus, biologie etc... Qui sont disponibles sur les logiciels médicaux.

- faire évoluer notre système de demandes d'examen. Demandes informatisées pour éviter les documents à faxer, imprimer, ainsi que l'impression de l'accusé de réception.

- imprimer en recto verso

- utiliser du matériel recyclable, biodégradable.

- adapter la production et donc les commandes de matériaux, dispositifs médicaux et médicaments en fonction des besoins, éviter le gaspillage

Par rapport à l'alimentation, il est important de

  • développer une alimentation plus équilibrée et respectueuse de l'environnement.
  • Privilégier les assiettes réutilisables, lavables, les couvercles en métal, au lieu des assiettes et autres contenants en plastique ainsi que les couvercles.
  • Calculer les besoins des patient-es et du personnel pour éviter le gaspillage de nourriture.
  • Éviter les emballages inutiles et non recyclables.

 

III. Comment réduire l'impact au sein du cabinet ?

 

Cf http://www.snjmg.org/blog/post/sante-planetaire/1898

 

IV Comment réduire l’impact du secteur de la santé au bloc opératoire ?

 

Le bloc opératoire constitue 30% de l'impact du secteur de la santé

 

- éviter les gazs halogénés les plus polluants (1% de GES dans le secteur de la santé)

Desflurane 20 x + polluant que le sévoflurane. Le N20 est très polluant également.

- réduire les matériaux à usage unique. (capteur de saturation collant à usage unique)

- éviter de préparer trop de médicaments en avance (risque de gâchis).

- privilégier des boîtes d'instruments adaptables à chaque centre, habitude de service. Souvent, une bonne partie d'instruments non utilisés

- triage, recyclage (Papier, plastique (seringue, bouchon etc), métal)

- réduire le suremballage

- Bonne utilisation de la poubelle DASRI (les indications sont très rares, uniquement liquides biologiques, matériel humain). Son parcours est particulier et a une empreinte carbone plus élevée que les déchets classiques.

- Le problème du verre "médical" avec un cycle compliqué de recyclage (uniquement par filière blanche de pharmacie) et donc la plupart du temps non recyclé.

- matériel de bloc plus écoresponsable possible.

- problème des déchets de médicaments ouverts non consommés (médicaments toxiques pour l'environnement et notamment aquatique)

 

V. Comment réduire l’impact du secteur de la santé en réanimation ?

Bein, T. & McGain, F. Climate responsibilities in intensive care medicine—let’s go green! An introduction to a new series in Intensive Care Medicine. Intensive Care Med 49, 62–64 (2023).

 

6 mesures pour réduire l’impact environnemental de la réanimation :

 

- présence de "green teams" impulsant les projets et les changements dans tout le service voire l'hôpital

- réduire la consommation d'énergie, de chauffage, ventilation pour les pièces inoccupées.

- évaluer le cycle de vie de chaque élément de la réanimation, ainsi que son impact carbone.

- recyclage des déchets. Méthode des 3 R : réduire, réutiliser, recycler.

- utiliser le matériel de façon plus raisonnable, durable

- soigner de façon raisonnée et raisonnable.

 

“1. Green teams. Examines how multifaceted, collegial  ICU/hospital ‘green teams’ are integral to sustainability. Such initiatives—like all movements, best start where an individual clinician has agency (e.g. gloves worn per shift, safe cessation of intravenous antibiotics), expanding to ICU teams, and up to intensive care directors, hospital administrations, and thus to health departments (“bottom up”). All of physicians, nurses, allied health, et al. can be ‘champions of change’.

2. Reduction of energy use from heating, lighting, ventilation and air-conditioning. ICUs as individual hospital’s departments can be provided with regular information on their energy expenditure, quantifying their power-saving initiatives the objective of reducing energy (and water) use, and of discussing corresponding strategies with technicians and administrators [10]. Is it reasonable to power-up and down ICU air exchange rates according to difering ICU patient numbers, and to power down unoccupied single use/negative pressure rooms?

3. Life cycle assessments as important tools for ICU procurement, including reusable versus single-use equipment, medications, etc. Life cycle assessments (LCAs) or ‘cradle to grave’ analyses are a scientifc method to analyse the environmental and fnancial footprints of

products and processes [11]. LCAs exist for several ICU devices, e.g. face masks, breathing circuits, linens, and for several ICU medications. However, such analyses are always infuenced by regional factors (e.g. local carbon intensity of energy or transportation, level of salaries, etc.) and thus their generalizability needs to be scrutinised.

4. Introducing ICU recycling. Quantifcation of ICU waste has not been systematically investigated, though approximately 50% could be recyclable [12].

Always be cognizant though of the waste management ‘mantra’: ‘Reduce waste frst, reuse if possible, and then recycle (if all else is impossible!)’.

5. Less is more for sustainability—tests, drugs, consumables, equipment. After an era of unlimited (and often imprudent) use of the intensivist’s ‘armamentarium’, in recent years a ‘choose wisely’ initiative or the promotion of a ‘less is more’ philosophy has become visible, including daily consideration of useful measures often in concordance with guidelines, sensible therapeutic goals, and with the patient’s will [13]. We can now add a ‘sustainability lens’ to careful and prudent care of the critically ill.

6. Medical and environmental ethics forgather—avoidance of futility is climate protective. Critical care interventions that prolong life without achieving efective patient-centred care are futile. Futile treatment brings harm for patients and their caregivers, for the payer/taxpayer, and for our environment. Indication-based and ecological ethical principles are often synonymous, and can be achieved if there is careful collaboration between well trained ICU staf with a strong interprofessional teamwork. By avoiding futility we are alert to human dignity and ecological ethics.”

