Benfluorex (Mediator) : un "scandale sanitaire" révélateur

Entre 1976 et 2009, plus de 500 patients seraient morts en France d'avoir pris du Benfluorex (Mediator). Et plus de 3500 auraient été hospitalisées pour des lésions des valves cardiaques. Ces chiffres sont donnés par l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) suite à une enquete de la CNAM.

L'alerte mondiale sur les dangers du Benfluorex (Mediator) a été donnée en 1997. Si toute la famille de produits dont fait partie le Benfluorex (Mediator) a été retirée de la vente aux USA en cette même année 1997, il aura fallu attendre 1999 en France pour que la Commission de la transparence propose son déremboursement au vu de son peu d'intérêt thérapeutique. Ce n'est qu'en Novembre 2009 que le produit est finalement retiré de la vente en France (NB : la France a été le dernier pays européen à le faire, avec Chypre et le Portugal).

Il aura donc fallu un long et difficile parcours pour que ce produit (au mieux inefficace, au pire dangereux) soit enfin retiré. Aussi le Syndicat National des Jeunes Médecins Généralistes (SNJMG) tient il à féliciter la revue Prescrire (revue indépendante de l'industrie pharmaceutique), le député Gérard Bapt, le Dr Dupagne, et le Dr Frachon (CHU de Brest) pour leur action d'information des citoyens sur ce dossier de santé publique. 


Pour le SNJMG qui rassemble internes, médecins remplaçants et jeunes installés et salariés en Médecine Générale, ce dossier est révélateur de la (trop grande) influence de l'industrie pharmaceutique sur le système de santé francais.

Dans son livre, le Dr Frachon raconte comment a
près avoir recensé et analysé toutes les observations de valvulopathies du CHU de Brest, elle a alerté l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps). Ni la firme commercialisant Mediator°, ni l’Afssaps, pourtant censée protéger les patients et leur santé, ne se sont empressées pour prendre en compte les effets indésirables graves observés chez des patients sous benfluorex. L’auteure écrit qu’« (…) avec l’Afssaps, on “négocie” plus qu’on ne discute ».

Nous sommes dans un pays qui ignore le conflit d'interet : la gestion de la grippe A en a été un parfait exemple. Mais outre les experts et les politiques, l'industrie pharmaceutique finance l'essenteil des organisations d'étudiants en médecine, de médecins et de patients. Difficile d'y échapper...

Le SNJMG apprécie que le nouveau ministre de la Santé se soit immédiatement emparé de ce dossier et note avec interêt la constitution d'un groupe de suivi et l'ouverture d'une enquete de l'IGAS.

Quelques mois après avoir vu les autorités sanitaires s'auto congratuler de leur bonne gestion de la grippe A, la société française acceptera difficilement d'entendre ces mêmes responsables expliquer qu'ils ont agi au mieux de l'interet des patients dans leur gestion du Médiator.


Dans l'immédiat, le SNJMG invite tous les jeunes médecins généralistes à informer les patients ayant utilisé ce produit et d'adresser à un cardiologue tous ceux qui le necessitent.

 

 

NB : Le SNJMG est un syndicat indépendant dont le financement provient essentiellement des jeunes médecins généralistes. Il refuse tout financement de l'industrie pharmaceutique, de l'etat, de la sécurité sociale, du conseil de l'ordre des médecins et des unions de professionnels de santé.