Experts et conflits d'interets : une lueur d'espoir à l'AFSSAPS

Alors que le trop timide projet de loi sur la réforme du médicament peine à trouver un consensus au Parlement, une nouvelle en provenance de l'AFSSAPS ravive l'espoir de tous ceux qui combattent pour la santé publique et contre l'influence de l'industrie pharmaceutique.

Son directeur général, Dominique Maraninchi, a refusé de publier jeudi des recommandations du groupe de travail sur les anti-infectieux concernant les infections respiratoires hautes, en raison de liens d'intérêt de plusieurs experts avec des laboratoires pharmaceutiques. En signe de protestation, bon nombre de ces derniers ont présenté leur démission.

Certes, cette décision est motivée par la menace d'une annulation des recommandations mais suite à la tentative avortée de promotion au sein de l'agence d'une ancienne responsable des laboratoire Servier, la décision du Pr Maraninchi va incontestablement dans le bon sens.

Comme le rappelle le Formindep, les experts démissionnaires avaient estimé, lors de l'épidémie de grippe A(H1N1) en 2009, que l'on pouvait prescrire du Tamiflux à l'ensemble de la population, aux moindres signes de refroidissement, tout en précisant qu'il n'y avait aucune preuve de son efficacité.

Le SNJMG, syndicat indépendant rassemblant internes, remplaçants et jeunes installés et salariés en Médecine Générale, apprécie donc que le Directeur Général de l'AFSSAPS reste ferme après la demission de ces experts et affirme qu'il existe bien des experts indépendants de l'industrie pharmaceutique, contrairement au discours de celle ci (discours qui contamine depuis trop longtemps les autorités sanitaires du pays et qui a même été prononcé par le ministre de la Santé, lors de la discussion du projet de loi).

Reste donc à convaincre les responsables politiques afin qu'ils améliorent le projet de loi et les associations de patients afin qu'elles comprennent qu'il n'est pas éthiquement possible de porter la voix des malades tout en se faisant financer par l'industrie pharmaceutique.

Démographie médicale ou démagogie médicale ?

Avec l'approche de l'élection présidentielle, les propositions politiques se multiplient au sujet de la démographie médicale.

Malheureusement, elles relèvent trop souvent de la facilité et du manque d'imagination. Ainsi, sous des prétextes plus ou moins nobles, des politiques de la majorité (Philippe Vigier, Véronique Besse) comme de l'opposition (Martine Aubry, Chantal Rodrigo), entendent traiter les nouvelles générations de médecins comme les officiers de santé au XIXe siecle.

Or, comme le rappelle régulièrement le SNJMG, les mesures coercitives évitent d'aborder les vraies questions de fond (difficultés à l'nstallation, évolution des modes d'exercice,...) et ne présentent aucune garantie d'efficacité (cf : les différents rapports officiels produits ces dernières années en France et les exemples canadiens et allemands où les mesures coercitives ont plombé la démographie médicale de ces pays). 

Il n'y a pas que des propositions de coercition qui sont formulées actuellement. Voici, 10 jours, le ministre de la Santé a annoncé, lors d'un congrès médical, un relèvement du numerus clausus pour 2012 (après quelques années de stabilité).

Le SNJMG (syndicat indépendant d'internes, de remplaçants et de jeunes installés en Médecine Générale) qui plaide contre tout "effet yoyo" concernant le numerus clausus, s'étonne de l'augmentation (même symbolique) de ce chiffre, décidée sans concertation préalable.. 

De plus, à l'instar des étudiants en médecine, des doyens des Facultés de médecine et des 2 autres syndicats d'internes, le SNJMG déplore que depuis le relèvement (nécessaire) du numerus clausus enclenché au début des années 2000, le gouvernement n'ait proposé que de rares et limitées mesures d'accompagnement concernant la formation des futurs médecins. Et ce déficit d'accompagnement est encore plus cruel pour la Médecine Générale qui reste le parent pauvre de l'université médicale française alors que la moitié des étudiants formés sont destinés à cette spécialité ! 

Le SNJMG n'acceptera pas que la qualité de formation des médecins soit sacrifiée en France et que le désengagement de l'Etat se poursuive au profit de l'industrie pharmaceutique.

De plus, il va sans dire que compte tenu de la durée des études médicales cette augmentation n’aura pas d’effet avant 2020/2025 alors que le nombre de médecins en exercice va baisser jusqu’en 202O.
En revanche, l’urgence en matière de démographie médicale est de mieux organiser l’exercice ambulatoire afin de dégager du “temps médical” pour permettre aux médecins en exercice de répondre aux besoins de la population. 

