Travailleur.ses du sexe et santé. Interview du coordinateur national pour le STRASS

Travailleur.ses du sexe et santé. Interview du coordinateur national pour le STRASS

 

Dans le cadre de notre mois contre les discriminations, nous parlons également des discriminations envers les travailleur.ses du sexe. Pour cela, nous avons interviewé le coordinateur national pour le STRASS, syndicat du Travail Sexuel, qui défend les droits et les intérêts de touTEs les TDS en France depuis 2009.

 

    Quels sont les obstacles à une bonne prise en charge en matière de santé des TDS ?

 

Il y aurait beaucoup de choses à dire mais les barrières structurelles les plus importantes sont la criminalisation du travail sexuel, les discriminations, l'absence de droits, la précarité, notamment administrative, au regard du séjour et du logement, les barrières culturelles et linguistiques, etc

 

    Plusieurs oppressions semblent s'entrecroiser: sexisme, transphobie, racisme, putophobie... comment et par quoi constatez-vous sur le terrain les problématiques que soulève le fait d'être à l'intersection de ces différentes formes d'oppression ?

 

Il ne s'agit pas simplement d'une addition des discriminations mais de leur manifestation par des mécanismes plus forts, plus pernicieux comme des renversements des rôles et des responsabilités par rapport aux oppresseurs, l'absence de recours et de possibilité de se défendre, et un enfermement dans des statuts d'incapacité pour confisquer nos paroles, instrumentaliser nos souffrances contre nous mêmes, la disqualification systématique de nos prises de parole, des formes de pathologisation, une non-reconnaissance de nos droits humains, etc.

Comment se manifeste ces oppressions? Dans la vie quotidienne, le non accès à certains espaces, services, droits ou protections, les accusations systématiques, les punitions, l'intériorisation de la peur et de la non légitimité en tant que sujets citoyens, la précarité et donc la frustration de ne pas accéder aux mêmes loisirs et consommations, l'absence de temps libre, le non accès à la culture et aux savoirs, l'exposition à la violence, notamment la violence dite légitime de l'état, etc.

 

    En quoi les conditions d'exercice du TDS impactent la santé de ces travailleurs.ses et leur accès aux structures des soins de santé ?

 

L'exercice du TDS en soi n'est pas préjudiciable à la santé, mais quand il est criminalisé, stigmatisé, caché, précarisé, exploité, cela engendre des prises de risques, une exposition à la violence, au stress, un endommagement de la santé physique et mentale, à des renoncements aux soins. L'accès aux structures de soins peut être rendu plus compliqué quand la précarité pousse à davantage de mobilité et une perte de temps et d'énergie et donc une moindre attention à sa propre santé et bien être quand il y a d'autres priorités comme survivre, gagner de l'argent pour se payer à manger ou une chambre d'hôtel où dormir. Certains comportements de professionnels peuvent décourager comme le fait de ne pas vouloir comprendre une personne parler avec un accent, ou appeler "monsieur" une femme trans devant une pleine salle d'attente.

 

    Les politiques de criminalisation de l'exercice et/ou de la clientèle du TDS ont-elles un impact sur la santé des TDS ?

 

Oui, plusieurs études montrent une dégradation de la santé. L'étude Lebail-Giametta montre que 38,3% des TDS ont + de difficulté à imposer le préservatif 2 ans après la loi de 2016 alors que le rapport HAS de janvier 2016 montrait un taux d'usage systématique du préservatif de 95%. L'étude Shannon 2014 parue dans the Lancet montre que la décriminalisation du travail sexuel pourrait réduire de 33 à 46% les infections au VIH chez les TDS. De manière générale, toute politique de criminalisation réduit l'accès aux soins et à la santé. L'accroissement de l'exposition aux violences et à l'insécurité, (déplacements vers des lieux plus reculés, perte de pouvoir de négociation et donc prises de risques avec des hommes réputés dangereux, interdiction d'embaucher une partie tierce pour sa protection à cause du proxénétisme, interdiction du travail en intérieur et de travailler à plusieurs pour sa sécurité) ont aussi un impact sur la santé, notamment la santé mentale.

 

    Des profils très variés font le TDS, des problématiques sont-elles constatées également sur des notions telles que des TDS ne parlant pas français, n'ayant pas de service de couverture des soins ?

 

Oui évidemment, il y a des spécificité pour les migrantes, les personnes trans, les TDS usagères de drogues. En sachant que la précarité et la mobilité sont reconnues par le CNS comme des facteurs de prises de risques, contrairement à l'exercice du TDS en lui même.

 

    Vous constatez que le fait d'être TDS en soi mène à une moins bonne prise en charge en matière de soins de santé, mène à des comportements discriminants de la part des soignant.es et structures de soins ?

 

Non au contraire, les TDS ont à coeur d'accéder à une bonne santé, et notre mouvement s'est construit en grande partie via la santé communautaire à partir des années 1980, avec de bons résultats puisque nous avons empêché une épidémie VIH comme celle connue en Afrique sub saharienne, ou d'autres pays, parmi les femmes cisgenres.

En revanche, il existe encore certains comportements discriminants de la part des soignants, notamment dans l'accès aux soins gynécologiques ou en santé mentale, puisque certains cherchent à décourager l'exercice de notre travail considéré comme la cause de nos problèmes de santé, au lieu de nous soigner sans jugements.

 

    Les actions de prévention et d'accompagnement (en matière d'informations comme matérielles) sont-elles portées et soutenues par les structures de santé ou cela repose-t-il essentiellement  (sinon uniquement) sur la camaraderie et des associations locales ?

 

Il y a peu de structures qui osent parler directement et franchement de travail sexuel, à cause de la stigmatisation, mais le tissu associatif communautaire et ou en réduction des risques crée des partenariats avec des structures de soins, notamment hospitalières pour faciliter l'accompagnement. Malheureusement, cela peut être assez inégal sur le territoire.

 

    Comment améliorer la globalité de la prise en charge en santé des TDS, auriez-vous quelques mesures phares à donner en exemple ?

 

Oui, il faut avoir une approche de santé globale, qui prenne en compte des questions sociales, comme le logement, le séjour, la précarité, une approche qualitative et pas juste une approche statisticienne d'inonder tout le monde de capotes et de traitements, sans comprendre pourquoi on n'utilise plus de préservatifs ou qu'on a des difficultés d'observance.

Il y a un risque de croire que notre population clé n'est pas responsable, alors qu'en réalité il y a des barrières structurelles qui expliquent nos problèmes. Nous préférons donc parler d'oppressions subies que de "vulnérabilités".

Il faut s'appuyer sur la santé communautaire car c'est ce qui fonctionne le mieux. Il faut une offre de dépistage et de soins complète car cela peut se réduire aux tests sanguins et pas prélèvements muqueuses, il faut du dépistage hors les murs car tout le monde n'a pas le temps de se rendre en centres, maitrise la langue pour prendre les rendez vous par téléphone,

Il faut favoriser l'accès à la santé mentale par des professionnels non jugeants.

 

    Si un.e professionnel.le de santé ou structure voulait se sensibiliser, s'améliorer, s'engager vis à vis des problématiques touchant aux TDS, vers quoi pourrait-iel se tourner ? Ressources, associations, formations ?

 

Il faudrait travailler avec les assos de santé communautaire. Lire les rapports d'activité des assos et des réseaux. Lire les recommandations internationales notamment les SWIT guides de l'OMS et ONUSIDA. On peut aussi éventuellement créer des rencontres et échanges.

 

Déserts médicaux et accès aux soins

 Communiqué de Presse : Déserts médicaux et accès aux soins 

 

Déserts médicaux et accès aux soins : un constat en aggravation 

Le 31 mars 2022, l'ARS a communiqué la nouvelle carte de zonage des déserts médicaux. 

