Conflits d’intérêts en Santé : Un Ministère aveugle et sourd

 

Lorsque fin mars 2015 une enquête du site Mediapart avait révélé la collusion scandaleuse entre experts d’agences sanitaires et industries du médicament, le Syndicat National des Jeunes Médecins Généralistes (SNJMG) était une nouvelle fois monté au créneau pour déplorer le double langage du gouvernement quant aux liens d'intérêts dans le domaine de la Santé.

 

Dans la journée de la publication de ce communiqué de presse, le SNJMG avait été contacté par le cabinet de la Ministre de la Santé qui assurait de sa volonté d’avancer sur le sujet, et  Mme Marisol TOURAINE avait effectivement déposé dès le lendemain un amendement surprise au projet de loi de Santé, imposant aux organismes concernés de contrôler la sincérité des déclarations d’intérêt des professionnels de Santé.

Fallait-il voir dans cet acte un début de remise en cause de la politique trop conciliante des pouvoirs publics vis-à-vis des laboratoires pharmaceutiques ? Malheureusement l’action du Ministère de la Santé semble démontrer le contraire.

 

Alors que les polémiques et les scandales impliquant l’industrie pharmaceutique s’accumulent, Madame Marisol TOURAINE trouve opportun de remettre de ses mains ce lundi 6 juillet au Ministère de la Santé la légion d’honneur à Monsieur Patrick ERRARD, président du LEEM, fédération des entreprises du médicament.

 

Pendant ce temps-là, les affaires continuent … Après le travail de la revue Pratiques sur le dossier Lucentis®/Avastin® concernant le traitement de la Dégénérescence Maligne Liée à l'Age (DMLA), les révélations du Formindep sur les très onéreux nouveaux traitements de l’hépatite C ne semblent guère émouvoir les pouvoirs publics. Après la mise sur le marché du Solvadi® à un prix record, le Journal Officiel du 17 juin 2015 a inscrit au remboursement une seconde spécialité, Harvoni®, au prix de 46.000 € pour 3 mois de traitement. Avec 650 millions d’euros de dépenses supplémentaires pour l’Assurance Maladie générées en 2014, il convenait bien sûr de s’interroger avec soin sur le rapport coût/efficacité de tels traitements. Or le Ministère a pris ses décisions sur la base du rapport « DHUMEAUX », lequel a été commandé à des experts rémunérés par le laboratoire américain commercialisant le médicament !

 

Décidément les conflits d'intérêts dans le domaine de la Santé coûtent vraiment très cher aux Français. Quand le gouvernement va-t-il enfin ouvrir les yeux et se réveiller ?

 

Le SNJMG s’associe au Formindep dans son interpellation de la Ministre de la Santé pour :

- le retrait du rapport de recommandations « DHUMEAUX », en raison de l’absence de prise en compte des conflits d’intérêts de ses rédacteurs,

- la réévaluation des avis de la Commission de la transparence portant sur les antiviraux à action directe dans l’hépatite C chronique (ASMR et surtout population à traiter),

- une réactualisation des données épidémiologiques concernant l’hépatite C chronique (les évaluations ont été menées sur des données obsolètes),

- une refonte du site transparence.gouv.fr, corrigeant les lacunes identifiées par le Formindep et permettant enfin l’application de la loi Bertrand de 2011 qui prévoyait la publication du montant des conventions,

- une révision complète du fonctionnement du CEPS (Comité Economique des Produits de Santé, chargé d'établir le prix des spécialités remboursables par l'Assurance Maladie) par un amendement de la loi de Santé.

 

Dans l'attente de la réponse de Madame TOURAINE, le SNJMG appelle tous les citoyens à signer la pétition « Mains propres sur la Santé ».

 

 

Contacts Presse :

Théo COMBES - Président - 06 81 00 22 90 - president@snjmg.org

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