 

Sources et documents pour en savoir plus :

 

Shift project

https://youtu.be/v4NXhFlTbKs

https://youtu.be/iX1d8ldBc0E

 

WEARE2021 Shift project

https://youtu.be/404mkvOP9sw

 

Dossier ressources Fabrique Territoires et Santé : inégalités environnementales et santé

https://www.fabrique-territoires-sante.org/wp-content/uploads/2022/08/DR-ENVIR-VF.pdf

 

Comment réduire l’impact environnemental au bloc opératoire ?

https://sfar.org/download/reduction-de-limpact-environnemental-de-lanesthesie-generale/

https://sfar.org/comites/developpement-durable/fiches-pratiques/sfar-green/

https://sfar.org/comites/developpement-durable/fiches-pratiques/guides/

 

“Green ICU” Soins intensifs et environnement

Circular material fow in the intensive care unit—environmental efects and identifcation  of hotspots

https://doi.org/10.1007/s00134-022-06940-6 (mesure des effets de chaque élement du circuit en soins intensifs)

 

Climate responsibilities in intensive care medicine—let’s go green!

An introduction to a new series in Intensive Care Medicine

6 mesures pour réduire l’impact environnemental des soins intensifs

 

https://doi.org/10.1007/s00134-022-06930-8

 

Introduction to an intensive care recycling program

Federico Barbariol and Heather Baid

https://link.springer.com/article/10.1007/s00134-023-06983-3

 

 

 

Patient.e-Expert.e

 

Patient.e-Expert.e

 

Plan :

I.Définition

II.Historique

III.Comment devenir patient-e expert-e ?

IV.Rôles/actions

V.Pour une meilleure reconnaissance du statut

VI.Rôle dans la formation des soignant-es

 

 

  1. Définition

Le patient-e -expert-e désigne celui ou celle qui, atteint d’une maladie chronique, a développé au fil du temps une connaissance fine de sa maladie et dispose ainsi d’une réelle expertise dans le vécu quotidien d’une pathologie ou d’une limitation physique liée à son état.

 

  1. Historique

 

La notion de “patient-expert” vient du développement de la santé communautaire par des associations de malades, des groupes de soutien et d’entre-aide.

 

Ils se sont développés dans les années 1930, sur le modèle des Alcooliques Anonymes, dans des pays ayant une tradition de self-care (ensemble des soins non dispensés par les professionnel-les de santé) et de self-health (mode de vie adopté pour préserver la santé). Les premières pratiques d’intégration de pairs aidants salariés ont ainsi été réalisées aux Etats-Unis, grâce à un programme d’embauche de travailleurs pairs aidants en 1989, avec le financement par l’Association Nationale des Directeurs de Programmes d’Etats pour la Santé Mentale. (1)

 

En France, la pandémie du Sida dans les années 1980 a fait émergé de nombreuses associations militantes, comme Aides (1984), Act-up (1989), ou bien encore Actions-traitements (1991) qui est la première association constituée, dirigée et gérée uniquement par des malades. En 1992, ces diverses associations s’organisent en collectif afin de mutualiser leurs forces pour certaines actions et s’appuient sur les médias pour diffuser leur message dans l’opinion publique et rendre visible l’incapacité du système de santé à faire face à ces nouvelles problématiques. Les patient-es atteints du SIDA exigent alors de participer pleinement aux processus d’organisation et aux choix d’orientation des politiques de santé publique, dans leur propre intérêt et pour faire face aux risques sanitaires et sociaux causés par l’épidémie. Les patient-es mettent en avant alors la place des associations de malades dans la gestion du système de santé et dans l’organisation des étapes allant de la recherche clinique en passant par la mise sur le marché des médicaments et jusqu’à la prise en charge des personnes atteintes.

 

En mai 1998, sous la direction de Bernard Kouchner, Secrétaire d’Etat Chargé de la Santé, des Etats Généraux de la Santé sont organisés afin de donner la parole à celles et ceux qui vivent la maladie. Après de multiples réunions régionales et nationales, des concertations entre malades, ayant une expérience du système de soins, la priorité est donnée à la prise en charge de la douleur. Ces Etats Généraux sont à l’origine de la loi du 4 mars 2002 « relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé ». Soutenue par la Cour de Cassation, émergent les fondements d'une démocratie sanitaire et l'idée d'une participation conjointe de professionnel-les, des usager-es et des élus à la définition d’une politique de santé publique. Né ainsi l’article L 1114-1 du Code de la santé publique, affirmant la place des usager-es au cœur des politiques de santé publique. Outre le droit de siéger dans les instances hospitalières et de santé publique, il leur est désormais possible de défendre les droits des personnes malades et des usager-es, d’organiser l'information et la formation de celleux-ci.

Ainsi, l’objectif étant de s’éloigner de la médecine paternaliste, verticale, avec un rapport de domination, pour s’approcher d’une médecine plus humaine, à l’écoute, plus horizontale, prenant en compte les patient-es dans leur globalité, leurs besoins, leur souffrance, leurs choix, afin de les placer au centre de leur prise en charge, leur donner la possibilité d’être acteur-rice de leur prise en soins. (2)

 

  1. Comment devenir patient-e expert-e ?

 

Pour devenir patient-e expert-e, il est important d’avoir un certain recul sur sa maladie, et si possible, d’avoir déjà une expérience dans l’aide et l’accompagnement d’autres patient-es, via par exemple une association de patients agréée. Par ailleurs, comme toute personne intervenant dans un programme d’ETP (Education Thérapeutique du Patient) , les patient-es experts doivent attester de compétences en éducation thérapeutique du patient définies par l’arrêté du 2 août 2010 modifié par le décret du 31 mai 2013 relatif aux compétences requises pour dispenser l’éducation thérapeutique du patient soit au minimum une formation de 40 heures permettant la délivrance d’un certificat pour dispenser l’ETP.