On y observe que 96,3% de la population francilienne vie dans un territoire sous-dense et seule 3,7% de cette population a accès à un médecin dans des bonnes conditions. 

Parmi ces zones, on distingue 3 rangs : 

    - ZAC : zone d'action complémentaire qui représente 33,9% de la population francilienne (contre 39,5 en 2018 lors de la cartographie précédente). Ces zones sont des "pré" déserts médicaux, où des actions doivent être menées pour éviter leur basculement complet.

    - ZIP : zone d'intervention prioritaire, les déserts médicaux, qui représente 62.4% de la population francilienne (contre 37.6% en 2018). 

On y constate aussi le basculement de nombreuses ZAC en ZIP entre 2018 et 2022. 

 

A titre de comparaison, la cartographie en région Bretagne en 2020 retrouvait 

- 10.9% de la population en ZIP 

- 32.2% de la population en ZAC 

 

Concernant l'Ile de France, il a cette année été créé une catégorie ZIP +, où la situation et l'accès aux soins sont considérés encore plus difficiles. 

Là où les ZIP bénéficient d'aides financières à l'installation et au maintien, les ZIP + sont aidées pour accueillir

les étudiants en médecine et créer des structures d'exercices en commun. 

 

La désertification médicale représente un danger pour les soignant-es comme les patient-es. D'un côté, un important risque de surmenage professionnel et une patientèle trop conséquente. De l'autre, une grande difficulté à trouver de nouveau médecin-e traitant-e lorsque le besoin se présente.

La prise en charge morcelée nuit au bon diagnostic comme au suivi des pathologies chroniques et à la coordination entre professionnel-les; la surcharge des praticien-nes entrave leur capacité à réaliser des consultations d'urgence, avec les conséquences que l'on connaît sur les structures hospitalières.

 

Les pistes que nous soutenons pour améliorer l'accès aux soins 

 

Nous proposons :

- le développement des dispositifs "infimier-es de pratique avancée" ou "infirmier-es Asalée", qui accroissent le champ d'action de ces professionnel-les notamment dans l'accompagnement aux modifications thérapeutiques du modes de vie et par la réalisation d'éléments médicaux ne nécessitant pas le recours à un médecin. 

- la meilleure répartition des tâches entre professionnel-les de soin, incluant les professionnel-les de santé médicaux et paramédicaux, en réévaluant quels actes doivent rester sous la seule responsabilité du médecin. 

-  la constitution d'un service public de soins primaires reposant sur la création de centres de santé avec des professionnel·les salarié·es, pour lesquels l'ouverture de nouveaux postes serait basée sur les besoins estimés pour le territoire 

- l'augmentation des capacités d'accueil des facultés formant ces professionnel-les, suppression du numerus apertus, ainsi que la création de la licence santé tant promise. De même, l'ouverture de plus nombreux stages en ambulatoire afin d'offrir une formation pratique diverse et sans surnombre sur les lieux de stage. 

- réduire les inégalités d'accès aux études de médecine en s'attaquant aux déterminants connus de l'abandon avant et pendant les études, ici (mais évidemment pour d'autres raisons aussi) car 60% des jeunes médecins considèrent la proximité familiale comme un élément majeur de leur choix d'installation

 (source : https://www.conseil-national.medecin.fr/publications/communiques-presse/enquete-determinants-linstallation)

- la création d'instances incluant soignant-es et soigné-es pour que les concerné-es soient au coeur des prises de décision qui les concernent notamment concernant la réflexion sur que faire vis à vis des déserts médicaux

- réduire la charge adminstrative des médecin-es, notamment par la suppression de tâches dont l'objectif principal est celui du contrôle à priori du bienfondé des dépenses : bons de transport, certificats enfant malade... Et simplification des démarches administratives les plus coûteuses en temps. 

- proposer, comme sur le modèle du CESP proposé aux étudiant-es en médecine, d'assurer une rémunération aux étudiant-es en santé de toutes les filières, aussi bien médicales que paramédicales s'ils s'engagent à assurer une période en zone de désert médical de leur choix.

 

 

Nous ne proposons pas :

- de forcer l'installation en zone sous-dotée. Les internes sont en formation et doivent être considérés dans leur qualité d'étudiant avant d'être des employés du service public. L'obligation d'installation sur un temps court précarise les projets de vie de ces soignant-es, et n'offrirait pas une meilleure continuité des soins pour les patient-es qui en bénéficieraient puisqu'il entraînerait un changement de médecins tous les 6 mois. Nous ne voyons, enfin, aucune raison qui justifierait qu'on oblige le déplacement des médecins sur le seul critère d'âge.

- de mesures incitatives sur le modèle existant, qui ne semble pas améliorer la répartition des médecins sur le territoire.

Sexisme dans le milieu médical : interview du collectif Héro·ïnes 95.



Sexisme dans le milieu médical : interview du collectif Héro·ïnes 95.

 

Dans le cadre de notre mois dédié à la lutte contre les discriminations en santé, nous avons décidé de réaliser une interview du collectif féministe Héro·ïnes 95 (@Heroines95)

 

Nous vous invitons à lire leurs réponses.

 

1. Héroïnes 95 est un collectif féministe qui milite beaucoup contre le sexisme dans le milieu médical, pouvez-vous en dire plus sur vos actions ?

 

Nos actions tournent principalement autour de rencontres, actions de solidarité, happenings, collages féministes, et de publications sur les réseaux sociaux (@heroines95).

Notre motivation : lutter contre toutes les discriminations, dont celles faites aux femmes et aux minorités de genre : violences sexistes et sexuelles, racisme, validisme, grossophobie, classisme, LGBTQIA+phobies, etc.

 

2. Sous quelles formes peut se manifester le sexisme dans le milieu médical ?

 

Le sexisme dans le milieu médical apparaît, comme dans la société, à tous les niveaux : dans la formation des soignant·es, dans les inégalités salariales, dans les différences de traitements selon le genre (que le genre soit supposé ou réel) (ex : courbe du poids, erreurs de diagnostic, psychiatrisation des femmes, hypersexualisation, injonctions à la maternité, etc.), dans la prévention (ex : crise cardiaque plus fréquemment dépistée chez les hommes, contraception, autisme, etc.), dans la réception de la parole, dans la recherche scientifique, etc. Il faudrait des jours et des jours pour lister toutes les manifestations possibles de ce sexisme.

 

 3. Il y a eu ces derniers temps, plusieurs "affaires" médiatisées de violences sexistes et sexuelles en consultation, des gestes non consentis, les touchers vaginaux sans consentement, etc. Ces affaires, extrêmement choquantes, sont pourtant peu rares.

 Que pourriez-vous nous dire sur ces sujets ? Quelles sont vos revendications pour permettre d'améliorer la prise en charge des patientes contre le sexisme en santé ? Et notamment dans la formation des futur·es soignant·es ?

 

La libération de la parole a été encouragée grâce à des associations comme CFCV, StopVOG, et de nombreuses autres et aux appels à témoins qui ont permis aux victimes de se réunir. L’investissement massif des réseaux sociaux pendant le confinement a aussi certainement aidé. Pourtant, il y a toujours un décalage énorme entre tous les témoignages que nous recevons en privé et le nombre de personnes qui témoignent publiquement et qui se lancent dans une procédure. Nous sommes persuadé·es que l’union fait la force, d’autant plus pour ce genre d’affaires où il sera compliqué de prouver les actes inappropriés et où les accusé·es jouissent non seulement d’une certaine aura dans le milieu médical mais aussi d’un statut de notable qui leur apporte toutes sortes de privilèges.

 

Concernant nos revendications, tout d'abord, nous souhaitons la dissolution de l'ordre des médecins.

