Franchises médicales : une mesure économiquement incohérente et socialement dangeureuse

Le Syndicat National des Jeunes Médecins Généralistes (SNJMG) a pris connaissance du geste desespéré d'un patient atteint du sida en grève des soins contre les franchises médicales.

Bien évidemment, le SNJMG ne peut pas éthiquement soutenir un tel geste.
 
Toutefois, le SNJMG rappelle que par définition, les franchises médicales ne concernent que les patients, les autres personnes en sont exempté de facto. Ainsi, elles constituent une première brèche dans le principe de solidarité nationale.

Par ailleurs, leur objectif n'est toujours pas établi. Tantôt, elles sont présentées comme une mesure d'économie pour les comptes de l'Assurance Maladie (c'est pour ce motif que le Conseil Constitutionnel les a validé). Tantôt, elles sont présentées comme une nouvelle source de financement en vue de la prise en charge de la Maladie d'Alzheimer, du cancer et des soins palliatifs. Une chose est sûre : elles ne peuvent pas être les deux à la fois.

Notons que dans le cas d'une mesure d'économie, ces franchises n'ont aucune vertu pédagogique puisqu'il ne peut y avoir aucune "responsabilisation" immédiate des patients : du fait du tiers payant, les franchises ne seront pas appliquées sur le moment mais ultérieurement sur d'autres remboursements (à commencer par les remboursements de Médecine Générale).

Quoiqu'il en soit, et dans tous les cas, ces franchises ne sont pas économiquement "payantes". En effet, elles ne généreront que 850 millions d'euros par année pleine alors que la taxation des stocks options proposées par P.Seguin au nom de la Cour des Comptes en aurait généré environ 4 fois plus. Et, "last but not the least", cette somme de 850 millions d'euros est bien inférieure aux sommes perdues par la Sécurité sociale avec l'exonération de cotisation des heures supplémentaires instaurée au 1er octobre 2007 et que l'Etat devrait théoriquement compenser : le dispositif a coûté au moins 75   millions d'euros le premier mois...

Une fois de plus, le SNJMG appelle le président de la République à revenir sur cette décision et à instaurer un véritable débat sur le financement de la protection sociale.