Ces formations peuvent être fournies par des universités, ou bien des associations.

D’autres formations plus longues sont possibles mais non obligatoires pour devenir patient expert telles que les DU, Master. (3)

 

 

Quelques exemples de formations proposées :

Les DU, Licences et Master proposés par les Universités Françaises sont :

 

  • licence « Sciences sanitaires et sociales, parcours “Médiateurs de santé-pairs” (MSP) », proposée par l’université Paris 13 en partenariat avec le Centre collaborateur de l’Organisation mondiale de la santé pour la recherche et la formation en santé mentale (CCOMS) ;
  • DU « Pair-aidance en santé mentale », porté par l’université Lyon 1 en partenariat avec le Centre ressource de réhabilitation psychosociale et de remédiation cognitive. (4)

L'Université des Patients de Sorbonne Université propose elle :

  • DU Formation à la démocratie sanitaire pour les représentants des usagers
  • DU Formation à la mission d'accompagnant de Parcours du patient en Cancérologie
  • DU Formation à l'Education Thérapeutique
  • MASTER CLASS Formation de patient représentant des usagers vivant avec une maladie respiratoire/ drépanocytose/
  • FORMATION Devenir Patient-Partenaire dans le syndrome de grêle court - Paris
  • Master 1 et 2 santé : spécialité Education Thérapeutique du Patient

 L'UMFCS de Marseille dispense de son côté deux formations :

  • CU Education Thérapeutique pour Patients - Experts
  • DU Patients-Experts - Maladies chroniques (5)

 

  1. Rôles/actions

 

Divers rôles et actions possibles des patient.es-expert.es (liste non exhaustive)  :

– pair aidant/émulateur pour échanger et partager ses expériences avec les malades et leurs proches  (permanences : par téléphone ou en présentiel, rencontres, chat).

– pair formateur : co-construire des programmes d’éducation thérapeutique et animer d’ateliers avec les soignant-es, vulgariser des informations médico-scientifiques, coaching, témoignages au cours de formations médicales ou paramédicales ou lors de colloques médicaux ou scientifiques.

– ressource en tant qu’usager-e représentant des malades pour l’organisation des soins et la gouvernance des hôpitaux, la rédaction de fiches pratiques ou de protocoles de soins en collaboration avec les médecins, la co-construction ou relecture de protocoles d’études scientifiques.

– ressource pour de nombreuses instances publiques ou apparentées : des pools de malades-experts sont recensés à l’EMA, à la Haute Autorité de Santé (HAS), dans les Maisons Départementales pour les Personnes Handicapées (MDPH) dans les comités de protection des personnes (CPP), ou autre (ENMC, ANSM). (5)

 

  1. Pour une meilleure reconnaissance du statut

 

Les patient.e.s-expert.e.s sont le plus souvent invités à effectuer un travail bénévole d’éducation thérapeutique du patient, dans la continuité de leur engagement associatif. Mais des dispositifs comme l’Université des patients ainsi que les patient.e.s expert.e.s eux/elles-mêmes promeuvent une reconnaissance du « travail du patient » à travers l’acquisition de diplômes universitaires.  Cet exemple de la question des degrés du diplôme acquis pourrait ouvrir à des relations concurrentielles entre pairs. Des débats s’organisent au sein même des patient.e.s expert.e.s questionnant les effets du salariat sur le « savoir expérientiel » et interrogent  la légitimité du travail bénévole dans le système médical et médico-social. (6)

 

  1. Rôle dans la formation des soignant-es

 

Ces dernières années, quelques facultés de médecine ont ouvert leurs portes à des patient-es expert-es au sein de certains cours à l’université. Ces initiatives ne sont malheureusement pas très étendues. Pourtant, les malades peuvent nous apporter beaucoup en tant que soignant-es et futur-es soignant-es. En effet, les cours d’éthique, de psychologie, de relation patient-e soignant-e ne sont que succincts au cours de notre cursus. Or, l’échange, l’empathie, l’information claire et éclairée, l’écoute, font partie du soin. La médecine n’est pas qu’une science. Savoir communiquer, reconnaître le ressenti de la personne en face de nous sont des éléments essentiels de notre métier. De plus, le partage d’expériences permet également de mieux comprendre les conséquences des maladies et en particulier des maladies chroniques sur le quotidien des malades, ainsi que les différents obstacles qui peuvent survenir tout au long de leur parcours de soin afin de mieux les accompagner. Cela permet de tendre vers une médecine plus horizontale, humaine avec une prise en charge globale de la personne.

 

L'exemple de l'université de Sorbonne Paris Nord est l'une des premières à avoir accueilli de façon importante des patients enseignants. Dès 2013, une tribune publiée dans le monde affirmait :

"Un vrai cap vient d’être franchi au sein de la filière de formation des internes de médecine générale de la faculté de médecine de Bobigny, où, depuis un an, une quinzaine de patients experts délivrent 260 heures d’enseignement par an, soit presque autant que les enseignants médecins avec lesquels ils enseignent en binôme."

https://www.lemonde.fr/festival/article/2016/09/12/les-patients-enseignants-une-revolution-dans-la-formation-des-medecins_4996489_4415198.html

 

Sources :

(1)    « La paire aidance »_ T.Gesmond pour DIHAL (2016).

(2)    « Le patient expert dans les établissements de santé » _ Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique (2013).

(3)    « https://www.etp-grandest.org/faq/jaimerais-devenir-patient-expert-en-etp-comment-faire-et-qui-contacter/ »

(4)    « Le pair-aidant professionnel : un nouvel acteur pour de nouvelles réponses » _ C.Niard (2020).

