Elections URPS - Médecins 2015 : Quels enjeux ?

 

Du 5 au 12 octobre prochains les médecins installés sont appelés à élire leurs représentants aux Unions Régionales des Professionnels de Santé (URPS).

 

De quoi s’agit-il ?

Créées par la loi HPST de Juillet 2009 (sur le modèle des anciennes Unions Régionales des Médecins Libéraux issues des Ordonnances Juppé), les URPS sont des assemblées représentatives des professionnels installés non-salariés des différents métiers de la santé. Interlocutrices officielles des Agences Régionales de Santé (ARS), les URPS participent à l’évaluation, l’amélioration et l’organisation des politiques de santé à l’échelle de la région, contribuant ainsi à contrebalancer les dérives technocratiques par une expérience du terrain (Pour en savoir plus : infos pratiques)

Au-delà du rôle de proximité essentiel des futurs élus, les résultats à ces élections professionnelles servent aussi de base pour déterminer la représentativité des syndicats médicaux « seniors » au niveau national.

Au moment où le visage final de la Loi de Santé reste incertain et où vont s’ouvrir des négociations pour une nouvelle Convention Médicale qui durera 5 ans, l’enjeu est donc crucial.

 

Comment les syndicats « juniors », et notamment le Syndicat National des Jeunes Médecins Généralistes (SNJMG), peuvent-ils agir sur ce levier qui conditionne l’avenir de notre métier et de notre système de santé ? La chose n’est pas aisée car les statuts actuels des URPS excluent de ce scrutin tous les médecins remplaçants, même thésés. L’argument avancé pour cette relégation est la mobilité des remplaçants et leur absence d’implantation locale fixe. Ce raisonnement ne nous semble ni exact ni légitime, car les médecins remplaçants dès lors qu’ils sont immatriculés en tant que professionnels libéraux ont pour adresse professionnelle celle de leur domicile, laquelle est d’ailleurs prise en compte pour leur faire payer la contribution économique territoriale (CET)… Le SNJMG réclame un amendement à la Loi de Santé pour modifier les statuts des URPS afin que les médecins remplaçants thésés puissent de façon logique y être électeurs et éligibles.

Dans les conditions réglementaires actuelles, l’implication des syndicats « juniors » est donc forcément limitée. Cependant le SNJMG n’a pas l’habitude de céder à la facilité et nous n’entendions pas pour notre part botter en touche. En effet le destin de la Médecine Générale pour ces 5 prochaines années est en jeu.

 

Le SNJMG a étudié soigneusement le choix qui nous est proposé :

  • Le passif est lourd du côté de la CSMF et du SML, signataires de la convention de 2005 qui a aggravé le décrochage de la médecine générale par rapport aux autres spécialités. Rayée d’un trait de plume, l’option médecin référent a été remplacée par un médecin généraliste « traitant » sans moyens, tandis que toutes les autres spécialités bénéficiaient dans le même temps de l’ouverture de différentes majorations (« C2 », « Majoration Provisoire Clinique » à 2 €, « Majoration de Coordination Spécialiste » à 3 € ou « Dépassement Autorisé » récompensant le contournement du parcours de soins …) Résultat logique : entre 2005 et 2011 la croissance des honoraires des médecins généralistes s’est limitée à 2 %, bien en-dessous de l’inflation, alors qu’elle a été de 11 % pour les autres spécialités… 

 

  • Autre syndicat polycatégoriel, la FMF avait pu sembler progressiste en reprenant l’idée du SNJMG d’un « secteur unique revalorisé ». Malheureusement la FMF promeut en fait le principe des dépassements d’honoraires généralisés, prend la défense du président de la CARMF quand il met en péril l’intérêt des médecins de secteur 1 en voulant supprimer l’ASV, et finalement conclut une alliance électorale avec l’UFML, organisation aux nombreux participants poujadistes dont les valeurs sont totalement incompatibles avec celles du SNJMG (Cf. ci-dessous).

