Vaccination anti grippale 2015-2016 en Metropole

1- Cadre national et international de la vaccination

 

Cadre international :

 

L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) édite chaque année une recommandation sur la composition des vaccins, en février pour l’hémisphère Nord et en septembre pour l’hémisphère Sud. 

La composition du vaccin contre la grippe est actualisée chaque année en fonction des souches qui ont circulé majoritairement durant l’hiver précédent et qui sont les plus susceptibles d’être présentes lors de l’hiver suivant.

Pour la saison grippale 2015-2016 (hiver dans l'hémisphère Nord), le réseau de surveillance de la grippe de l'OMS (le GISRS) recommande le vaccin avec : 

  •  A/California/7/2009 (H1N1)pdm09 (responsable de la dernière pandémie grippale, apparue en 2009) ; 
  •  A/Switzerland/9715293/2013 (H3N2) (l'invité surprise de l'épidémie 2014-2015) ;
  •  B/Phuket/3073/2013 (lignée Yamagata).

NB : Les deux dernières souches diffèrent de l'année précédente

Il est recommandé que les vaccins quadrivalents contenant deux virus grippaux B renferment aussi les trois virus ci-dessus et une souche B/Brisbane/60/2008 (Victoria) – inchangée par rapport à l'année dernière.

Ces vaccins quadrivalents ne font pas l'objet en France de recommandation particulière. Sur le plan pratique, deux spécialités de vaccins quadrivalents sont disponibles en 2015-2016 pour la première fois en France : le vaccin inactivé injectable (Fluarix Tetra) et le vaccin vivant atténué intranasal (Fluenz Tetra).

Rappel : Dans la nomenclature utilisée pour définir ces souches, on trouve dans l'ordre la lettre (A ou B) désignant le type de virus grippal, le lieu d'isolement de la souche virale, le numéro de la souche, l'année d'isolement puis, pour les virus de type A uniquement, l'année d'isolement.

 

Il faut environ deux semaines après avoir été vacciné pour être protégé. Une seule injection annuelle suffit, mais pour les enfants de moins de neuf ans, jamais vaccinés contre la grippe, deux injections, à quatre semaines d’intervalle, sont nécessaires.

 

Cadre national :

 

Liste des indications thérapeutiques ouvrant droit à la prise en charge ou au remboursement par l'assurance maladie :
― les personnes âgées de soixante-cinq ans et plus ;
― les femmes enceintes quel que soit le trimestre de la grossesse ;
― les personnes, y compris les enfants à partir de l'âge de six mois, atteintes des pathologies suivantes :
― affections broncho-pulmonaires chroniques répondant aux critères de l'ALD 14 (asthme et BPCO) ;
― insuffisances respiratoires chroniques obstructives ou restrictives quelle que soit la cause, y compris les maladies neuromusculaires à risque de décompensation respiratoire, les malformations des voies aériennes supérieures ou inférieures, les malformations pulmonaires ou les malformations de la cage thoracique ;
― maladies respiratoires chroniques ne remplissant pas les critères de l'ALD mais susceptibles d'être aggravées ou décompensées par une affection grippale, dont asthme, bronchite chronique, bronchiectasies, hyperréactivité bronchique ;
― dysplasie broncho-pulmonaire traitée au cours des six mois précédents par ventilation mécanique et/ou oxygénothérapie prolongée et/ou traitement médicamenteux continu (corticoïdes, bronchodilatateurs, diurétiques). ;
― mucoviscidose ;
― cardiopathies congénitales cyanogènes ou avec une HTAP et/ou une insuffisance cardiaque ;
― insuffisances cardiaques graves ;
― valvulopathies graves ;
― troubles du rythme graves justifiant un traitement au long cours ;
― maladies des coronaires ;
― antécédents d'accident vasculaire cérébral ;
― maladie hépatique chronique avec ou sans cirrhose ;
― formes graves des affections neurologiques et musculaires (dont myopathie, poliomyélite, myasthénie, maladie de Charcot) ;
― paraplégie et tétraplégie avec atteinte diaphragmatique ;
― néphropathies chroniques graves ;
― syndromes néphrotiques ;
― drépanocytoses, homozygotes et doubles hétérozygotes S/C, thalasso-drépanocytose ;
― diabète de type 1 et de type 2 ;
― déficits immunitaires primitifs ou acquis (pathologies oncologiques et hématologiques, transplantation d'organe et de cellules souches hématopoïétiques, déficits immunitaires héréditaires, maladies inflammatoires et/ou auto-immunes recevant un traitement immunosuppresseur), excepté les personnes qui reçoivent un traitement régulier par immunoglobulines. Sujets infectés par le VIH quels que soient leur âge et leur statut immunovirologique ;
― l'entourage familial des nourrissons âgés de moins de six mois présentant des facteurs de risque de grippe grave ainsi définis : prématurés, notamment ceux porteurs de séquelles à type de broncho dysplasie et enfants atteints de cardiopathie congénitale, de déficit immunitaire congénital, de pathologie pulmonaire, neurologique ou neuromusculaire ou d'une affection de longue durée (cf. supra) ;
― les personnes obèses avec un indice de masse corporelle (IMC) égal ou supérieur à 40 kg/m² ;
― les personnes séjournant dans un établissement de soins de suite ainsi que dans un établissement médico-social d'hébergement quel que soit leur âge ;
― les professionnels de santé libéraux en contact régulier et prolongé avec des sujets à risque de grippe sévère : médecin généraliste, infirmier, sage-femme, pédiatre, pharmacien titulaire d'officine, masseur-kinésithérapeute.