(5)    « Le patient-expert. Un nouvel acteur clé du système de santé » _ M.Friconneau (2021).

(6)    « Patients intervenants, médiateurs de santé-pairs : quelles figures de la pair-aidance en santé ? » _ A.Troisoeufs (2020).

 

https://www.inserm.fr/actualite/patients-experts-des-risques-de-devoiement/#:~:text=Un%20patient%20expert%2C%20ou%20patient,connaissance%20fine%20de%20la%20maladie.

 

https://www.medecinesciences.org/en/articles/medsci/full_html/2020/12/medsci200206s/medsci200206s.html

 

Tribune le monde 2013 "Les patients enseignants : une révolution dans la formation des médecins"

https://www.lemonde.fr/festival/article/2016/09/12/les-patients-enseignants-une-revolution-dans-la-formation-des-medecins_4996489_4415198.html

 

Interview de Mathilde Hutzler, interne en dernière année de médecine générale, qui a étudié les violences médicales lors de sa thèse.

Interview de Mathilde Hutzler, interne en dernière année de médecine générale, qui a étudié les violences médicales lors de sa thèse.

 

Tout d'abord, pourquoi ce sujet de thèse ? Comment as-tu eu l'idée de traiter de ce sujet ?

 

En fin d’externat, j’ai eu des « déclics » sur la question des violences médicales. Je me suis retrouvée confrontée à plusieurs témoignages de violences de médecins. Déjà par l’essai « Les brutes en blancs », qui m’a beaucoup marqué. Et puis ma compagne m’a décrit plusieurs violences dont elle a été victime lors de son parcours médical… Face à ces réalités, j’ai d’abord eu une sorte de réflexe de rejet, du type : « non, c’est pas possible, c’est une exception, non on fait pas ça, c’est pas ça la médecine… »

Que des témoignages, des vécus, me heurtent autant m’a interrogé. Pourquoi le ressenti violent de personnes m’impactait autant ? Alors que j’avais pourtant l’habitude d’accueillir des souffrances… Et puis, je me suis rendue compte que ces actions et ces postures que je trouvais inacceptables, n’étaient ni exceptionnelles, ni des anomalies. Et surtout que ces violences n’étaient pas la production de quelques personnes « monstrueuses », psychopathes ou sadiques. Que beaucoup de soignant.e.s finalement perpétuaient des violences sur les patient.e.s. Que moi aussi je pouvais en produire. Que moi aussi j’en avais produit ?!

Tout ça, vous vous en doutez c’est difficile à intégrer. Et au moment de commencer mon internat, j’avais très peur. Pas tant à l’idée de « tuer mes patient.e.s » que d’être violente envers eux. De rajouter à la souffrance de leur état, une souffrance due à moi seule et qui aurait pu être évitée.

Travailler sur la question des violences médicales s’est donc imposé à moi, d’abord comme une nécessité. J’avais besoin de conjurer ma peur d’être violente. Je voulais trouver une solution pour ne pas risquer de m’éloigner de ma volonté de prendre soin des patient.e.s. Et puis sur un plan plus intellectuel, je voulais comprendre ce qui se passait. Comment cette violence était possible, alors qu’à priori quand on fait médecine, on a plutôt envie d’aider les gens, de les soulager plutôt que de les faire souffrir.

Bref, j’avais plein d’idées, plein de questions, et la thèse m’a semblé être la meilleure manière de les explorer.

 

Quel était l'objectif principal de cette étude ?

 

A vrai dire, l’objectif a pas mal évolué au fur et à mesure de l’étude du sujet. Comme je l’ai dit, je m’intéressais beaucoup à la genèse et aux mécanismes qui sous-tendent ces violences. Qu’est ce qui permet que la violence s’insinue ainsi dans la pratique médicale ?

Mais lors de la bibliographie et des échanges avec le comité d’éthique, je me suis rendue compte que la dénomination de « violence médicale » et même l’existence de violences étaient questionnées bien plus que je ne le pensais. En plus de ne pas avoir de définition précise, il n’y avait ni article, ni recherche institutionnelle qui évoquait l’idée que la violence pouvait venir de médecins quels qu’ils soient, généralistes par exemple. Les « violences gynéco-obstétricales » étaient décrites avant tout comme des violences sexistes. Et les « maltraitances » faisaient plutôt état de la violence de l’hôpital, de l’institution médicale sur ses soignant.e.s et donc, par ricochet, sur les patient.e.s.

L’objectif de la recherche est donc devenu celui de détailler ce que les médecins généralistes perçoivent de cette violence. S’ils pensent y avoir une place ou le rôle qu’ils peuvent y jouer. A travers les conceptions de médecins généralistes, comprendre ce qui se joue dans la violence subie par des patient.e.s et exercée par les médecins généralistes.

 

Peux-tu décrire en quelques mots l'étude, la méthodologie (questionnaire envoyé par mail, ou en face à face etc) ?

 

Alors on a réalisé une étude qualitative inspirée de la méthode par théorisation ancrée. Pour simplifier on peut l’opposer à la méthode quantitative. Dans le quantitatif, on a déjà une hypothèse, et l’étude consiste à récolter des données statistiques pour la confirmer ou l’infirmer. C’est un travail qu’on appelle déductif. Ici, on a effectué un travail inductif : on a récolté des données diverses et plurielles autour du sujet, et à partir de celles-ci on a construit nos hypothèses. Et pour finir on a intégré ces hypothèses dans un modèle explicatif.

C’est une analyse qui prend du temps et qui demande d’arriver à prendre du recul sur soi même et ses propres opinions. C’est pour ça que dès le début j’ai questionné mes certitudes et mes présupposés, afin d’être consciente de mes propres biais.

