Réforme du médicament : le compte n'y est plus !
S'il avait apprécié la philosophie générale du projet, le Syndicat National des Jeunes Médecins Généralistes (SNJMG), qui rassemble internes, remplaçants et jeunes installés ou salariés en Médecine Générale, a été déçu par un texte en retrait des recommandations des différents rapports officiels publiés à la suite de l'affaire du Mediator.
Le 20 septembre 2011, le rejet en Commission des affaires sociales de l'Assemblée Nationale de la plus grande partie des amendements proposés constitue un nouveau revers pour le projet de loi.
Certaines dispositions intéressantes du projet de loi perdent tout ou partie de leur intérêt :
- limitation de la transparence sur les avantages offerts par les firmes aux soignants (création d'une "franchise" de 150 euro, pas d'information personnelle sur les professionnels de santé acceptant les avantages de l'industrie pharmaceutique)
- restriction de la transparence sur les prises de décisions de l’agence du médicament, confirmant la primauté de l’intérêt commercial avant la santé publique
- abandon de toute comparaison obligatoire des nouveaux produits avec les traitements de référence
- abandon de tout projet de recherche clinique indépendante
- absence de tout projet d'expertise indépendante
Les derniers développements de l'affaire du Mediator - mise à jour des relais politiques de Servier (1 et 2), reclassements de faveur pour les anciens responsables de l'AFSSAPS mis en cause dans les rapports officiels (3) - et la démonstatration des connivences entre HAS et industrie pharmaceutique dans la thèse de L.A. Delarue (4), prouve que l'industrie pharmaceutique n'a rien perdu de son pouvoir d'influence dnas le système de santé français. Les députés se retrouvent donc dans la nécessité de faire preuve de courage politique et d'indépendance pour mettre ce projet de loi à la hauteur des besoins de santé publique.
Voici 10 jours, le SNJMG, seule organisation médicale "junior" independante de l'industrie pharmaceutique, alertait publiquement les ministres de la Santé et de l'enseignement supérieur sur le scandale que constituait la tenue le 17 septembre 2011 d'une formation d'internes de médecine générale "sous traitée" à Sanofi par la faculté de médecine de Bordeaux (5). A ce jour, les ministres concernés ne se sont toujours pas exprimés... Qui ne dit mot, consent ?
(1) Le Figaro 13.09.11