 

Les vaccins sont pris en charge par l'Assurance Maladie uniquement pour les bénéficiaires de la campagne anti grippe et pendant la durée de celle ci (du 12 octobre 2014 au 31 janvier 2016).

 

Liste des vaccins pris en charge (avec leur prix) :

- Agrippal (6,14 euro),

- Fluarix (6,14 euro),

- Immugrip (6,14 euro),

- Influvac (6,14 euro),

- Vaxigrip (6,14 euro).

NB 1 : Tous les vaccins admis au remboursement par la Sécurité Sociale sont trivalents inactivés, sans virus vivant, et sans adjuvant lipidique.

NB 2 : Le vaccin grippal sur culture cellulaire Optaflu est disponible dans les hôpitaux et les structures privées qui en ont fait la demande.

 

Si un médecin souhaite prescrire le vaccin à un patient non ciblé par la campagne, il doit porter sur l'ordonnance la mention NR (non remboursable).

 

En pratique, pour le patient, trois situations peuvent se présenter :


1. Il s'est déjà fait vacciner les années précédentes.
S'il a déjà bénéficié d'une prise en charge de l'Assurance Maladie pour la vaccination antigrippale au cours des années précédentes, ses démarches sont simplifiées : il peut retirer le vaccin directement à la pharmacie et se faire vacciner par une infirmière de son choix, sans prescription médicale préalable. Il lui suffit de présenter le bon de prise en charge intitulé « Vous avez déjà été vacciné contre la grippe ».


2. Il se fait vacciner pour la première fois.
Il doit d'abord consulter son médecin traitant en lui apportant son bon de prise en charge. Le médecin pourra lui prescrire le vaccin antigrippal en l'absence de contre-indication. Il passe alors chez son pharmacien qui lui remettra gratuitement le vaccin puis chez son infirmier (sur prescription), ou le médecin lui-même, qui injectera le vaccin. 


3. Il s'agit d'une femme enceinte et/ou d'une personne souffrant d'obésité.

Le patient doit en parler à son médecin traitant qui pourra lui prescrire le vaccin antigrippal en l'absence de contre-indication et lui éditer un imprimé de vaccination gratuite vierge sur son espacepro-cps.ameli.fr. Le patient passe alors chez son pharmacien qui lui remettra gratuitement le vaccin puis chez son infirmier (sur prescription), ou le médecin lui-même, qui injectera le vaccin. 


À noter : la prescription médicale du vaccin antigrippal reste obligatoire pour les enfants et les femmes enceintes, même si ils ont déjà été vaccinés les années précédentes.

 

Vaccination des professionnels de santé libéraux : l'Assurance Maladie (CNAMTS + MSA + RSI) a adressé en septembre aux professionnels de santé libéraux en contact avec des sujets à risque sévère et des personnes infectées un courrier d’invitation à la vaccination anti grippale auquel est joint un bon nominatif de prise en charge du vaccin.

Déplorant, à nouveau, l'oubli par l'Assurance Maladie des professionnels de santé remplaçants, le SNJMG a continué de proposer aux remplaçants en Médecine Générale qui souhaitaient se faire vacciner de se faire prescrire le vaccin par un des médecins qu'ils remplacent ou par leur médecin traitant (voire eux même si c'est le cas), voire de récupérer, avec son accord, le vaccin d'un médecin qui a décidé de ne pas se faire vacciner...

 

2- Utilité de la vaccination

 

Les autorités sanitaires françaises considérent la vaccination comme la principale mesure de prévention de la grippe. Leur politique vaccinale vise à protéger les personnes pour lesquelles la grippe peut être grave. Pour ces personnes, l’objectif est avant tout de réduire le risque de décès et de complications graves en cas de grippe.

Les autorités sanitaires françaises précisent que l’efficacité du vaccin est variable selon les années, selon les souches et selon les âges mais reste globalement modérée. (Ref.)

