Arboviroses et moustiques

Article publié à l'occasion de la pandemie 2016 de virus Zika puis mis à jour régulièrement en élargissant le thème aux autres arboviroses et aux différents moustiques...

(Sources : OMS, CDC, Agence de santé publique du Canada, NHS, BMJ, Ministere de la santé - France, INPES, InVS, HCSP, CRAT, CNPGO)

 

Arboviroses :

 

Les arbovirus, appartenant à la famille des Flaviviridae (qui comprend environ 70 virus pathogènes pour des animaux et/ou l'homme), sont des virus transmis par les arthropodes suceurs de sang (moustiques, tiques et phlébotomes). 

Les virus de la fièvre jaune, de la dengue, du chikungunya et du zika sont des arbovirus transmis par des moustiques du genre Aedes, essentiellement Aedes albopictus et Aedes aegypti.

Les virus du Nil occidental et usutu (ou USUV) sont principalement véhiculés par des moustiques Culex, parfois par des moustiques Aedes albopictus.

Le virus de l'encephalite japonaise est véhiculé par des moustiques Culex (principalement Culex tritaeniorhynchus).

 

 

- Maladie à virus Zika

Le virus zika est d'abord apparu en Afrique. C'est en Ouganda, en 1947, que le virus a été isolé pour la première fois chez un singe. La forêt proche de Kampala lui a même donné son nom. Le premier cas humain de fièvre zika a été rapporté en 1968, selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). 
La première véritable épidémie a eu lieu en 2007, sur l'île de Yap, en Micronésie. La poussée suivante du virus est intervenue en Polynésie française, autour de Tahiti, avec plusieurs dizaines de milliers de cas, d'octobre 2013 à avril 2014. Puis le virus est arrivé au Brésil, en avril 2015, où 440 000 à 1,3 millions de cas suspects ont déjà été recensés. il s'est ensuite étendu à l'Amérique latine, aux Antilles et aux USA... La pandémie a été officiellement reconnue en début 2016, puis, en 2017, l'OMS a déclaré la fin de la pandémie.

 

Notre dossier pour la pandemie de 2016 :

 

 

 

La stratégie de surveillance épidémiologique de la maladie Zika repose à ce jour sur la définition de cas suivante :
Cas suspect : exanthème maculo-papuleux (principalement sur le tronc +/- prurit) avec ou sans fièvre même modérée et au moins deux signes parmi les suivants : hyperhémie conjonctivale, arthralgies, myalgies, en l’absence d’autres étiologies (Normalement, ces symptômes disparaissent en 2 à 7 jours).
Cas confirmé : Rt-PCR Zika positive sur le sang ou l’urine.
Cas importé : personne dont les symptômes ont débuté moins de 15 jours après le retour d’un séjour en zone d’épidémie à virus Zika.

 

 

Diagnostic et prise en charge :

Dès qu’un patient correspond à la définition de cas suspect, il convient de confirmer le diagnostic biologique selon les méthodes suivantes :
Prélèvement sans délai d’un échantillon biologique sanguin et urinaire afin d’effectuer un examen direct par qRT-PCR (NB : la virurie semble plus prolongée que la virémie, jusqu’à dix jours pour la première alors que la seconde durerait deux à cinq jours) ;
En présence de signes cliniques évocateurs et d’un résultat négatif par qRT-PCR, il est alors nécessaire d’envoyer un prélèvement au CNR des arboviroses, basé à l’IRBA de Marseille. Ce laboratoire est le seul en capacité de réaliser des séroneutralisations de confirmation.

Remarque : en zone d'endémie mixte, ne pas oublier de demander en sus du PCR Zika, les PCR Chikungunya et Dengue... ne serait ce que pour prise en charge et remboursement sécu... 

La maladie à virus Zika se caractérise par :

une période d'incubation de 3 à 12 jours ;
une proportion importante de cas asymptomatiques (74 à 81%) ;
une morbidité moins marquée que celle de la dengue ou du chikungunya (Toutefois l’observation d’une fréquence inhabituelle de complications neurologiques à type de syndrome de Guillain-Barré, et l’augmentation d’un risque de microcéphalies incitent à une vigilance spécifique en cas d’épidémie par le virus Zika) ;
une absence de mortalité directe ;
une difficulté de diagnostic clinique et biologique, notamment lorsque coexistent d’autres arboviroses ;
une thérapeutique uniquement symptomatique reposant sur le paracetamol (Rappel : il n’existe pas de vaccin disponible).