Les programmes de formations en médecine sont également à revoir, avec notamment des formations dans l'écoute des victimes de violences et des formations régulières obligatoires pour la remise à niveau des connaissances et des pratiques pour une meilleure prise en charge, et écoute des patient·es.

La présence quotidienne de médecin·es dans les établissements scolaires serait également nécessaire, ainsi que plus d’investissements financiers et humains dans la médecine scolaire. Des formations à la santé doivent être organisées dès l'école : primaire, collège, lycée.

L’accès à l’information et aux soins doit être disponible pour toustes via, notamment des campagnes publiques de prévention régulières sur différents sujets (ex : le consentement, la contraception, les IST/MST, les impacts du validisme, du racisme, du classisme, etc.), et ces campagnes doivent prendre la même ampleur que celle liée au Covid pour s’assurer que tout le monde ait les infos.

La recherche doit se mener via des protocoles de tests égalitaires entre femmes et hommes. Par ailleurs, une meilleure prise en charge des traitements doit être établie, avec la reconnaissance de l’endométriose, par exemple, et de l’arrêt naturel de la grossesse qui devrait donner droit à des soins et à une prise en charge adaptée.

Le choix des soignant·es devrait toujours être possible et non discuté.

Il faudrait enfin faciliter les recours quand il y a maltraitance et/ou des erreurs médicales afin d'aider les victimes dans leurs démarches.

 

4. Quelles sont les conséquences de ce sexisme sur la prise en charge des patient·es ? Et donc sur leur santé ?

 

Il existe de nombreuses conséquences du sexisme sur la prise en charge médicale. Les maltraitances médicales entraînent des traumatismes et, le refus ou la peur de consulter et/ou de se soigner. Cela risque d'entraîner un retard dans les diagnostics et la prise en charge.

Le sexisme représente aussi un facteur entrant en jeu dans les erreurs de diagnostics (pas uniquement le sexisme, mais aussi le racisme, le validisme, le classisme, les LGBTQIAphobies, etc.).

 

5. Vous avez publié une tribune sur le #MeTooGHB, avec entre autre la nécessité d'une formation des professionnel·les de santé pour la prise en charge des victimes de violences sexistes et sexuelles. De façon générale, la formation pour l'accompagnement des personnes victimes de violences est très succincte voire inexistante.

Quelles sont les mesures concrètes que vous souhaiteriez pour la formation des soignant·es?

Pouvez-vous donner quelques éléments de conduite à tenir face à une personne victime de violences sexistes et sexuelles qui consulte aux urgences pour un bon accompagnement ?

 

La priorité, c’est de croire les personnes quand elles disent que quelque chose ne va pas et qu’elles souhaitent des tests. Concernant la formation pour les services d'urgence, il serait nécessaire d'avoir dans chaque équipe une personne référente formée à la prise en charge des victimes de violences sexistes et sexuelles.

Il faut également informer toustes les soignant·es sur la soumission chimique, et sur les prélèvements à réaliser, ainsi que sur les protocoles à respecter de façon générale pour mieux accompagner les victimes.

Les urgentistes devraient également être formé·es à l’écoute empathique (ex : communication non violente) et informé·es des numéros d'aide à transmettre, des associations qui peuvent venir en aide aux victimes.

De façon plus générale, il y aurait également un bénéfice pour tout le monde, en termes de violences sexistes et sexuelles, à une augmentation des effectifs, et des moyens pour les hôpitaux.

 

 

6) Auriez-vous des ouvrages, podcasts, à conseiller aux soignant·es qui

s'intéresseraient à ce sujet ?

 

Tout ouvrage, article, podcast, vidéo…qui permet de déconstruire les stéréotypes et de lutter contre toutes les formes de discrimination serait utile. Il est difficile d’en faire une sélection, tant il y en a. On pourrait commencer par l’écoute et recommander de lire des témoignages en suivant des comptes d’autres personnes et associations sensibilisant au validisme, au racisme, à la grossophobie, à la transphobie :

@licegateaux

https://www.instagram.com/licegateaux/

 

@andy_in_the_city

https://www.instagram.com/andy_in_the_city/

 

@camillethemermaid

https://www.instagram.com/camillethemermaid/

 

@hcommehandipocast (podcasts)

https://www.instagram.com/hcommehandipodcast/?hl=fr

 

@mulakoze

https://www.instagram.com/mulakoze/

 

@raplapla_et_porte_voix

https://www.instagram.com/raplapla_et_porte_voix/

Ressources : https://linktr.ee/Raplaplaetportevoix

 

@elisaamaranta (à suivre aussi sur Twitter)

https://www.instagram.com/elisaamaranta/

 

@graspolitique (association)

https://www.instagram.com/graspolitique/

Plein de ressources sur leur site : https://graspolitique.wordpress.com/

 

@stopgrossophobie (et son livre : « T’as un joli visage », Kiwi, 2022)

https://www.instagram.com/stopgrossophobie/

 

@aggressively_trans (et son livre : « Une histoire de genres », Marabout, 2021)

https://www.instagram.com/aggressively_trans/

 

@xymedia (média transféministe audiovisuel)

https://www.instagram.com/xymediafr/

 

@stop_asiaphobie

https://www.instagram.com/stop_asiaphobie/

 

@asiattitudes (podcasts et articles)

https://www.instagram.com/asiattitudes/

 

@tetonsmarrons

https://www.instagram.com/tetonsmarrons/

Dont https://tetonsmarrons.com/2020/01/18/racisme-dans-le-milieu-hospitalier/

 

@decolonisonsnous (podcasts)

https://www.instagram.com/decolonisonsnous/

Dont : http://www.slate.fr/story/191766/universalisme-antiracisme-republique-france-histoire-coloniale

 

@tantquejeserainoire (podcasts et aussi @tantquejeseraiathlete)

https://www.instagram.com/tantquejeserainoire/

https://www.instagram.com/tantquejeseraiathlete/

 

@assolallab

https://www.instagram.com/assolallab/

 

@recoudreca (et son livre : « Comment est-ce qu’on va recoudre ça ? – Halte aux violences à l’accouchement ! », Flammarion, 2022)

https://www.instagram.com/recoudreca/?hl=fr

 

@stopvogfr (association : Stop aux violences obstétricales et gynécologiques)

https://www.instagram.com/stopvogfr/?hl=fr

 

@lesdevalideuses

https://www.instagram.com/lesdevalideuses/

 

@espacesantetrans (association en Ile-de-France)

https://www.instagram.com/espacesantetrans/

 

Facebook :

@pourunemeuf

https://www.facebook.com/pourunemeuf

@gynandco

https://www.facebook.com/gynandco.be

 

Concernant les livres, voici une de nos storys Instagram avec de nombreuses références.

 

https://www.instagram.com/s/aGlnaGxpZ2h0OjE3OTAwMzU4Mzg4NTcxMTk0?story_media_id=2408930485293073243_27952817413&utm_medium=copy_link

@cri_du_corps et  @marine.mom.kreol

Mais il y en aurait tellement d’autres, c’est toujours triste et angoissant de ne pas pouvoir citer tout le monde…

 

 

 

 

Usager-es de drogues et discriminations en santé : interview de Suzanne B

Usager-es de drogues et discriminations en santé : interview de Suzanne B

 

Dans le cadre de notre mois sur les discriminations en santé, nous avons choisi de parler des usager-es de drogues afin d’évoquer leurs prises en charge et les discriminations auxquelles iels sont confrontées.

Voici l’interview de  Suzanne B., Usagère de drogue.

 

- Quels sont les soins urgents dont auraient besoin les usagèr-es de drogue à l'heure actuelle ?

 

 J'ai envie de dire : les mêmes que pour les personnes qui ne font pas usage de drogues. Nous rencontrons les mêmes problèmes de santé que le reste de la population.

