Médecine Générale : la catastrophe est-elle inévitable ?

 

Le Syndicat National des Jeunes Médecins Généralistes (SNJMG) a pris connaissance du billet du Dr Borée, ce jeune médecin  généraliste de campagne, blogueur et auteur du livre « Loin des villes, proche des gens », qui annonce sa prochaine désinstallation (billet publié ce lundi sur son blog et repris par Rue89).

 

Le SNJMG est attristé par la nouvelle, mais pas tout à fait surpris…

 

Au cœur de notre réflexion sur la Médecine Générale se retrouvent en effet les écueils évoqués par le Dr Borée :

- insuffisances de l’aménagement du territoire dans certaines zones géographiques (Internet haut débit, couverture téléphonique, services publics de proximité…) rendant difficile un exercice professionnel moderne et de qualité,

- absence de prise en compte de la situation professionnelle et sociale du conjoint du médecin,

- modes et niveaux de rémunération inadaptés à des prises en charge de plus en plus complexes et demandeuses de temps en Médecine Générale, à partir du moment où l’on choisit de se consacrer aux populations qui en ont le plus besoin (enfants, personnes âgées, défavorisées, ayant besoin d’aide psychologique…),

- pénalisation des revenus des médecins qui veulent pratiquer cette Médecine Générale de qualité et qui refusent de tomber dans le cercle vicieux qui consisterait à tenter de compenser cette sous-cotation par une course à l’acte sans grande valeur médicale ajoutée et sans grand intérêt intellectuel, en multipliant les journées à rallonge, en sacrifiant les temps de ressourcement personnel et de formation professionnelle, en renonçant à des investissements utiles à une pratique de qualité, toutes choses qui mènent finalement au burn-out…

 

On ajoutera volontiers, entre autres :

- d’importantes contraintes administratives et de gestion qui justifieraient d’une assistance par des professionnels dédiés, rémunérés grâce des forfaits de fonctionnement ad hoc,

- un régime de protection sociale aux déficiences incompréhensibles pour des praticiens conventionnés avec l’Assurance Maladie ! (pas d’IJ avant 90 jours en maladie, pas de couverture des soins liés à un Accident du Travail…),

- un régime de retraite aux fragilités inquiétantes,

- le déni symbolique et financier de la qualité universitaire et professionnelle de la spécialité Médecine Générale au sein d’un système conventionnel qui discrimine de façon injustifiable entre médecins (le SNJMG demande la suppression du secteur 2 et son remplacement par un secteur unique revalorisé),

- sans oublier le florilège des « fausses bonnes idées » coercitives, censées résoudre la crise démographique et qui achèvent de faire fuir les plus motivés !

 

Depuis des années, le Syndicat National des Jeunes Généralistes (SNJMG) alerte les pouvoirs publics sur cette crise grave de la Médecine Générale et avance des propositions, notamment en publiant l'hiver dernier ses 10 principales mesures face aux défis de la démographie médicale.

 

A travers la médiatisation de ce cas personnel qui nous touche*, nous souhaitons que les responsables publics prennent enfin la mesure exacte de la crise de la Médecine Générale. Il ne suffira pas de quelques gadgets pour sauver la médecine de proximité, c’est tout le modèle économique et professionnel de la Médecine Générale qu’il faut repenser d’urgence.

 

Cette métamorphose devenue indispensable nécessite bien sûr une redistribution de moyens : c’est au Président de la République, au Premier Ministre et à Madame la Ministre des Affaires Sociales et de la Santé de prendre leurs responsabilités en prouvant que la Santé des Français leur tient réellement à cœur.

 

Vous pouvez éviter la catastrophe ! Il faut agir, maintenant !

 

(* : Bon vent à Borée, que nous saluons)

 

                                                                                                    

Contact : Théo COMBES - president@snjmg.org - 06 81 00 22 90