Le SNJMG appelle les élus et les dirigeants politiques à plus de responsabilité en matière démographie médicale et d’accès aux soins. Loin des annonces démagogiques, le SNJMG renouvelle sa demande d’un vrai débat national sur l’organisation et le financement de notre système de santé.

Publication de la revue Jeune-MG

Le Syndicat National des Jeunes Médecins Généralistes (SNJMG) édite depuis juin 2011 une revue trimestielle :

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L'abonnement est gratuit pour les (futurs) internes inscrits sur le site d'évaluation de stages hospitaliers (NB : ils doivent cocher la case "j'accepte de recevoir des informations du SNJMG", sans oublier d'indiquer leur adresse postale).

L'abonnement est également gratuit pour les remplaçants, les collaborateurs et les médecins généralistes installés inscrits sur le service de petites annonces gratuites de notre site Internet (NB : ils doivent cocher la case "j'accepte de recevoir des informations du SNJMG", sans oublier d'indiquer leur adresse postale).

Les futurs et jeunes médecins toujours unis pour une réponse pérenne et efficace aux problématiques de démographie médicale

L’ANEMF, l’ISNAR-IMG, l’ISNCCA, l’ISNIH, ReAGJIR et le SNJMG, représentants des futurs et jeunes médecins, souhaitent interpeler les parlementaires aux sujets des solutions à apporter à la problématique de la démographie médicale.

Les inquiétudes licites des élus locaux ne pourront pas trouver de réponses pertinentes et adaptées dans les projets de lois coercitifs actuellement proposés.
Les mesures efficaces doivent être incitatives, globales, structurelles et organisationnelles, intergénérationnelles et concertées.

Les réponses proposées doivent intégrer les modifications d’exercice inhérentes aux changements sociétaux et permettre à l’organisation des soins actuelle d’évoluer et de s’adapter aux modifications des besoins de la population (vieillissement, maladies chroniques…).

La clé réside bien dans la valorisation de l’exercice ambulatoire et non en mettant en place des mesures coercitives. Celles-ci auraient pour seul effet à moyen et long termes de désertifier un peu plus les secteurs libéral et ambulatoire.

Nous sommes à une croisée des chemins. Il se profile pour l’avenir une nouvelle organisation des soins ambulatoires. La solution est d’aider les jeunes et futurs médecins en dessinant un paysage où chacun trouvera un mode d’exercice conjuguant besoins des patients, souhait d’exercice et souhait de vie personnelle.

L’ANEMF, l’ISNAR-IMG, l’ISNCCA, l’ISNIH, ReAGJIR et le SNJMG, dans une lettre ouverte adressée à l’ensemble des parlementaires, tiennent à rappeler leur volonté de promouvoir l’exercice ambulatoire et restent une force de proposition dans la réflexion menée pour répondre aux attentes de la population et de la future profession.

 

Pour l’ANEMF, Pierre HAMANN, Président.
Pour l’ISNAR-IMG, Charline BOISSY, Présidente.
Pour l’ISNIH, François PETITPIERRE, Président.
Pour l’ISNCCA, Julien ADAM, Président.
Pour ReAGJIR, Alice PERRAIN, Présidente.
Pour le SNJMG, Alexandre HUSSON, Président.

Lettre d'information du SNJMG #131

Bonjour

 

Après un été consacré à se mobiliser avec succès contre une menace de pénalisation financière des médecins remplaçants, le SNJMG est intervenu lors de cette rentrée 2011 pour soutenir les internes de médecine générale et pour contrer les pouvoirs d'influence de l'industie pharmaceutique.

 

Concernant la nouvelle promotion d'internes de Médecine Générale de ce mois de novembre 2011, le SNJMG a suivi de près le déroulement du premier "amphi de garnison vituel" et a relayé le mécontentement des futurs internes devant l'ampleur des "bugs" rencontrés.

 

Mi septembre, le SNJMG a été alerté par des internes de Médecine Générale de Bordeaux : leur faculté "sous traitait" au laboratoire Sanofi une formation validante pour leur DES ! Naturellement, le SNJMG a accédé à la demande des internes pour la médiatisation d'un tel "arrangement" entre faculté et laboratoire pharmaceutique.