 

- En France, le suivi des personnes usagèr-es de drogues repose avant tout sur le sevrage en premier lieu puis la prise en charge des complications éventuelles. Pensez vous qu'une autre solution soit possible ? Quelles sont les pistes pour pouvoir assurer le suivi d'un usagèr-e qui continuerait sa consommation ?

 

 La meilleure approche me semble être de partir de ce que la personne souhaite (et de ce qu'elle souhaite vraiment, sans pressions extérieures, principalement la pression au sevrage et à l'abstinence). Pour certaines personnes l'abstinence semble être la solution, pour d'autres contrôler leur consommation, la baisser, faire en sorte qu'elle soit régulière, ou simplement limiter les risques et dommages... La piste principale me semble être le non-jugement (j'ai envie de dire, en matière de drogues aussi : mon corps, mes choix), et aussi ne pas confondre usage de drogues et addiction (on le fait très bien quand il s'agit d'alcool, mais c'est loin d'être acquis concernant la coke ou l'héro).

 

- Quelles sont les discriminations principales subies par les usagèr-es de drogue ?

 

Le paternalisme et l'infantilisation ("je sais mieux que toi ce qui est bon pour toi", "vous ne savez pas faire une intraveineuse"), le refus de prendre en compte notre expertise expérientielle sur le sujet, la coercition, le non-respect de notre (non) consentement, le refus de prendre en compte notre parole car nous serions "tou-te-s des menteurs/euses", le rejet, les très nombreux préjugés (sales, voleurs/euses, menteurs/euses, criminel-le-s en puissance, incapables de prendre soin de nous, etc), la discrimination par la loi (pénalisation de certains usages tandis que d'autres sont légaux)... la liste est longue !

 

- Quelles sont leurs conséquences sur la santé des usagèr-es ?

 

 L'alliance de ces discriminations toxicophobes chez nombre de soignant-e-s et de fréquents psychotraumatismes chez les UD fait qu'on est nombreux/euses à éviter les soins... (Pour parler un peu de moi, j'ai la phobie des actes médicaux, et il faut une sacrée dose de non-jugement, de mise en confiance et de respect absolu de mon consentement pour que je fasse confiance à un-e soignant-e. Et je sais que mon cas est loin d'être exceptionnel.)

 

- Pouvez vous nous citer des actions de limitation des risques parmi les plus efficaces en terme de santé des usagèr-es ?

 

 La distribution de matériel (d'injection, de sniff, de fume) à usage unique, sans limitation en quantité (oui j'ai déjà vu ça, les limitations en quantité, genre "pas plus de dix seringues par jour et par personne" ><). Des informations claires et informées sur les produits, leurs risques, leurs atouts, sans dramatisation des risques, sur les modes de conso, etc. Des lieux d'accueil inconditionnels, au mieux où il est possible de consommer. La possibilité de tester les produits pour en déterminer les produits de coupe et le pourcentage de produit actif.

 

- Que pensez vous des salles de consommation à moindre risque ?

 

Je suis évidemment pour. Dans les petites villes, je suis aussi pour que la possibilité de consommer (à l'intérieur des CSAPA-CAARUD) soit offerte aux usagers/ères.

 

- Quelles mesures vous paraissent importantes à mettre en place pour une meilleure prise en soins des usagèr-es de drogue ?

 

Lutter contre l'ensemble des discriminations (y compris légales) et des préjugés dont sont victimes les usagers/ères, favoriser la réduction des risques et des liens de soins de confiance, sans jugements et avec un respect absolu de la pudeur, de la dignité et du consentement.

 

- Avez vous des exemples de santé communautaire mis en place par et pour les usager-es de drogue ?

 

Oui, et iels font un travail formidable : ASUD, Techno+, Keep Smiling...

 

- L'adelphité vous paraîtrait elle une piste pour sortir des habituels suivis par des soignant-es ?

 

 Il me semble que les soignant-e-s peuvent aussi être des adelphes, en fait. Avoir un diplôme de médecin et consommer des drogues ne sont pas antinomiques.

Plus généralement, je pense qu'il ne s'agit pas tant de sortir des suivis par des soignant-e-s, mais de favoriser les échanges entre soignant-e-s et usagers/ères, favoriser le travail ensemble, se nourrir les un-e-s les autres de nos expériences.

 

- Auriez vous des ouvrages, podcasts, à conseiller aux soignant.es qui s'intéresseraient à ce sujet ?

 

Oui ! En livres, je conseille : Pour en finir avec les toxicomanies, Psychanalyse et pourvoyance légalisée des drogues, du docteur Jean-Pierre Jacques, qui me semble incontournable.

Pour aller plus loin et si la sociologie vous intéresse : La Catastrophe invisible, Histoire sociale de l'héroïne (sous la direction de Michel Kokoreff, Anne Coppel, Michel Peraldi).

En podcasts, je conseille vivement Parcours Stups https://www.youtube.com/channel/UC_ntixMtd2sYISoNeBemjAg.

 

Et bien sûr, vous pouvez lire ASUD-Journal.

 

Discriminations dans le milieu médical : interview de Myriam interne en médecine générale et Rodolphe MG

Discriminations dans le milieu médical : interview de Myriam interne en médecine générale et Rodolphe MG

 

Rodolphe est médecin généraliste à Saint Etienne, M2 Inégalité Discrimination Territoire 

Myriam est interne de médecine générale à Saint Etienne, M2 Enjeux Sociaux et Politiques de Santé Ensemble.

Ils travaillent sur les discriminations en santé, ainsi que sur les risques psychosociaux des étudiant·es en médecine. Ils gèrent notamment un DU Accès au soin et lutte contre les discriminations en santé, à Saint Etienne.  

 

Tu travailles sur le syndrome méditerranéen, les risques psycho-sociaux des étudiants en médecine, l’humour carabin, l’accès au soin des personnes précaires… Chacun de ces aspects paraît très vaste, qu’est-ce qui les fait se rejoindre et t’y intéresser conjointement ?  

 

Les RPS des étudiant·es ont été l'entrée en matière. Les externes subissent leurs lots  de contraintes (en apprentissage, mais également “bouche trou” (secrétariat, brancardage) et parfois, d’humiliations (apprentissage par la terreur, sexisme, racisme, grossophobie…). En plus de la maltraitance (individuelle ou institutionnelle), les externes constatent aussi des discriminations envers les patient·es, et parfois les reproduisent.    

 

Existe-t-il des aspects institutionnels (qui dépassent la capacité de contrôle d’un individu dans ses interactions avec les autres) aux discriminations en santé ?   

 

L’hôpital est le reflet de la société. Les discriminations vécues par les individus sont reproduites dans le système de santé, parfois plus violemment du fait de l’omerta, voire même du déni (“on ne peut pas être raciste, on soigne tout le monde”) autour de ces problématiques. L’exemple typique est celui des patient·es “CMU” (maintenant C2S) perçu·es comme précaires et “assisté·es”, et donc “profitent” du système de santé. Dans les faits, les personnes qui bénéficient de la C2S ou de l’AME (aide médicale d’état) ont un accès au soin plus difficile, et parfois de moins bonne qualité. Plus encore, ces patient·es ont moins recours au soin devant la difficulté des démarches, et le refus des médecins, qui devient une habitude pour ces patient·es (cf article Non recours au soin des populations précaires). On retrouve un phénomène semblable avec les personnes identifiées comme maghrébines, noires, et même des pays de l’est (!) à travers le “syndrome méditerranéen”, que l’on justifie au nom du sauvetage de la sécurité sociale (cf article sur le sd méditerranéen).   

 

Sur quel type de données travailles-tu ? Comment est-ce que tu les rassembles, et quelles difficultés est-ce que ça pose ?  