Une fois ce premier travail réalisé, j’ai pu aller récolter les données auprès des médecins généralistes. Cela s’est fait sous forme de dix entretiens individuels (9 en présentiel et 1 en visio).

 

Quelles étaient les questions posées aux médecins interrogés ?

 

Ce n’était jamais exactement les mêmes questions, je suivais un guide d’entretien semi dirigé qui a évolué au fur et à mesure de la recherche. L’objectif était de leur laisser le plus large champ possible pour détailler leurs conceptions autour de ce sujet. L’idée du guide d’entretien est d’amener progressivement les participants à parler de ce qui nous intéresse de la manière la plus naturelle possible. Par exemple, j’ai pu commencer par évoquer avec eux la violence que les médecins subissent, leur vécu des patient.e.s dits « difficiles », ou encore leur conception de ce que serait un médecin idéal. Quand aux questions de fin d’entretien, elles visaient à questionner le.a médecin sur ses possibles propre violences et comment iel les comprenait.

 

As-tu eu des obstacles dans l'élaboration de cette thèse, notamment en termes d'acception du terme "violence médicale" ?

 

Oui ! La rédaction des guides d’entretien a d’ailleurs été un vrai petit casse-tête. On avait peur que les médecins se sentent attaqués et se ferment à la simple évocation du mot « violence ». Pour savoir comment aborder la question avec les médecins on a réalisé des entretiens préliminaires avec des personnes expertes de ces questions : un médecin, une socio-anthropologue, et une patiente. Ces entretiens nous ont donné des pistes pour aborder la question sans heurter les médecins. Nous avions donc décidé d’aborder la question par les violences que les médecins ressentaient subir.

Cependant, le comité d’éthique du CNGE (Collège National des Généralistes Enseignants) nous a fait comme retour que le terme de « violence » risquait d’être trop violent justement, à recevoir pour les médecins. De plus, le terme de « violence médicale » n’est pas clairement défini dans la littérature institutionnelle. Cette dénomination provenant surtout de la littérature grise et des témoignages de patient.e.s, la légitimité de son utilisation a donc été beaucoup questionnée au cours de la recherche.

 

Comment ont réagi globalement les médecins interrogés ?

 

Malgré nos inquiétudes, tout s’est très bien passé ! Aucun ne s’est senti attaqué personnellement, et les entretiens ont été très riches. Dans l’ensemble je dirai qu’il y a deux grands types de réaction face aux questions les plus « touchy », soit les médecins avaient déjà réfléchi à ces questions et livraient une analyse de la violence qu’ils pensaient exercer. Soit ces questions leurs étaient étrangères, tant, qu’ils n’envisageaient pas que je puisse parler de leur propre violence. Pour ceux là, la perception de violence des patient.e.s est davantage liée à des malentendus ou des maladresses, qu’une « vraie » violence.

 

Étaient iels réticent.es à répondre au questionnaire ? As tu eu beaucoup de refus ?

 

J’avoue que je ne les ai pas tous comptés, mais oui beaucoup plus de refus que d’entretiens effectifs. J’ai démarché un grand nombre de médecins de façon assez multiple, j’ai fait du porte à porte, appelé les secrétariats, envoyé des mails… Après ils ont surtout évoqué leur manque de temps plutôt qu’un rejet de mon sujet. D’autant que j’avais présenté ma thèse comme une réflexion sur les violences ou sur les relations patient.e.s soignant.e.s, sans entrer dans le détail et sans utiliser le terme de « violence médicale ».

 

Peux tu nous résumer les principaux résultats de l'étude ?

 

Les résultats s’articulent autour de trois grands axes, la possibilité d’utiliser le terme de « violences médicales », les mécanismes de ces violences et pour finir, les solutions face à celles-ci.

Pour commencer, notre analyse encourage véritablement à utiliser le terme de violences médicales. D’une part pour légitimer le vécu des patient.e.s, et d’autre part pour interpeller et sensibiliser les soignant.e.s à cette question. La pertinence de cette dénomination a été validée notamment devant la conception des médecins que : la définition de ce qu’était une violence, appartenait aux personnes en ayant subie. Et le terme de violences médicales ayant justement émergé par les témoignages de patient.e.s, il semble donc bien à propos d'en user.

Sur la question des mécanismes, on a pu observer de multiples interactions qui peuvent mener à la violence et qui sont très interconnectés. Il y a la question des études qui formatent les médecins autour d’habitudes et d’automatismes. La question de l’épuisement du médecin aussi, très liée aux conditions de travail et aux pressions subies. Mais avant tout, c’est la question de la domination qui est centrale. Tout d’abord, la relation patient.e-soignant.e est asymétrique, avec un.e patient.e qui se trouve dans une situation particulièrement vulnérable, en demande face à un médecin « sachant » et possédant plusieurs privilèges. En effet, les études médicales et la société transforment l’étudiant.e en médecine en un agent dominant qui a droit de faire des ordonnances, toucher le corps des gens, poser des questions intimes... A ces données s’ajoutent les dominations persistantes dans la société : sexisme, racisme, LGBTphobie, validisme, psychophobie, grossophobie, classisme et cætera ; le médecin n’est pas hors de la société et porte aussi ces discriminations dans sa pratique. Cela a été noté par les médecins interrogés qui toustes pressentaient que les violences médicales s’exerçaient particulièrement sur les patient.e.s les plus minorisé.e.s, mais également plusieurs articles témoignent de ces biais discriminatoires très implantés dans nos pratiques. Pour conclure sur la question de la domination qui engendre la violence, il faut revenir sur le fait que le.a médecin subit de nombreuses pressions dans son exercice de par la société, la démographie des patient.e.s trop importante et les patient.e.s, notamment lorsqu’ils sont considérés comme “difficiles”. Ces différentes pressions insécurisent le médecin, qui plutôt que d’accepter sa vulnérabilité ou sa non-omniscience, va être violent devant la peur de perdre sa domination. Parfois il y a même un risque de rejeter la faute sur le.a patient.e qui est “trop compliqué” ou qui “met en échec la prise en charge”, ce qui s’ajoute encore à la violence subie.