 

Une fois l'information rendue publique, Mme Eva Joly, candidate EELV à l'election présidentielle, a fait référence à cet exemple concret pour expliciter son programme pour l'Université. De même, Mme Catherine Lemorton, député PS de la Haute Garonne, a cité le communiqué de presse du SNJMG pour tenter d'améliorer par voie d'amendement le projet de loi sur le médicament présenté par Mr Xavier Bertrand, ministre de la Santé. Enfin, cet "arrangement" bordelais est cité, parmi d'autres exemples, par la journaliste Brigitte Rossigneux dans son article du Canard Enchainé du 02.11.11 sur les "liaisons incestueuses des labos avec les facs".

 

Cette médiatisation et le suivi du projet de loi de réforme du médicament s'inscrivent dans l'action historique du SNJMG (cf la charte fondatrice du syndicat) sur les liens de dépendance des différents acteurs du système de soins et rentrent en résonnance avec la thema de ce soir sur ARTE : "Maladies à vendre".

 

Le SNJMG entend poursuivre dans cette voie mais en tant qu'organisation indépendante, il ne peut le faire sans la participation financière des jeunes médecins généralistes : leurs cotisations constituent l'essentiel des ressources du syndicat. Le SNJMG a donc besoin du plus grand nombre d'adhésions (internes, remplaçants et jeunes installés ou salariés)...  notamment quand ses prises de position contrarient des organisations aussi puissantes que les laboratoires pharmaceutiques et leurs relais !

 

A bientot !

 

 

NB 1 : En exergue des petites annonces de notre site Internet (où sont inscrits gratuitement plus de 40% des remplaçants de Médecine Générale), nous tenons à vous informer de cette demande qui nous est faite en urgence :

 

Le Centre de Soins et de Rééducation du lycée Toulouse Lautrec à Vaucresson (92) cherche un médecin généraliste (CDD jusqu’au mois de juin 2012) pour un mi temps (20 heures hebdomadaires) Travail d’équipe auprès d’enfants handicapés moteur scolarisés. Horaires et rythme scolaires (établissement fermé le week end et durant les vacances). Convention FEHAP 51.

Expérience en pédiatrie souhaitée.

Contact : Mme le médecin chef, Dr Sarrazin 06 73 10 20 85

  

NB 2 :  Un interne de Paris 13 prépare sa thèse de Médecine Générale sur la recommandation de la HAS concernant la prise en charge des ulceres de jambe veineux. Si vous etes interessé pour participer à son étude (à base de QCM), merci de le contacter à l'adresse : science.sante.org@gmail.com

Medicament : les sénateurs vont ils donner au projet de loi les moyens de son ambition ?

A l'occasion de l'affaire du Mediator, le ministre de la Santé a annoncé une réforme du médicament en France.

En aout 2011, le ministre de la Santé a présenté un projet de loi reprenant une partie des recommandations faites dans les différents rapports officiels publiés suite à cette affaire. 

Lors de la discussion à l'Assemblée Nationale, les députés ont amélioré le projet de loi par de nombreux amendements mais le résultat n'est toujours pas à la hauteur des enjeux de santé publique.

Aussi, le SNJMG invite les sénateurs à introduire dans le texte de loi les recommandations issues de leur propre rapport sur la question. notamment en ce qui concerne :
  • l'indépendance de l'expertise
  • la comparaison des nouveaux médicaments aux traitements de référence,
  • le financement public d'essais cliniques,
  • l'efficience de la pharmacovigilence,
  • l'indépendance de la formation des médecins

A ce dernier sujet, le SNJMG a alerté le mois dernier les ministres de la santé et de l'enseignement supérieur à propos d'une formation pour internes de médecine générale "sous traitée " par la faculté de Bordeaux au laboratoire Sanofi. Il est remarquable de constater qu'aucun des 3 ministres n'a pris position sur le sujet et que l'actuel texte de loi sur le médicament consacre la poursuite de telles formations dans les facultés de médecine francaises...

La future loi sur le médicament va consacrer l'intrusion de l'industrie pharmaceutique dans la formation initiale des médecins !

Dans le cadre d'une procédure d'urgence, le projet de loi sur le médicament va etre définitivement adopté le 04 octobre 2011 par l'Assemblée nationale.

Si la discussion en commission avait singulièrement limité la portée de ce projet de loi, la débat en séance publique a permis d'apporter plusieurs corrections positives.