 

 Nous travaillons sur des entretiens semi-directifs, un questionnaire en ligne (avec commentaires libres possibles), et les données de la littérature. Nous avons interviewé énormément de personnes, et nous avons eu beaucoup de réponses. Nous sommes toujours en train de les analyser. Les témoignages sont parfois profondément déprimants, ce qui nous encourage à continuer! Nous n’avançons malheureusement pas aussi vite que nous le voudrions, du fait de notre travail qui est assez prenant!  

 

 Que peux-tu nous proposer pour nous former à reconnaître ces discriminations, les éviter au quotidien, et intégrer la lutte contre celles-ci dans nos pratiques ?   

 

 Nous sommes tous parfois discriminatoires, souvent (heureusement) sans nous en rendre compte. La fatigue et le surmenage n’aident pas, notamment en cette période. Notre empathie peut diminuer. Nous sommes humains après tout! De plus, nous avons tous notre bagage culturel et social, des biais que nous avons intégrés. Il faut commencer par accepter la critique : ne pas vouloir “se jouer l’avocat du diable” ou avancer “l’expérience personnelle” comme vérité absolue, alors que c’est un biais énorme! Il faut accepter de se remettre en question, et de faire des erreurs. C’est sans doute le plus difficile. Il faut voir cela comme les RMM : ce ne sont pas des reproches à prendre personnellement mais un moyen d’évoluer ensemble vers des prises en charge non discriminantes.                  

 Cette attitude réflexive s’apprend, ce n’est pas forcément quelque chose de naturel. Ainsi, nous croyons profondément en l’importance de l’enseignement afin de limiter l’intégration de ces biais discriminatoires, avec une attitude réflexive à travers les cours de sciences humaines, les DU, ou les conférences par associatifs concernés.  Nous faisons notre maximum pour intervenir auprès des associations étudiant·es lorsqu’elles le souhaitent, comme la FNEK (kiné), les penseurs de plaie, le CLIT… Nous cherchons à transmettre les résultats de nos recherches afin de faire bouger un peu les choses, sinon cela ne restera que de beaux papiers inutiles qui prendront la poussière sur une étagère!

 

Racisme dans le monde de la santé : Interview en ligne

Racisme dans le monde de la santé : interview de Leila

Dans le cadre de notre mois dédié à la lutte contre les discriminations en santé, nous avons réalisé une interview de Leila (@lesbian_warlock) à propos du racisme dans le monde de la santé. 

Leila, 29 ans, égyptienne, handie, est une activiste luttant contre les différents types de discriminations, et fait parti du programme EXPAM http://dumg.univ-paris13.fr/IMG/pdf/fiche_d_identite_pep_13_-_avril_2020.pdf.Elle intervient notamment auprès des étudiant-es en santé pour les sensibiliser aux problématiques auxquelles les patient-es peuvent être confronté-es (grossophobie, classisme etc..) et les réponses qu'iels peuvent leurs apporter, avec des mises en scène, en montrant également l'importance fondamentale d'inclure les patient-es dans les prises en charge. 

 

Nous vous invitons à lire ces réponses. 

 

1.   Quels sont les principaux obstacles auxquels sont confrontées les personnes racisées dans le milieu de soin ? 

Quelles formes peut prend le racisme dans le système de santé?

 

 

Il existe plusieurs obstacles. En effet, dès l’enfance les personnes racisées font déjà face à un racisme médical qui ne les prend pas en compte dans les courbes de poids et de tailles ainsi que pour l’âge des premières règles, se basant sur la norme caucasienne de la puberté. 

Il y a également des méconnaissances sur des maladies, troubles ou besoins que les personnes racisées ont et que les soignant-es ne prennent pas ou difficilement en charge (exemples de la drépanocytose, les carences en vitamine D, les particularités culturelles et familiales vis-à-vis des pathologies psychiatriques, les symptômes dermatologiques qui diffèrent de la norme caucasienne) 

Tout au long de leur parcours dans le milieu médical, les personnes racisées sont stéréotypées et avec une prise en charge bancale ou des délais de diagnostics plus longs.

 

De plus, iels subissent un mépris de classe car de par le racisme systémique, certains noms de famille sont de facto associés à la CMU. Or on connait le mauvais traitement réservé aux patient-es « CMU ».  

 

Aussi se pose la question de la barrière de la langue, il y a très peu de moyens voire aucun qui est mis en place pour l’accueil de personnes ne parlant pas le français, ni dans les services hospitaliers ni dans les cabinets. 

 

2.   Quelles sont les différentes conséquences selon toi, que peuvent entraîner ces discriminations dans le monde de la santé ? 

 

Les conséquences pour les personnes racisées sont nombreuses. Elles se retrouvent face à des soignant-es qui de par leurs études ou leurs propres biais racistes prescrivent avec difficulté les examens nécessaires ou vont tout simplement ne rien diagnostiquer et nier les symptômes du patient racisé, comme on l’a vu notamment avec Naomi Musenga, morte car non prise au sérieux par le SAMU.

Par conséquent, les patient-es vont soit prendre sur elleux, soit attendre d’être dans un état avancé ou urgent, puisqu'iels ont l’habitude de ne pas être pris au sérieux même en consultant. Cela entraîne donc un retard important de prise en charge. 

Quand un-e patient-e racisé-e consulte et les soignant-es leurs disent que « non les arabes n’ont pas de cancer de la peau » ou bien que « les femmes magrébines exagèrent et pleurnichent », il nous est difficile de réussir à les convaincre que nous sommes malades, puisque le système médical français érige le médecin en maitre des consultations, telle une figure d’autorité dont les connaissances sont suffisantes pour nous soigner. 

 

3. La prise en charge de la douleur des personnes racisées est souvent très mauvaise. Propos non écoutés, non pris au sérieux, le fameux "syndrome méditerranéen", expression du racisme systémique en médecine. Quel impact selon toi sur la prise en charge de la douleur pour les personnes racisées ? Quel impact sur la prise en charge du "syndrome méditerranéen"?

 

En effet, il y aussi moins d’anti douleurs prescrits aux personnes racisées, certain-es soignant-es ont tendance à les sous doser aussi bien en cabinet, en ambulatoire qu’à l'hôpital. 

En 2019, une médecin française avait écrit un billet de blog raciste où elle avouait « J’ai fini par redouter la femme arabe de cinquante ans. Je la voyais dans la salle d’attente que je la détestais déjà. Elle parle trois mots et demi de français. » Je me rappelle que ma réaction n’était pas la surprise mais la lassitude, car elle disait juste tout haut ce qu’on entendait déjà.

 

Cependant, un système qui a appris pendant des siècles que les personnes noires ne ressentaient pas la douleur, qu’il ne fallait pas donner d’antidouleurs aux personnes asiatiques car « la douleur est une épreuve pour eux », ne peut pas se permettre de continuer à pratiquer la médecine en l’état sans remise en question.

 

 

4.   Quelles sont les mesures qui pourraient être mises en place pour lutter contre ces discriminations et notamment en terme de formation des soignant-es? Par exemple, les peaux noires ne sont pas étudiées ou très peu par les médecins. Aurais tu d'autres exemples et propositions concernant ce qui pourrait être changé dans la formation des soignant-es ?

 

Il serait nécessaire que soient abordées les erreurs des enseignements racistes dans les cursus médicaux. Comme pour d’autres discriminations et de façon générale, je suis assez partisante de l’intégration des patient-es dans les études médicales. 

Il est aussi nécessaire que les illustrations soient mises à jour et prennent en compte la diversité des corps (Voici un article qui explique bien cette nécessité. https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/01/14/en-representant-un-f-tus-noir-un-etudiant-revele-l-invisibilisation-de-la-diversite-en-medecine_6109538_3224.html )

(ex projet expame : http://dumg.univ-paris13.fr/IMG/pdf/fiche_d_identite_pep_13_-_avril_2020.pdf ) 

Ces illustrations sont primordiales par exemple en dermatologie, où les symptômes chez les personnes foncées de peau ne correspondent pas aux illustrations et photos de personnes blanches avec les mêmes symptômes. 

