Proposition létale pour la médecine générale

 

L’incompréhension serait-elle donc totale entre les politiques français et les médecins généralistes ?

Dans un contexte extrêmement tendu où notre profession a conscience de lutter pour sa survie, un groupe de députés UDI et UMP met de l’huile sur le feu en déposant une proposition de loi qui promeut la coercition « afin de forcer les médecins à mieux s’implanter sur l’ensemble du territoire. »

Le Syndicat National des Jeunes Médecins Généralistes (SNJMG) a analysé la teneur de ce texte, qui se révèle bourré d’erreurs, de préjugés et de fausses « bonnes idées ».    

La principale proposition est la mise en place d’un numerus clausus à l’installation des médecins généralistes, avec autorisation de l’Agence Régionale de Santé (ARS) pour la création, le transfert, le regroupement des cabinets, leur distance respective… Outre que cette mesure est inadéquate, car fondée sur le préjugé inexact qu’il y aurait encore des zones « surdotées » en médecins généralistes, elle se révélerait tragiquement contre-productive car elle achèverait de détourner les étudiants de la médecine générale, seule spécialité visée, et plus précisément de l’exercice ambulatoire conventionné, ceci au profit du salariat et du secteur hospitalier, lequel n’a pas la même mission.

La seule contrepartie évoquée est une aide à l’installation en zone rurale, dégressive sur 3 ans. Après avoir pointé l’échec des dispositifs précédents, certes tout aussi timorés, les auteurs du texte semblent manquer d’imagination pour faire mieux… La question du modèle économique de la médecine générale n’est même pas posée, ni celle de l’aide à l’emploi d’auxiliaires salariés, ni celle d’une indispensable amélioration de la protection sociale des médecins conventionnés.

Les députés réinventent ensuite le stage en médecine générale pour les externes … Savent-ils qu’on attend depuis plus de dix ans les moyens nécessaires à sa mise en œuvre ?

La fin du texte sombre dans un abysse de « schémas », « programmes » et « protocoles » censés structurer cette nouvelle médecine enfin encadrée administrativement ! Afin d’aider les ARS dans cette tâche ingrate seraient mises en place des « commissions départementales de démographie médicale », dont les jeunes professionnels, les Facultés et les URPS sont bizarrement absents, mais où les « parlementaires du département » n’ont pas été oubliés…

Au terme de la lecture de cette proposition de loi, il apparaît que ses auteurs connaissent manifestement mal le sujet sur lequel ils ambitionnent de légiférer. A cet égard, leurs considérations sur la démographie médicale, par exemple, sont déjà suffisamment parlantes. Ces députés affirment en effet successivement « que le nombre des médecins augmente », puis un plus loin qu’il « poursuivra une diminution », dont ils voient comme seule et unique cause la mise en place du numerus clausus en 1971… Une analyse plus approfondie leur aurait peut-être permis de comprendre cet apparent paradoxe : si l’effectif médical global est quasi-stable, c’est la part des généralistes qui est en constante diminution ces dernières années. Entre 2007 et 2014, le nombre de médecins généralistes a effet chuté de 6.5 % tandis que celui des autres spécialités continuait d’augmenter. Comment expliquer cette situation ? Par le fait que la médecine générale est une spécialité qui souffre, qui reste discriminée symboliquement et financièrement, qui ne dispose pas aujourd’hui des moyens nécessaires pour remplir sa mission auprès de la population.

Oui, il y a urgence pour sauver la médecine générale, qui est si importante et utile pour nos concitoyens.

Cela suppose d’apporter rapidement des réponses à un certain nombre de questions cruciales : la place de la médecine générale dans le système de santé, les évolutions nécessaires de son modèle économique, les moyens indispensables pour une formation initiale et continue de qualité, la structuration et le financement des soins primaires et de la coordination des soins…

Le SNJMG va continuer son travail d’explication auprès des élus et appelle les électeurs français à ne pas se laisser abuser par des discours simplistes qui mettent en danger leur santé de demain.  

 

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