Le Syndicat National des Jeunes Médecins Généralistes (SNJMG) a notamment apprécié la démarche d'ouverture du ministre de la Santé pour parvenir au plus large consensus.

Mais cet esprit d'ouverture a montré ses limites sur quelques points sensible (ex : abandon de l'obligation, pour les laboratoires, de mener des essais comparatifs pour prouver le bénéfice apporté par un nouveau médicament mis sur le marché par rapport à un médicament existant). Il a même totalement disparu quand il s'est agi de l'intrusion de l'industrie pharmaceutique dans la formation médicale initiale.

Mme Lemorton et Mr G.Bapt (députés PS de la Haute Garonne) ont évoqué en séance publique le cas dénoncé par le SNJMG d'une formation pour internes de médecine générale  "sous traitée" par la faculté de Médecine de Bordeaux au laboratoire Sanofi.

Au nom de l'autonomie des universités et des partenariats publlics-privé, le rapporteur du projet de loi et le ministre de la Santé ont donné un avis défavorable au projet d'amendement visant à interdire de telles pratiques.

Le SNJMG, seule organisation médicale "junior" indépendante, qui s'est exprimé depuis toujours contre la présence commerciale de l'industrie pharmaceutique tant à l'Université qu'à l'hôpital public, ne peut pas se satisfaire de la réponse du ministre de la Santé.

D'une part, l'investissement de l'industrie pharmaceutique dans la formation initiale est son investissement sur les médecins le plus rentable à long terme.

D'autre part, dans le cas de la faculté de Bordeaux (mais le cas s'est aussi présenté dans d'autres facultés), le blanc seing du gouvernement crée une rupture d'égalité entre les internes qui acceptent une formation organisée par l'industrie pharmaceutique et les internes qui refusent un telle formation sponsorisée (puisqu'elles sont validantes pour le diplôme de fin d'études)...

 

Pour le SNJMG, la persistance, pire l'officialisation, de telles pratiques ne peut être que dommageable pour la santé publique.

Martine Aubry et les jeunes médecins : des propositions populistes !

Jeudi dernier, à l'occasion de son passage à Grenoble, Mme Martine Aubry candidate aux primaires du parti socialiste et des radicaux de gauche, a présenté ses propositions pour la Santé.

 

Parmi celles ci, la maire de Lille veut "demander aux jeunes médecins de s'installer, pendant 5 ans après la fin de leur formation, dans des zones de pénurie". Elle a ajouté : "les médecins ont la chance que les citoyens financent 11 ou 12 ans de leur études", tout en faisant la comparaison avec les énarques ou les normaliens.

Il est manifestement plus facile pour Mme Aubry de stigmatiser gratuitement les jeunes médecins, que de présenter aux Français un projet répondant aux réelles difficultés de la médecine ambulatoire et de l’accès aux soins.

L
es jeunes médecins sont des citoyens comme les autres. Ils n’accepteront pas la remise en question du financement de leurs études par l’Etat  (en partie). Il va sans dire qu’au décours du troisième cycle des études médicales, les jeunes médecins “remboursent” largement l’Etat en travaillant dans les hôpitaux publics pendant 2 à 5 ans, sur une base horaire inférieure au SMIC pour 11 demi journées hebdomadaires de temps de travail hors gardes, elles mêmes rémunérées moins de 8.5 euro brut de l’heure (1).

De plus, à la sortie de leurs études, les médecins ne bénéficient pas d'un statut de fonctionnaire ni d'aide à la mobilité accordée au conjoint qui abandonne son activité pour suivre un agent déplacé comme les énarques ou les normaliens,...

Les élections présidentielles représentent un temps fort de notre démocratie et, à l'heure de l'accroissement des difficultés financières à l'accès aux soins, le SNJMG (qui regroupe internes, remplaçants et jeunes installés ou salariés en Médecine Générale) milite pour que la santé soit l'un des thèmes principaux du débat national. Ce n'est pas une raison de verser dans la démagogie avec des formules à l'emporte pièce, en décalage avec la réalité de terrain.

 

Références :
 (1) Arrêté du 12 juillet 2010 relatif à l'indemnisation des gardes effectuées par les internes , annexe VIII, rémunération des internes et des résidents en médecin, des internes en pharmacie et des internes en odontologie
 
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;jsessionid=8CFE70447D39A9D99061B434CC286EE6.tpdjo10v_1?cidTexte=JORFTEXT000022502911&dateTexte=20110929