Je pense également qu’il faudrait une intégration des patient-es dans les hôpitaux, en tant que référent-es vers lesquel-les les patient-es pourraient se tourner et pouvant participer aux réunions d’équipes des différents services médicaux par exemple.

 

5. On sait que les discriminations peuvent se croiser et s'accumuler. As-tu des exemples ? 

 

Voici quelques exemples issus de mon vécu. 

 

Dans mon propre parcours médical, j’ai subi des violences sexuelles assez rapidement, je suis égyptienne et j’étais psychatrisée pendant 10 ans dans un hôpital psychiatrique de jour dès l'âge de 3 ans. A chaque rentrée scolaire après l’été, on vérifiait pendant les visites médicales de la présence de mon clitoris (les femmes égyptiennes étant à 97 % d'entre d’elles excisées). D'autres moyens et méthodes pouvaient pourtant être employés, et notamment en terme de communication avec un-e enfant avant d’aller m'examiner sans mon accord. 

Il y a aussi souvent un refus quand je demande de ne pas avoir de soignant-es hommes pour la réalisation de certains examens (ex : mammographie, écho pelvienne, frottis ect). On m’a souvent répondu à cette demande que la France était laïque sauf que la France a des lois et que selon l’article 6 du code de la santé publique « Le médecin doit respecter le droit que possède toute personne de choisir librement son médecin. Il doit lui faciliter l'exercice de ce droit. »

Ce droit m’a été refusé alors que je suis une victime de violences sexuelles, ce droit est refusé aux personnes racisées souvent particulièrement si elles portent le voile. Il est de notre droit de choisir nos médecins. Ainsi, il est surprenant l’effort fourni par le milieu médical pour nous empêcher d’accéder à nos droits et donc d’accéder aux soins selon nos droits. 

 

On peut remarquer ici racisme, sexisme, violences. 

 

6.   Aurais-tu des recommandations d’ouvrages, podcasts ou autres, pour sensibiliser les soignant-es ?

 

Conseils de contenus à suivre : 

https://www.instagram.com/ebereillustrate/

https://www.instagram.com/sante_politique/?hl=fr

https://www.binge.audio/podcast/kiffetarace/que je conseillerai comme bases aux personnes blanches. C'est un podcast réalisé par Rokhaya Diallo et Grace Ly

 

Printemps le 19 Mars 2022

Bonjour à toutes et tous,

 

Le SNJMG a signé l'appel du printemps des services publics et fait partie de son organisation. Nous vous invitons à lire l'appel et/ou a remplir l'enquête que vous trouverez sur le site : https://printempsdesservicespublics.fr/

 

Les valeurs défendues par ce mouvement, les constats qui y sont faits, la défense de nos services publics, la défense de l'accès à toustes aux services publics nous apparaissent très importants et correspondant aux luttes que nous menons. C'est pourquoi nous avons rejoint le printemps des services publics et vous invitons à lire le constat général qui a été posé.

 

Dans ce cadre, une après-midi de tables rondes, ateliers, projections est organisée samedi de cette semaine (le 19 mars) à la bourse départementale du travail de Bobigny (1 place de la Libération, Bobigny)

 

C'est une initiative très intéressante avec de nombreuses assos/collectifs/syndicats dont vous trouverez le programme détaillé ici : https://facebook.com/events/s/le-jour-du-printemps-les-servi/459887982584384/

 

Une table ronde sur le sujet de la santé aura lieu à 16h30 que nous avons coorganisée. Nous vous invitons à venir, et si vous le souhaitez à relayer l'information, l'appel du printemps des services publics ou l'événement Facebook. Nous serions ravi-es de vous y croiser.

 

Le sujet de la table ronde santé est : Partir des besoins de la population pour changer le système de santé : on s'y met quand ?

Retour et leçons pour l'avenir de 40 ans de "réformes" et de mobilisation des patient-es, agent-es et soignant-es.

 

Les intervenant-es seront :

 Yohan Saynac,  Médecin généraliste, Délégué régional MG France, Président CPTS de Pantin

- François Emery, Chargé de plaidoyer pour Act up Paris

- Dalila Noomane, patiente Représentante des Usagers et fondatrice de l'association les Fleurs d'aurores

- Yasmina Kettal, infirmière a l'hôpital Delafontaine

 

Nous espérons vous croiser samedi après-midi a Bobigny !

 

Bonne journée à toustes,

L'équipe du SNJMG

Santé et guerre : des bombardements à l'effondrement des systèmes de santé

Santé et guerre : des bombardements à l'effondrement des systèmes de santé

 

En plus des mort·es et blessé·es sur le front, les guerres modernes conduisent à la destruction de nombreux bâtiments, et à un grand nombre de victimes civiles.  Au risque d'enfoncer des portes ouvertes, il parait nécessaire de rappeler que lors d'un tel conflit, les infrastructures sont rarement laissées indemnes :  bien que ce soit considéré comme un crime de guerre, écoles, universités, hôpitaux, etc. se retrouvent très souvent détruits. Ces derniers jours, cette "banalité" de la guerre nous est rappelée régulièrement par la guerre en Ukraine, très médiatisée. Nombreux sont les tweets et photographies recensant les destructions de lieux de soins.

 

Cette carte d'Amnesty International recense les crimes de guerre de ces derniers jours en Ukraine : https://twitter.com/amnestyfrance/status/1498719300689006597

 

La destruction est un premier impact de la guerre : il est maintenant devenu banal pour les hôpitaux ukrainiens de devoir officier en souterrain afin de garantir la sécurité (toute relative) des patient·es. On imagine aisément la dégradation de la qualité des soins que tout ceci engendre.

 

Cet article illustre la destruction des bâtiments médicaux en Ukraine :

https://www.bellingcat.com/news/2022/02/27/ukraine-conflict-tracking-use-of-cluster-munitions-in-civilian-areas/

 

En plus de ces impacts immédiats, un conflit provoque également un manque de médicaments et de matériel. Non seulement les hôpitaux sont victimes de destruction, mais les  systèmes de santé locaux aussi, laissant ainsi les soins aux mains des seules ONG présentes sur place.

https://twitter.com/antonioguterres/status/1498703073606348809?t=YQVms0R1KQSlM-pEbD-0fQ&s=19

https://twitter.com/WHO_Europe/status/1497945584061366276?t=1y56pH-hBrVjqhGgHx6R7A&s=19

 

Ces conflits provoquent de multiples conséquences sur la santé des populations : famine, épidémies, augmentation de la mortalité notamment maternelle et infantile. Il est très facile de voir ces conséquences terribles en observant le Yémen, ou le conflit s'éternise depuis 2014, le Cameroun, l'Afghanistan, la Somalie ou encore la Syrie ou le Nigeria. Elles commencent déjà à devenir un problème en Ukraine, bien que le conflit armé soit autrement plus récent.

 

A titre d'exemple, au Yémen, il ne reste presque plus rien ni personne à part Médecins sans Frontières et la Croix Rouge. En Ukraine, 35 % du système de santé est déjà détruit.

 https://twitter.com/MSF_france/status/1499076583000322052?t=Sm1xm3pk-dNOBJbjmT8s7A&s=19

 

Comme le dit MSF ici concernant le Yémen  : "La destruction des structures de santé et les pénuries de personnel médical qualifié, de médicaments ou de matériel médical ont contribué à l'effondrement du système de santé."

https://www.msf.ch/nos-actions/pays/yemen

 

Ces guerres sont la source d'inévitables déplacements de populations. Ces réfugié·es, fuyant leur pays bombardé, se trouvent contraints à trouver une terre d'accueil. Ainsi commence un long parcours du combattant, rempli d'obstacles et d'insécurité.