 

  • UFML, Union Collégiale (UC), FML et autres… Les syndicats, associations et autres groupuscules ultra-libéraux fleurissent sur le terreau de la colère si légitime des médecins. Très forts pour la critique et la caricature souvent malodorante, ils se révèlent moins inspirés quand il s’agit de proposer une alternative crédible. Le programme de l’UC tient sur son site en seule une phrase : « on y va pour tout casser »… Est-ce vraiment à la hauteur des enjeux de notre profession ? Beaucoup plus prolixe, l’UFML crie au loup sur tous sujets, fait feu de tout bois, se bat même contre des moulins à vent, semblant découvrir par exemple que « la politique de santé est de la responsabilité de l’Etat »  et s’en offusquant, puis demandant dans sa logique ultralibérale la suppression des rémunérations conventionnelles pour un retour au paiement à l’acte exclusif, prétendant bien sûr que l’UFML ferait mieux que les syndicats « classiques » en passant sans difficulté la consultation à au moins 45 euros, appelant de façon irresponsable les médecins à un déconventionnement suicidaire, laissant écrire sur son site que l’affiliation à la Sécurité Sociale ne serait plus obligatoire en France ce qui est complètement faux, affirmant sans hésitations être « la seule structure à ne JAMAIS avoir fait d’erreur d’analyse » tout en faisant semblant de ne pas comprendre les nuances qualitatives (souvent plus élaborées) des autres syndicats. Il faut dire que de nuances il n’y a guère dans ce discours démagogique qui vise à séduire le plus grand nombre en s’appuyant sur la caricature et la désinformation. Dans quel but ? On comprend en relisant l’historique de ce mouvement, réalisé par l’UFML elle-même, qu’il s’agit avant tout de voler au secours du secteur 2 !!!  Ce combat n’est pas celui des généralistes, qui ont tout à perdre en cas de victoire de ce "projet". Rassurons-nous, car derrière le masque inquiétant du fanatisme idéologique des concessions sont toujours possibles, puisque la clinique du président de l’UFML pratique bien le tiers-payant et « est conventionnée avec la plupart des mutuelles complémentaires »…

 

 

  • Il semble que le Syndicat de la Médecine Générale (SMG) ait fait le choix de rester à l’écart du processus électoral. Le SNJMG regrette l’absence du SMG qui va manquer au débat d’idées. Pour mémoire, en 2010 lors des précédentes élections, le SNJMG avait participé à des listes communes « SMG-MGF-SNJMG ».

 

Après examen de cette « offre électorale », le Comité Directeur du SNJMG a jugé que les revendications exprimées par le syndicat MG-France étaient à ce jour les plus compatibles avec les valeurs et la plate-forme syndicale du SNJMG.

 

Le Comité Directeur a donc décidé de donner suite à la proposition de MG-France d’intégrer des personnalités issues du SNJMG sur certaines de ses listes :

  • Procope PANAGOULIAS (Trésorier national) en Ile-de-France,
  • Pierre MARTIN (Président d’honneur) et Théo COMBES (Président sortant) en Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon (future « Occitanie »).

 

Le SNJMG appelle aussi les autres structures constitutives du Front Généraliste à rester fidèles à leurs valeurs et à se positionner utilement pour qu’avance la cause de la Médecine Générale.

Toutes celles et tous ceux qui ont lutté depuis des mois contre la maltraitance subie quotidiennement par les médecins généralistes doivent rester mobilisés et transformer l’essai grâce à leur vote. L’objectif est de peser suffisamment fort pour que la nouvelle Convention donne enfin la priorité à la Médecine Générale, en termes de reconnaissance, de moyens et d'indépendance.

C’est loin d’être acquis, car les syndicats polycatégoriels, devant ménager ceux qui profitent depuis trop longtemps du système actuel grâce à des actes mieux cotés et/ou des dépassements d’honoraires, feront tout pour maintenir le statu quo et empêcher une si effrayante victoire des défenseurs de la Médecine Générale, n’hésitant bien entendu pas à manier sans vergogne mensonge et désinformation.

 

Fidèle à ses principes, le SNJMG n’impose jamais de consigne de vote à ses adhérents « Jeunes Installés ». Il convenait toutefois de leur apporter les informations nécessaires pour ce scrutin crucial.  

 

C’est à vous de jouer maintenant !