 

 

 

 

Conseils de prévention pour la maladie à virus Zika et ses complications pour printemps/été 2016 : 

 

 

 

 

 

Actualisations Eté 2016 - Eté 2017 :


 

Pour en savoir plus :

Répulsifs et grossesse (Source : CRAT)

Conseils spécifiques du CNPGO pour les femmes enceintes et les femmes en age de procréer + conseils du CDC

Conseils du HCSP pour la prise en charge des nouveau nés et des nourrissons

Conseils de prévention des piqures de moustiques des autorités sanitaires britanniques

Dossier de vulgarisation scientifique du New York Times

Questions/réponses sur le site de l'OMS

Ressources pour soignants (CDC)

Articles du BMJ sur le virus Zika (en accès libre)

Infos de l'ARS de Guyane

Infos de l'ARS de Martinique

Infos de l'ARS de Guadeloupe

 

Infos post pandémie de 2016 :

 

 

 

- Dengue et chikungunya

 

Quelques rappels cliniques :

 

dengue versus chik

 

chik artic

 

Fil d'actualité :

 

NB : Cas importé / cas autochtone :

Si une personne ayant séjourné en zone de circulation connue du virus (chikungunya, dengue ou zika) présente dans les 15 jours suivant son retour en métropole des signes évocateurs (exemple pour la dengue : douleurs articulaires, douleurs musculaires, maux de tête, éruption cutanée avec ou sans fièvre, conjonctivite), elle doit consulter un médecin et continuer à se protéger contre les piqûres de moustiques, y compris en utilisant si possible une moustiquaire, afin de ne pas transmettre la maladie en métropole, si le moustique tigre est présent dans le département. Elle est alors considérée comme un cas importé (suspect ou confirmé).

Un cas autochtone est un cas suspect ou confirmé de chikungunya, de dengue ou de zika n’ayant pas séjourné en zone de circulation connue du virus (Rappel : possibilité de transmission sexuelle pour le virus zika).

 

Pour toute information complémentaire, un dossier avec les outils disponibles pour le grand public et les professionnels de santé figure sur le site internet du ministère de la santé :

Le chikungunya
La dengue
 

Précisions adminsitratives concernant Chikungunya, Dengue et Zika :

Dans tous les départements de métropole, un dispositif de déclaration obligatoire de tous les cas confirmés de dengue, de chikungunya et de zika est mis en place tout au long de l’année.

Dans les départements de métropole où le moustique tigre est implanté et pendant sa période d’activité (du 1er mai au 30 novembre), un dispositif de surveillance renforcée de tous les cas suspects a été mis en place. Il fait suite au plan ministériel anti-dissémination de la dengue, du chikungunya et du zika en métropole. Ce dispositif prévoit le signalement rapide du cas suspect avant la confirmation biologique. Ceci permet d’intervenir plus rapidement autour du patient pour éviter la survenue de nouveaux cas.

Pour l' Ile de France :Dengue / chikungunya / Zika : Fiche de signalement accéléré (pdf, 137.71 Ko)

 

- Fièvre jaune et fièvre du Nil occidental

 

La fièvre jaune est une arbovirose des singes de la forêt équatoriale d'Amérique du sud et d'Afrique. Transmise d’un singe à l’autre par des moustiques, elle est ensuite transmise à l’homme lorsque celui-ci est piqué.

NB : Cartographie OMS des villes du monde qui présentent un risque de propagation de la fièvre jaune (11 avril 2018)

 

Le virus du Nil Occidental doit son nom au district de West Nile en Ouganda où il a été isolé pour la première fois en 1937 chez une femme souffrant d'une forte fièvre. Il a ensuite été détecté chez des hommes, des oiseaux et des moustiques en Égypte dans les années 1950, et a depuis été retrouvé chez l'homme ou l'animal dans divers pays. Il est désigné également sous le nom de virus de Rabensburg.
Il infecte principalement les oiseaux, mais on a la preuve qu’il peut infecter, outre les hommes, les chevaux, les chiens, les chats, les chauves-souris, les tamias, les mouffettes, les écureuils et les lapins domestiques. La principale voie d'infection de l’homme est la piqûre d'un moustique infecté.

Présentation clinique :

Quatre personnes sur cinq ne présentent aucun symptôme.