Et pour finir, on voit que les conséquences de cette violence ne sont pas uniquement négatives, elles peuvent entraîner de la souffrance et un renforcement de certains comportements observés par les étudiants ; mais elle peut aussi mener à l’indignation, et donc au témoignage de ces violences par des soignant.e.s et surtout par les patient.e.s. Le témoignage est un des outils les plus puissants à mobiliser face à la violence. Comme je l’ai dit la violence n’est pas forcément conscientisée par les médecins qui l’exercent, et le témoignage à ce pouvoir de la rendre visible. Et quand le médecin arrive à prendre conscience que cette violence médicale existe, c’est cette fois un cercle vertueux qui s’enclenche. La prise de conscience permet une remise en question, une réflexivité sur sa pratique et le fait d’en discuter aussi éventuellement avec d’autres médecins. Ce sont les clefs qui permettent de mener à une amélioration des pratiques. Cette capacité à revenir sur sa manière d’exercer va nous permettre de mobiliser les compétences professionnelles nécessaires pour être bientraitant. En effet, pour lutter contre les violences les médecins ont évoqué de nombreux points : être attentif, prendre son temps, expliquer, respecter, demander le consentement etc. Il y a bien sûr la compétence communicationnelle qui est au premier plan, mais je parlerais de manière plus large de professionnalisme. On voit d’ailleurs qu’on nous parle de ces compétences dans l’internat de médecine générale.

 

En pratique, aurais-tu des conseils à donner aux médecins et futur.es médecins ?

 

Alors déjà prendre soin de soi. Même avec les meilleures intentions du monde, quand on va mal il y a beaucoup plus de risque de faire subir de la violence aux patient.e.s. Et puis ensuite je dirai de rester curieux, continuer à se poser des questions, continuer à se former, à échanger avec des collègues... Cette exigence est difficile à maintenir tout au long de son exercice ; mais je ne vois pas d’autres moyens pour continuer à être réflexif sur sa pratique et se remettre en question que de s’exposer à d’autres connaissances que sa propre expérience.

 

La formation pourrait elle être améliorée ?

 

Comme je l’ai dit juste avant, les départements de médecine générale commencent à s’approprier la question des compétences professionnelles et du professionnalisme. C’est malheureusement tardivement dans notre cursus, mais on nous encourage à faire preuve de réflexivité, se remettre en question et remettre en question nos chefs. Et puis il y a le fait de faire appel à des patient.e.s partenaires pour les modules de communication qui permet de considérer leurs témoignages et leurs compétences comme légitimes. Tout ça participe à un meilleur apprentissage que celui délivré lors de l’externat, mais je ne suis pas sûre que cela suffise à remettre en cause nos automatismes et nos réflexes. De façon plus générale, et à tous les niveaux de notre apprentissage, je pense que là où on gagnerait le plus, c’est à changer la perception de nos erreurs. Les erreurs, surtout en médecine où la vie des gens est en jeu, c’est souvent considéré comme inacceptable. Cependant on le sait maintenant, les erreurs, c’est avant tout une manière d’apprendre et de s’améliorer. Pourtant pendant toutes nos études (en tous cas c’est mon ressenti), chacune de nos erreurs menait à notre humiliation par nos chefs. Je me souviens avoir été terrorisée, dès mon premier stage, à l’idée de mal faire ou faire des erreurs parce qu’à chaque fois je me faisais engueuler, et méchamment... En plus, ça se transforme facilement en cercle vicieux, on a peur de se faire engueuler donc on ne dit pas son erreur et ça peut avoir des conséquences encore plus graves ! Et puis la hiérarchie à l’hôpital étant particulièrement prégnante, on n'arrive pas non plus à dire à un chef qu’il a pu faire une erreur... Tout ça, c’est lié à l’insécurité et la peur de perdre sa domination dont je parlais plus tôt, mais aussi à la pression des responsabilités que l’on porte en tant que médecin.

Donc effectivement, envisager ses erreurs comme des opportunités pour s’améliorer ça permettrait d’avancer sur beaucoup de sujets je pense. Alors bien sur ça ne va pas se faire en claquant des doigts et c’est un processus lent, mais travailler sur cette question pourrait être très prometteur.

 

As-tu eu des témoignages de patient.e.s à propos de ces violences médicales ?

 

Oui, c’est d’ailleurs des témoignages des patient.e.s dont on est partis pour ce travail. Comme je le disais le terme de “violence médicale” c’est avant tout un mot utilisé par les patient.e.s ! Dans cette étude j’ai décidé de m’attarder sur la conception des médecins sur la question, mais je n’ai pas pour autant négligé le point de vue des patient.e.s. L’entretien préliminaire avec la patiente partenaire a été particulièrement éclairant, aussi quand j’y suis revenue après les entretiens des médecins. Elle avait préfiguré que la violence des médecins était liée au fait qu’ils se sentaient remis en cause, dans leurs connaissances ou leurs compétences. J’ai lu bien sûr d’autres témoignages mais ils n’ont pas bénéficié d’une analyse complète. Cela pourrait être d’ailleurs très intéressant de réaliser en miroir de mon analyse, une recherche s’intéressant cette fois à la perception des patient.e.s.