Documentation :

Affichette "Campagne de vaccination contre la grippe saisonnière"(PDF - 222.6 ko)

Cinq idées reçues sur la vaccination contre la grippe saisonnière(PDF - 186.6 ko)

Vaccination contre la grippe saisonnière. Questions/réponses Profes...(PDF - 227.8 ko)

Aide-mémoire sur la vaccination antigrippale. Professionnels de san...(PDF - 218.6 ko)

Avis et rapport relatif à l’efficacité de la vaccination contre la ...(PDF - 1.2 Mo)

Avis du Haut conseil de la Santé publique relatif à la vaccination contre la grippe saisonnière chez les personnes atteintes d'une hépatopathie chronique avec ou sans cirrhose (PDF - 138.6 ko)

Avis du Haut conseil de la Santé publique relatif à l'actualisation de la vaccination contre la grippe saisonnière dans certaines populations : femmes enceintes et personnes obèses (PDF - 113.8 ko)

 

Selon les sources indépendantes disponibles, l'efficacité du vaccin serait au mieux de 50% (deux fois moins de grippe chez les sujets vaccinés). Toutefois, selon la Collaboration Cochrane (Synthèse de la Collaboration Cochrane collaborationéditée en 2010 et mise à jour en 2012), si la vaccination permet peut-être d’éviter une grippe sur deux, il n’existe aucune preuve que le vaccin soit efficace sur les complications de la grippe et notamment les décès. Et dans le cas des nourrissons, la Collaboration Cochrane précise en 2012 : "In children under the age of two, the efficacy of inactivated vaccine was similar to placebo".

Dans l'article récapitulatif pour Atoute.org (fait en 2010 et mis à jour en 2012), Dominique Dupagne précise que "le vaccin permet de diminuer au mieux par deux la probabilité d’être alité et incapable de travailler plusieurs jours, tous les dix ou quinze ans". Et en octobre 2015, toujours sur atoute.org, il rappelle : "Se vacciner tous les ans contre la grippe induit une immunité modeste et éphémère. La maladie grippale apporte au contraire une immunité forte, durable, et étendue à des virus grippaux proches de celui ayant provoqué la maladie. Priver durablement des adultes d’une immunité naturelle pourrait avoir des conséquences graves lors de leur grand âge".

Dans son analyse de Décembre 2012, Recommandations vaccinales: Avis d'experts, Jean Claude Grange estime que ni l'obésité ni la profession de médecin généraliste ne sont des indications pour la vaccination. 

Margaret McCartney signale dans un article publié par le BMJ en 2014 : "The evidence is uncertain among people with asthma9; however, flu vaccination does seem to usefully reduce exacerbations in people who have chronic obstructive pulmonary disease.10"

Selon la revue Prescrire :

- "la vaccination grippale des patients dont la fonction hépatique est altérée de manière chronique apparaît raisonnable". (Ref)

- "Se faire vacciner contre la grippe après 65 ans semble éviter des complications graves surtout chez les personnes les plus fragiles". (Ref)

Selon la revue Minerva :

- "L’efficacité de la vaccination contre l’influenza du personnel de maison de repos avec comme objectif la prévention de complications de la grippe parmi les résidents telle une hospitalisation ou le décès par pneumonie n’est pas montrée". (Ref)

Enfin, selon Vaccination of Health Care Workers to Protect Patients at Increased... (CDC - 20.07.12), il n'y a pas de référence scientifique indépendante démontrant l'intérêt de vacciner les professionnels de santé pour protéger les patients qu'ils soignent.

Documentation complémentaire :

Article de la Revue Prescrire sur la vaccination 2013-2014 (réservé aux abonnés)

 

 

 

 

Pour en savoir plus : Revue de presse sur les vaccinations antigrippales depuis 2010

 

3- Risques de la vaccination

 

Vaccins contre la grippe saisonnière :

Selon l’agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), "Plus de cinquante années d’utilisation dans le monde de ces vaccins trivalents en confirment la sécurité d’emploi". Les effets indésirables les plus fréquents sont des effets bénins et transitoires comme des réactions au site d’injection (douleurs et rougeurs), voire des réactions systémiques telles que des douleurs musculaires, des malaises, des céphalées et/ou une fièvre légère. La survenue de réactions allergiques graves demeure quant à elle extrêmement rare (<1 cas/million de doses vaccinales). (Ref.)

Vaccin USA contre la grippe porcine de 1976 :

Si une association entre la vaccination antigrippale et la survenue d’un syndrome de Guillain-Barré, affection auto-immune neurologique, a été évoquée en 1976 aux Etats-Unis lors d’une campagne de vaccination de 45 millions de personnes contre la grippe porcine, une revue de la littérature montre que ce risque est rare. Il ne concerne en effet qu’un cas de plus par million de personnes vaccinées par rapport à la fréquence attendue dans la population adulte. En revanche, la grippe est considérée comme un des facteurs de risque possible du syndrome de Guillain-Barré avec une incidence de l’ordre de 4 à 7 pour 100 000 sujets grippés. (Ref.)

Vaccins contre la grippe A(H1,N1)2009 :

Voir la revue de presse : Quid du vaccin contre la grippe A ?