Iels doivent se confronter aux violences et au rejet de certains pays d'accueil. On estimé à 82 millions de réfugié-es dans le monde aujourd'hui. Parmi elleux, notamment 6 millions de Syriens, 2 millions du Sud Soudan. et déjà plus d'un million de réfugié·es ont fui l'Ukraine en moins de deux semaines. Actuellement, la France ouvre des droits aux soins aux réfugié-es ukrainien-nes mais quand est-il des autres réfugiés pour qui ces droits n'ont pas toujours été ouverts aussi rapidement ?

 

La situation, très peu médiatisée, est dramatique dans des pays tels que le Yémen, le Burkina Faso, le Tchad, le Mali, le Cameroun ou le Nigeria :

https://www.instagram.com/p/CawegKzDRIc/?utm_source=ig_web_copy_link

https://twitter.com/WHO/status/1499664687599865859?t=dBz8KfdRMYxbwyDy8Wbwag&s=19

 

Citons seulement quelques exemples parmi tant d'autres.

Au Yémen, des millions de yéménites sont dénutris. La famine y est installée depuis plusieurs années.

 https://www.oxfam.org/fr/conflit-au-yemen-la-famine-menace-des-millions-de-personnes

  https://www.unicef.fr/article/yemen-la-famine-menace-la-vie-de-millions-d-enfants?amp

 

Toujours au Yémen, en avril 2021, il y avait plus de 5 000 cas de choléra avec plusieurs décès.

 https://reliefweb.int/report/yemen/cholera-situation-yemen-april-2021

 

Aujourd'hui, les ONG, derniers acteurs de la santé présents sur les territoires déchirés par la guerre, dépendent presque entièrement de la charité : les dons et les bénévoles sont quasiment la seule source d'aide sanitaire pour l'envoi de médicaments et pour fournir des soins aux populations. Ces guerres entraînent irrémédiablement une précarisation des sociétés, ainsi qu'une pénurie des ressources alimentaires, d'eau potable, de ressources énergétiques, entraînant ainsi famine, épidémie, manque de tout, dont les médicaments les plus élémentaires. Cet ensemble d'effets fragilise encore plus les pays concernés face à d'autres menaces vouées à empirer la situation : changement climatique, désertification, pauvreté sont encore aggravés par les conséquences des conflits armés.

 

Il parait indispensable de créer un organisme mondial de la santé résultant des efforts communs des différents gouvernements et instances internationales avec une stratégie commune pour fournir des soins adaptés en fonction des besoins. La propos du président Indoniesien de janvier 2022 doivent être étudiés et sont peut être l'occasion d'un changement majeur a ce sujet. En effet, le 20 janvier 2022, l'Indonésie annonçait par la voix de son président Joko Widodo vouloir promouvoir au cours de sa présidence du G20 une nouvelle agence mondiale concernant le système de santé mondial « La présidence indonésienne se battra pour renforcer l’architecture de santé mondiale, qui sera gérée par une agence internationale (…) dont la tâche sera de mobiliser des ressources mondiales dans le secteur de la santé, notamment pour financer les situations d’urgence sanitaire, acheter des vaccins, des médicaments et de l’équipement médical », rajoutant que l’OMS « n’a pas eu la capacité de couvrir de nombreux aspects stratégiques pour le monde » depuis le début de la pandémie.

https://www.france24.com/en/live-news/20220120-indonesia-to-push-for-new-global-health-agency-president-says

Il est du devoir de nos gouvernements de ne plus laisser les ONG seules face à ces catastrophes sanitaires et humanitaires,

Nous ne devons plus accepter de laisser perdurer de telles inégalités de santé dans le monde. L'aide aux pays en guerre ne doit plus tenir uniquement sur la charité.

https://twitter.com/antonioguterres/status/1499197723811229703

 

Nous devons agir pour la mise en place d'une agence mondiale forte en matière de santé, ayant les moyens et les pouvoirs d'agir et de lutter contre ces situations, contre les inégalités de santé dans le monde, pour l'accès aux soins pour toustes.

Le SNJMG

 

Santé communautaire : Interview de Stuart, membre bénévole d’Acceptess-T au sein du pôle recherche et évaluation

Santé communautaire : Interview de Stuart, membre bénévole d’Acceptess-T au sein du pôle recherche et évaluation

 

Nous souhaitons parler de santé communautaire, sujet qui nous paraît primordial dans le secteur de la santé aujourd’hui.

Dans ce cadre, nous avons réalisé une interview de Stuart, membre bénévole d’Acceptess-T au sein du pôle recherche et évaluation, et masterant en santé publique.

Acceptess-T est une association de santé communautaire Trans et Féministe créée en 2010 afin de lutter pour la défense des droits des personnes transgenres les plus précarisées par l’intersectionnalité et contre les discriminations liées à la transphobie, à la sérophobie, à la putophobie.

La santé communautaire est une réponse des personnes concernées par et pour celles-ci à des manquements de notre système de soin.

Nous avons posé quelques questions à Stuart que nous vous invitons à lire.

 

- Comment définirais-tu la santé communautaire ?

Depuis mon point d’ancrage, en tant que membre bénévole d’Acceptess-T, lorsque j’utilise le terme de santé communautaire, je parle de la réappropriation, par les personnes concernées de leur propre parcours de vie en acquérant collectivement un pouvoir d’agir sur leur santé globale (au sens où l’entend l’OMS) : trop souvent les politiques publiques laissent dans l’angle mort de leurs actions les populations les plus vulnérabilisées et les plus exposées aux inégalités ; j’ai déjà pu entendre, de la part de certains professionnels de santé, que la santé communautaire ne s’apparente pas à une démarche de démocratie en santé car elle ne concerne « que » des publics minorisés, et non pas le plus grand nombre… Or c’est bien cela, la santé communautaire: des réponses aux lacunes et aux discriminations engendrées tant par les œillères des politiques publiques que par les représentations biomédicales, morales et culturelles ; reconstruire des espaces de prendre soin, d’accès à l’information et à ses droits fondamentaux, de partage des savoirs issus de l’expérience pour gagner en autonomisation et améliorer la qualité de vie. Des lieux de lien et de mobilisation pour changer les pratiques discriminantes et transformer l’existant. En ce sens, il n’est pas possible d’envisager des politiques de santé publique répondant pleinement aux enjeux de la démocratie en santé sans les acteurs de la santé communautaire, qui d’ores et déjà jettent des passerelles et tissent des réseaux avec l’ensemble des acteurs locaux, des administrations, des établissements de soin, des professionnels de santé. Chez Acceptess-T, Simon Jutant, chargé de plaidoyer et du Pôle recherche et évaluation, évoque souvent la santé populationnelle comme mode d’articulation. Et en même temps, j’aime toujours citer cet extrait d’un entretien avec Giovanna Rincon pour le rapport 2020 VIH Hépatite de AIDES : « Évidemment nous restons dans une position critique et militante avant de devenir un prestataire de service des pouvoirs publics. »

 

- Quelles sont les approches de santé communautaire sur lesquelles tu travailles ?