 

Comment vois tu la pratique future de la médecine ?

 

Alors ça va dépendre de si j’adopte un point de vue pessimiste ou optimiste sur la question. Dans l’avenir proche, avec la pénurie de médecins face à la pression démographique je sens que ça va être très difficile d’exercer sereinement avec une pratique de qualité... D’autant que j’ai peur que la santé devienne bientôt un luxe pour beaucoup plus de personnes au vu de la pauvreté qui augmente et des volontés politiques actuelles. Mais d’un autre côté, je vois énormément d’opportunités pour qu’une médecine plus inclusive et bienveillante prenne place. Déjà, il y a la question générationnelle, je crois qu’on a grandi avec moins de biais racistes, sexistes et LGBTphobes etc que nos aînés, même si bien sûr ça prend du temps et des concepts aussi terribles que le “syndrome méditerranéen” persistent. Mais je crois qu’on est vraiment en voie d’amélioration sur ce plan. Et puis, l’avancée des connaissances médicales et de nos compétences informatiques changent la donne, pour l’exercice de la médecine mais aussi pour son apprentissage. Aujourd’hui, on a plus besoin d’être un annuaire ambulant et de connaître tout par cœur. De toute façon, on ne le pourrait pas, les connaissances explosent, et on ne pourra jamais tout savoir. Les compétences importantes en médecine ce sera du coup de savoir analyser ses propres connaissances, de rechercher celles qui nous manquent le moment venu, et surtout du coup de savoir être médecin, savoir parler aux patient.e.s... Et j’espère que ce sera intégré par les études de santé, pour que la sélection se fasse autrement et qu’on ait un apprentissage davantage attentif au vécu des patient.e.s. D’ailleurs le.a patient.e aussi est plus informé, le médecin n’est plus le seul détenteur du savoir avec l’accès généralisé à internet. Je sais que certains médecins voient ça d’un mauvais œil, je pense que c’est lié encore une fois au besoin de contrôle et de garder son statut de “sachant”. Mais si on arrive à intégrer dans nos modèles que le.a patient.e peut nous apporter des connaissances et être moteur dans sa prise en charge, ben je pense qu’on aura tout gagné. Et on aura la possibilité que la médecine s’améliore, que ce soit sur la prise en charge formelle ou sur les questions de violences.

 

Y a-t-il des moyens de faire des recherches à plus large échelle selon toi?

 

Alors là on est vraiment au tout début de l’étude de la question donc c’est difficile à dire, mais en tous cas la possibilité est là. Maintenant que le terme de violence médicale est légitimé ce sera peut-être aussi plus facile de se lancer dans des nouveaux projets. Je pense qu’en médecine générale en tous cas ça commence à être une véritable préoccupation. En tous cas cette question pourrait être explorée pour les autres spécialités, les autres formes de pratiques ou même chez d’autres métiers médicaux ou paramédicaux.

 

Y a-t-il des pays où la recherche est plus avancée?

 

Je n’en ai pas eu l’impression quand j’ai réalisé ma bibliographie en tous cas. Mais ne parlant pas un Anglais impeccable, je suis peut-être passée à côté de certaines études ou initiatives. Après il faut aussi prendre en compte les différentes structures d’organisations qui existent selon les pays et qui modifient certainement quelque peu les mécanismes que nous avons observés.

 

Des questions te paraissent elles prioritaires à étudier sur ce sujet ?

 

Prioritaires je ne sais pas, mais en tous cas il y a plein de pistes pour poursuivre la recherche. La conception du côté des patient.e.s, les possibles variantes selon les modes d’exercices, ou la perception de ces erreurs comme je l’ai évoqué plus tôt. Mais de mon côté, j’ai envie de poursuivre l’exploration du sujet en faisant un lien avec le concept de confraternité. Celui-ci a été évoqué par quelques-uns des participants à ma thèse comme un obstacle à la prise en compte des violences. J’ai la sensation qu’il y a quelque chose qui s’y joue donc j’ai bien envie de me confronter à la question.

Le SNJMG

 

Communique de presse : Une grève ? Pas celle-ci.

Une grève ? Pas celle-ci.

 

Le SNJMG ne s'associe pas à la grève du 1-2 décembre, et ce notamment à cause des revendications libérales comme l'augmentation du prix de la consultation auxquelles nous ne sommes pas favorables.

 

En revanche, nous sommes évidemment en accord avec plusieurs autres demandes, comme la diminution de la charge administrative et la volonté d'avoir une médecine plus humaine. Nous sommes donc pour une grève favorable à ces points ci.

 

Mais se concentrer sur l'augmentation du tarif de la consultation au détriment des autres revendications nous semble aller contre l'intérêt des patient-es, ainsi que l'accès aux soins pour toutes et tous puisque de  nombreuses personnes risquent de ne plus avoir les moyens d'avancer les frais pour leur santé.

 

Nous rappelons par ailleurs que le fait de vivre sous le seuil de pauvreté, ainsi que d'être pauvre en conditions de vie est un des facteurs majeurs de renoncement aux soins, ce qui ne serait qu'encore augmenté par la hausse du prix de la consultation.

 

Nous continuons à militer contre la rémunération à l'acte, et pour le développement de la coordination avec les infirmières Asalée et de Pratique Avancée, contre toute forme d'installation forcée, ainsi que contre la 4eme année de médecine générale.

Nous luttons pour l'accès aux soins pour toustes, la défense des établissements publics de santé, et de façon générale la défense des services publics de santé mis à mal depuis de trop nombreuses années, entraînant un virage vers la privatisation et l'hôpital "entreprise" contraire au principe d'offre de soins pour tout le monde. La santé étant un droit.

