Expérimentation "petit bras" de la prise en charge de la psychothérapie par l'Assurance Maladie

Le Syndicat National des Jeunes Médecins Généralistes (SNJMG) a pris connaissance de l'ouverture dans 4 départements tests (1) d'une expérimentation de la prise en charge de la psychothérapie par l'Assurance Maladie.


Le SNJMG, syndicat indépendant des laboratoires pharmaceutiques, rassemblant internes, remplaçants et jeunes installés (ou salariés) en Médecine Générale, est conscient depuis longtemps que les médicaments constituent une mauvaise réponse aux problèmes de santé mentale d'intensité légère à modéré (2, 3 et 4). C'est pourquoi il est favorable à une prise en charge par l'Assurance Maladie de la psychothérapie et se réjouit a priori de l'annonce de cette expérimentation.


De plus, le SNJMG, qui soutient une prise en charge des soins primaires en totalité par l'Assurance Maladie, remarque avec satisfaction que dans cette expérimentation les frais de santé seront pris en charge à 100% par l'assurance maladie permettant une dispense totale d'avance de frais pour le patient (tiers payant intégral).


Toutefois, le SNJMG se désole des autres conditions de mise en place de cette expérience. D'une part, les mineurs et les plus de 60 ans sont exclus de l'expérimentation ; ce qui peut s'expliquer par des difficultés techniques mais qui reste décevant en matière de santé publique. D'autre part, si la rémunération du médecin généraliste n'est pas précisée par l'Assurance Maladie (5), la rémunération proposée aux psychologues cliniciens et aux psychothérapeutes est trop déconnectée des pratiques actuelles (6). Enfin, la complexité et les limites du déroulé de la prise en charge (7) ainsi que la non prise en compte des contraintes administratives pour les professionnels ont de quoi en décourager plus d'un(e).


Or, le SNJMG sait bien que les expérimentations peu attractives en matière de financement et d'organisation bureaucratique sont quasiment condamnées à rester des expérimentations sans lendemain...


Le SNJMG demande donc à l'Assurance Maladie de revoir les modalités fragilisant cette expérimentation et de s’engager à rendre public les résultats de celle-ci. Enfin, le SNJMG interpelle le ministère de la Santé qui vient d'annoncer un plan psychiatrie / santé mentale (8) pour qu'il s'implique dans l'expérimentation de l’Assurance Maladie ou du moins qu'il l'intègre dans son plan.

 

Contact presse : Sayaka Oguchi
president@snjmg.org - 07 61 99 39 22

 
(1) : Initiée dans le Morbihan en ce mois de mars, l'expérimentation doit démarrer en mai 2018 dans les Bouches-du-Rhône et en Haute-Garonne et cet automne dans les Landes
(2) : HAS, Recommandation de bonnes pratiques, Épisode dépressif caractérisé de l'adulte : prise en charge en soins de premier recours, octobre 2017 
(3) : NICE, Clinical guideline, Depression in adults: recognition and management, october 2009 
(5) : Le SNJMG s'est déjà prononcé en faveur de la reconnaissance d'une consultation de dépistage/repérage précoce mais constate qu'il n'existe dans la nomenclature actuelle que la cotation ALQP003 en CCAM (en tant qu'acte technique médical) correspondant à l’évaluation par échelle psychiatrique MADRS, Hamilton, Beck, MMPI ou STAI (valeur de l’acte en mars 2018 : 69,12 euros)
(6) : 32 euros pour l'entretien d'évaluation (45 minutes), 22 euros pour chaque séance d'Accompagnement psychologie de soutien (30 minutes) et 32 euros pour chaque séance de Psychothérapie structurée (45 minutes) contre 45 à 50 euros en moyenne actuellement par séance de 45 à 60 minutes.
(7) : Une première évaluation clinique par le Médecin Généraliste permettant l’inclusion, puis après une autre consultation d’évaluation par le psychologue, une deuxième consultation chez le médecin généraliste pour la prescription qui ne peut dépasser dix séances. Après ces dix séances, sans amélioration suffisante, à nouveau rendez-vous chez le médecin et éventuellement un psychiatre pour une prescription d’un maximum de dix séances de psychothérapie structurée (Source : Guide pratique à destination des psychologues cliniciens et des psychothérapeutes)