J’ai commencé mon master en santé publique en 2020, au Laboratoire des Educations et Promotion de la Santé de Paris 13, et j’ai effectué mon stage de M1 chez Acceptess-T. En tant que personne transmasc, il n’y avait pas de hasard. Je suis aujourd’hui membre bénévole de l’association, toujours au sein du pôle Recherche et évaluation qui m’a accueilli en 2021. Nous y travaillons pour partie à la valorisation scientifique des actions de terrain d’Acceptess-T : faire en sorte que ces réalités et ces savoirs soient documentés et accessibles mais également « reconnus », en employant les codes de la recherche universitaire, est un enjeu majeur. Et difficile : rendre « scientifiquement » visible la connaissance nécessite des moyens humains, du temps, des diplômes aussi : autant de barrières qui tendent à cantonner les savoirs communautaires au rang de « littérature grise » ou de savoirs assujettis, dixit Foucault, du point de vue des normes régissant les savoirs académiques. Bref, j’essaie au travers de mon ancrage associatif et de mes études en santé publique de contribuer à valoriser l’apport des savoirs et pratiques communautaires dans la conception des politiques de santé publique, de plus en plus structurées par le numérique et les indicateurs de mesure de la qualité des soins. Autant d’instruments et d’outils qui, comme tous les instruments et tous les outils, sont loin d’être neutres et nécessitent d’être pensés avec les publics concernés, et déployés avec les publics concernés – la base de la promotion de la santé, en somme - afin d’éviter d’accroitre les ruptures d’égalité dans l’accès aux soins et les injustices épistémiques. Quoi de pire qu’une démarche d’amélioration de la qualité des parcours de soins qui produirait plus de mal être et d’injustice sociale qu’elle n’apporterait de santé, toujours au sens global du terme ? En cette époque d’hypernumérisation de la santé et d’hyper-qualité, où les sujets de l’engagement patient et de la démocratie en santé sont dans toutes les communications, il me paraît indispensable de savoir de quoi on parle, de qui on parle, de s’interroger sur le sens des mots que l’on emploie, de leur signification pour les personnes, du point de vue et du vécu depuis lesquels on prend la parole, de qui fait et d’avec qui on fait, avec quelles finalités. Et l’approche communautaire en santé en ce sens m’apparaît comme indispensable : faite par et avec les concernées pour apporter « le bon soin au bon endroit au bon moment » et, ajouterais-je, de la bonne manière, dans le respect des personnes, de leurs droits fondamentaux et dans une perspective d’autonomisation.

 

- Aurais-tu des exemples d'initiatives ?

Je pense à un article que nous venons de rendre, et qui illustre la manière dont Acceptess-T s’est emparé de divers outils numériques, de manière complètement détournée et dans une approche de réduction des risques, pour préserver et renforcer les liens sociaux pendant les périodes de confinement, et ainsi maintenir l’accès à la prévention et aux soins. Globalement, c’est un article qui illustre la capacité d’adaptation, d’innovation et d’action dans des délais très courts des assos communautaires, de par leur proximité des personnes et leur présence constante sur le terrain.

 

Je pense également à contrario à Mon Espace Santé, ce nouveau DMP qui doit équiper l’ensemble de la population d’ici avril. Le déploiement est d’ores et déjà en œuvre et nous avons littéralement dû aller chercher l’information, solliciter à plusieurs reprises des rendez-vous auprès des différentes instances pour connaître le fonctionnement du dispositif alors même que les risques en matière de rupture d’égalité dans l’accès aux soins sont réels pour les populations en situation de vulnérabilité du fait de leur parcours de santé – personnes trans, personnes séropositives au VIH, personnes avec un parcours en psychiatrie... Et dans ces conditions, comment accompagner, comment rassurer, comment agir, comment avoir, tout simplement, confiance ? Comment, dans ces conditions, imaginer que les personnes puissent devenir « actrices de leur santé », comme le scandent les instances gouvernementales ?

 

- Comment les soignant.e.s pourraient améliorer leurs pratiques pour rendre les soins plus « safes » pour les concerné.e.s ?

En s’organisant en communautés de pratiques en co-gouvernance (je pense ici très concrètement au ReST), en allant se former auprès des associations, en cultivant le partenariat dans la relation de soin ?

Voici le lien du site de réseau de santé trans que nous vous conseillons de consulter  https://reseausantetrans.fr/

Campagne

Communiqué de Presse

Le Syndicat des Jeunes Médecins Généralistes appelle les candidat-es de gauche à la présidentielle de 2022 à se positionner en faveur de l'accès aux soins pour toutes et tous, pour un système de santé accessible pour toutes et tous, avec moins d'inégalités et de discriminations, pour un hôpital public en meilleure santé et de meilleures conditions d'études et de travail pour les professionnel-les de santé, pour un véritable service public de santé.

Nous avons sélectionné dix propositions que vous trouverez ci dessous qui nous paraissent prioritaires pour relever les défis conséquents auxquels fait face notre système de soin, déjà avant la pandémie et encore plus aujourd'hui.

Les sujets de santé, fondamentaux dans nos sociétés, impactent tous les aspects de nos vies et d'autant plus depuis la pandémie et devraient être au cœur du débat public. Force est de constater qu'ils ne le sont pas. Que nos hôpitaux délaissés et dégradés par les différentes politiques gouvernementales de restriction budgétaire depuis des décennies, continuent de sombrer, les professionnel-les de santé de sombrer avec, burn out mais aussi violences sexuelles et sexistes dans un milieu très sexiste comme nous le denoncions dans une précédente tribune. Pour que les patient-es ne soient plus traité-es comme iels le sont aujourd'hui, mais puissent bénéficier de prise en charge de qualité, sans inégalités ni discriminations, en étant au cœur de leur parcours de soin, co-décisionnaires et non plus dans un rapport de domination, et sans retard de soin.

Nous avons donc sélectionné comme dit plus haut dix mesures prioritaires dont voici le résumé rapide. Vous trouverez le détail de chaque proposition sur notre site internet à l'adresse : http://www.snjmg.org/blog/post/campagne-presidentielle/1881

Concernant le système de santé 

  • Fin de la politique d'austérité à l'hôpital : abolition de la tarification à l'acte et reprise de la dette hospitalière par l'Etat, revalorisation salariale des paramédicaux
  • Extension du corps des PH (praticien-nes hospitalier-es) à l'exercice à temps complet en ville et création de centres de santé publics pour un vrai service public de santé sur tout le territoire

 

Concernant les conditions de travail des soignant-e-s

  • Limitation du temps de travail à 12h consécutives y compris pendant les gardes
  • Réduction des risques psycho-sociaux des étudiant-e-s en médecine : décompte des horaires des étudiant-e-s, retrait d'agrément des stages en cas de harcèlement

 

Concernant l'accès aux soins et la qualité des soins 

  • Investir dans l'accessibilité aux soins : gratuité des soins urgents, accessibilité PMR aux lieux de soins, élargissement des actes de l'AME, interprétariat amélioré, interdiction des dépassements d'honoraires
  • Lutte contre les discriminations en santé : intégration au cursus des étudiant-e-s, intervention de patient-e-s dans la formation aux professionnel-le-s
  • Abandon des mesures de contention et d'isolement en psychiatrie, suspension voire interdiction d'exercer des soignant-e-s reconnu-es coupables de violence envers les patient-e-s

 

Concernant les conditions de vie des malades et handicapé-e-s

  • Améliorer les conditions de vie des malades chroniques et handicapé-e-s : désindexation AAH des revenus du conjoint, augmentation de toutes les allocations et pensions, exonération complète des ALD 31, suppression du délai de carence des arrêts maladies

 

Concernant l'industrie pharmaceutique et la recherche 

  • Réinvestissement dans l'industrie pharmaceutique du secteur public : filières françaises de production, indexation des prix des médicaments sur le coût de fabrication 
  • Reprise en main de la recherché médicale par le secteur public :  Financement de la recherche pour toutes les maladies, indépendament du cout rapporté par les traitements, assurer la recherche sur les maladies rares

 

Nous appelons les candidat-es à faire de la santé une priorité dans les débats et prises de positions publiques. Nous souhaitons que ce thème soit enfin mis au centre de la campagne et appelons par ce communiqué de presse les candidat-es de gauche à s'engager concrètement sur des mesures en faveur de la santé pour toutes et tous, pour des politiques ambitieuses pour le système de soins et les malades.