 

Le SNJMG

Communiqué de presse 4e année d’internat de médecine générale

Communiqué de presse

4e année d’internat de médecine générale : le SNJMG demande le retrait du projet gouvernemental.

 

Jeudi soir, Madame la Première Ministre, E.Borne en engageant la responsabilité de son gouvernement sur l’ensemble du texte de PLFSS pour 2023 a permis l’adoption de ce texte sans discussion à l’Assemblée Nationale. Dans ce texte figure l’article 23 prévoyant la mise en place d’une 4e année d’internat de Médecine Générale, en ambulatoire, de préférence en « zones sous denses ».

 

Le SNJMG a fait savoir publiquement son opposition à ce projet gouvernemental, incohérent et non préparé.

 

C’est un projet incohérent car il est officiellement motivé par des raisons pédagogiques et doit donc relever théoriquement d’une mesure réglementaire sur la formation initiale (mesure portée conjointement par le ministere de la santé et par le ministere de l’enseignement supérieur). Or, il est inclus dans un texte de loi sur le financement de la Sécurité Sociale, présenté par la Première Ministre, le ministre de la santé et les ministres en charge de l’économie et des finances. De plus, il fait partie d’un chapitre, sans rapport avec la formation médicale, intitulé : «  Renforcer l’accès aux soins ».

 

C’est un projet non préparé puisque pas la moindre piste sur les modalités pratiques de mise en application n’est abordée et qu’il n’existe aucune étude d’impact de cette réforme. La seule certitude à ce jour est que la réforme rentrera en vigueur qu’en Novembre 2026 et que cette année-là, elle empêchera l’arrivée dans les effectifs de médecins pouvant potentiellement faire des remplacements ou s’installer, d’une promotion de quelques 3500 nouveaux médecins (un comble pour une mesure censée améliorer l’offre de soins !).

 

La 4e année de médecine générale ne sera pas synonyme d'apprentissage mais bien de main d'oeuvre au rabais avec des maîtres•ses de stage trop peu nombreux pour accomplir encore des missions supplémentaires.

Côté patient-es, ce n'est pas non plus une solution pérenne, avec un-e soignant-e débutant, qui changera tous les 6 mois ou tous les ans  ne garantissant aucune qualité de suivi chez ces patient-es déjà en sur risque du fait de leur vie dans un désert médical.

 

Il s'agit non seulement de la médecine générale mais aussi de toutes les autres spécialités ! D'autres propositions de lois concernant l'exercice en "zones sous dotées" en post internat immédiat visent en effet toutes les spécialités avec exercice libéral.

 

Pour s’opposer à cette mesure, le SNJMG a déposé un préavis de grève totale et reconductible des internes à compter du dimanche 30 octobre 2022.

 

Avec ce préavis maximaliste, le SNJMG laisse les internes s’organiser localement selon les modalités qui leur apparaitront les plus adaptées à leur situation. Toutefois, afin d’assurer une cohérence dans l’action, le SNJMG propose la création d’ un comité de suivi de la mobilisation et, pour ce faire, lance un appel aux internes volontaires pour y participer (ielles peuvent contacter le syndicat à l’adresse : info@snjmg.org).

 

Dans l’attente d’une décision du retrait par le gouvernement de son projet, le SNJMG interpelle les parlementaires afin qu’ils engagent toute procédure pouvant aboutir à l’annulation de cet article du PLFSS2023.

Communiqué de presse : il y a urgence en pédiatrie !

Communiqué de presse : il y a urgence en pédiatrie !

 

La situation en pédiatrie est de plus en plus préoccupante d'années en années. L'épidémie de bronchiolites bat son plein alors que l'hiver n'est pas tout à fait arrivé. Faute de places en réanimation pédiatrique en IDF notamment, cette situation entraîne des transferts vers d'autres régions ainsi que la prise en charge d'enfants dans des réanimations adultes non habituées à ces patient-es.

 

Rappelons que les transferts sont déjà réalisés chaque année faute de places, mais cette année particulièrement, ce phénomène s'intensifie et a lieu plus tôt par rapport aux autres années.

 

Des manifestations et grèves avaient déjà eu lieu notamment en hiver 2019 avant la pandémie COVID, afin d'alerter sur la situation critique de l'hôpital public. Mais depuis, rien n'a été fait. La fuite des soignant-es s'est même accentuée. La fermeture des lits voire de services se multiplie. Chaque année est de plus en plus difficile à passer.

 

Ces transferts dans d'autres régions sont loin d'être anodins! En effet, tout transport signifie effectif et matériel réduit dans le camion du SMUR. Cela peut être un facteur supplémentaire d'instabilité et d'aggravation de l'état déjà critique. De plus, cela entraîne un éloignement de la famille fondamentale pour les soins et pour l'accompagnement de l'enfant.

 

De même, il y a des reports d'interventions chirurgicales faute de personnel, et des retards de prise en charge également dans les services de médecine.

 

Nous demandons une amélioration des conditions de travail des soignant-es, en passant notamment par une revalorisation des salaires des IDE et AS, une augmentation des moyens fournis à la pédiatrie (et à l'hôpital en général), la multiplication de campagnes de recrutement et ainsi la réouverture des lits.

 

Il y a URGENCE à agir maintenant pour les enfants, parents, et pour chacun et chacune d'entre vous. Usager-es et soignant-es sont en danger!

 

Nous soutenons pleinement cette tribune ⤵️

https://www.leparisien.fr/societe/sante/des-enfants-quotidiennement-en-danger-la-lettre-choc-a-emmanuel-macron-de-4000-soignants-en-pediatrie-21-10-2022-4FPRV44PCBDUNNNN623VYYFDCU.php