Le Conseil de l'Ordre et la liberté d'installation (suite)

Bonjour  
 

Le 07 juin 2012, l'affaire semblait entendue... Au terme de 2 heures de "franche" discussion avec les organisations d’étudiants et de jeunes médecins, le Dr Legmann, président du Conseil de l'Ordre National de l'Ordre des Médecins (CNOM) acceptait de soumettre à son bureau, le 22 juin 2012, de nouvelles propositions, non coercitives, pour remplacer les recommandations sur l'installation annoncées le 29 mai 2012. De leur coté, les organisations d’étudiants et de jeunes médecins se déclaraient disponibles pour travailler avec l'Ordre sur ces nouvelles propositions, une fois retirées les recommandations du 29 mai 2012.

 
Mais, première surprise par rapport à cet accord non écrit, le CNOM ne l'a pas médiatisé ; il s'est contenté de prendre connaissance du communiqué de presse commun des structures "jeunes" annonçant les conclusions de la réunion du 07 juin 2012.

  

De plus, le CNOM a proposé aux structures 'jeunes" d'ouvrir la discussion sur les nouvelles propositions le 21 juin 2012, soit la veille de la présentation de la résolution visant à abandonner les recommandations du 29 mai 2012. Les structures "jeunes" ont répondu que ce n'était pas ce qui avait été convenu le 07 juin 2012 et qu'elles attendaient le vote par le CNOM de l'abandon des recommandations coercitives avant de discuter sur de nouvelles propositions...

 

Le CNOM s'est alors enfermé dans un "silence radio" : pas de réponse au courrier commun des structures "jeunes" ni à la lettre ouverte du SNJMG sur le caractère discriminatoire et non réglementaire des mesures contestées, aucune intervention publique officielle et quasi mutisme des membres du CNOM sur les medias sociaux (hormis la publication d'une note personnelle du Dr Lucas sur les déserts médicaux).

  

Pendant ce "silence radio", le CNOM a soigneusement préparé la réunion de son bureau et l'AG des 22 et 23 juin 2012. Avec l'appui de présidents et de secrétaires généraux (CDOM et CROM) favorables à une politique coercitive envers les jeunes médecins, le CNOM a finalement voté un "moratoire" jusqu'en Octobre 2012 de toutes les recommandations annoncées le 29 mai 2012 et l'ouverture de concertations locales avec tous les acteurs.

 

Par ce vote, le CNOM est revenu sur son engagement d'abandonner les mesures coercitives du 29 mai 2012, abandon préalable à toute discussion. Déçues et trahies par ce tour de passe-passe, les structures "jeunes" ont publié le 27 juin 2012 un nouveau communiqué de presse commun pour rappeler les conclusions de la réunion du 07 juin 2012.

 

Contrairement à notre précédent point d'information au ton modérément optimiste, il apparait ici que la confrontation sur les mesures coercitives ne fait que commencer. Malgré l'absence de base réglementaire pour ses recommandations, le CNOM semble décidé à obtenir un pseudo accord sur des mesures coercitives envers les jeunes médecins (sinon il les aurait déjà abandonnées comme il s'était engagé à le faire le 7 juin 2012). Et comme le CNOM applique le "moratoire" de façon globale aux mesures sur l'installation et à celles sur les dépassements d’honoraires, tout laisse à penser qu'il cherche à "négocier" le maintien des dépassements d'honoraires pour les médecins installés secteur 2 (très majoritairement des spécialistes) contre des mesures coercitives pour les jeunes médecins (majoritairement des généralistes)...

 

Dans cette confrontation, les structures jeunes ont réussi à rester unies et le CNOM ne dispose que d'un seul soutien dans le monde médical : la conférence des doyens de facultés de médecine, un allié certes prestigieux mais aux pieds d'argile. En effet, le Pr Perrotin, nouveau président de la conférence des doyens, est connu pour sa bienveillance envers l'industrie pharmaceutique et pour "l'autorité" qu'il exerce sur les enseignants de Médecine Générale. De plus, dans son premier entretien presse, il a pris des accents de mandarin hospitalier (patient = malade allongé dans un lit) et a prôné une gestion déshumanisée de l'enseignement médical avec le recours aux QCM...

La partie n'est donc pas perdue d'avance pour les jeunes médecins (NB : la nouvelle ministre de la Santé est pour l'instant défavorable à la coercition) mais nul doute que le CNOM saura utiliser au mieux ses importants moyens financiers et institutionnels.

La suite au prochain episode !

 

NB : le SNJMG propose aux jeunes médecins généralistes un fil d'info sur Internet consacré à ce dossier.

A bientôt ! 
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