Certaines personnes infectées commencent à présenter des symptômes de 2 à 15 jours après avoir été piquées par un moustique infecté. Les symptômes les plus courants sont les suivants :

fièvre

maux de tête

courbatures

nausées vomissements

éruption cutanée sur la poitrine, le ventre ou le dos

Environ une personne sur 150 éprouvera des symptômes graves, notamment :

une forte fièvre

des maux de tête intenses

une faiblesse musculaire

une raideur de la nuque

de la confusion

des tremblements

des engourdissements

une sensibilité soudaine à la lumière

Pour en savoir plus : Repérer et prendre en charge un patient suspect d'infection à West-Nile virus (VWN)

 

 

Pour toute information complémentaire, un dossier avec les outils disponibles pour le grand public et les professionnels de santé figure sur le site internet du ministère de la santé :

La fièvre du Nil occidental (West Nile virus)
La fièvre jaune 

 

- Encephalite japonaise et usutu

 

Le virus de l'encéphalite japonaise est relativement proche du virus du Nil occidental. Le porc et les oiseaux sauvages sont des réservoirs de ce virus dont la transmission à l'Homme peut entraîner l'apparition de graves symptômes (NB : seule une infection sur 250 se transformera en encéphalite). La mortalité varie, mais est habituellement plus importante chez les enfants. Des séquelles neurologiques définitives comme une surdité, une instabilité émotionnelle et une hémiparésie peuvent survenir chez des malades dont le système nerveux central a été atteint. il existe un vaccin efficace pour prévenir cette maladie.
 

Formellement identifié pour la première fois en Afrique du Sud en 1959, dans le Swaziland sur le bord de la rivière eponyme, le virus Usutu est source de zoonose, et transmissible par des moustiques hématophages courants (principalement Culex, accessoirement Aedes albopictus). Les hôtes constituant le réservoir épidémiologique seraient des oiseaux. Mais les moustiques vecteurs s'attaquent aussi à certains mammifères (ex : rongeurs et chevaux) et aux humains ne seraient que des hôtes accidentels. Comme pour les autres arbovirus la plupart des cas d’infection chez l’homme sont probablement asymptomatiques ; la forme la plus typique se caractérise par des signes neurologiques (notamment signes déficitaires moteurs)

 

Dans la mesure où il n'y a pas de transmission inter-humaine pour ces deux virus, aucune mesure d'isolement des malades n'est nécessaire.

 

 

Les moustiques en France (metropolitaine et outre mer) :

 

 

- Moustique tigre

Le moustique Aedes albopictus (communément appelé « moustique tigre ») est un moustique originaire d’Asie du Sud Est. Les piqûres d’Aedes interviennent pendant la journée, avec un pic d’agressivité au lever du jour et au crépuscule. Ces moustiques se développent majoritairement en zone urbaine et se déplacent peu au cours de leur vie. Les femelles pondent leurs œufs dans des gîtes où la présence d’eau stagnante est nécessaire au développement larvaire : vases, soucoupes, pneus usagés, gouttières mal vidées, déchets divers contenant de l’eau stagnante, mais aussi creux d’arbres, certaines plantes susceptibles de former une rétention d’eau (bambous, etc.). Les gîtes de nature anthropique, c'est-à-dire créés par l’homme, sont les principaux lieux de ponte de ces moustiques.

Le moustique Aedes albopictus (communément appelé « moustique tigre ») est un moustique implanté depuis de nombreuses années dans les départements français de l’Océan Indien où il a provoqué une très importante épidémie de chikungunya en 2006. En métropole, ce moustique s’est développé de manière significative et continue depuis qu'il a été localisé à Menton en 2004 (NB : il a été responsable de l'épidémie italienne de chikungunya en 2007). 

En 2014, en France métropolitaine, 489 cas de chikungunya et 201 cas de dengue ont été déclarés. La plupart étaient importés mais quatre cas autochtones de dengue ont été détectés en région Provence-Alpes-Côte d’Azur et un foyer autochtone de chikungunya (11 cas confirmés) dans l’agglomération de Montpellier.

En 2015, en France métropolitaine, 135 cas de dengue et 29 cas de chikungunya ont été déclarés. La plupart étaient importés mais 6 cas autochtones de dengue ont été détectés à Nîmes (20 aout 2015). Cet épisode de transmission autochtone fait suite au foyer de 11 cas de chikungunya autochtones à Montpellier en 2014 (NB : On parle de cas autochtone quand une personne a contracté la maladie sur le territoire national sans avoir, dans les 15 jours précédents, voyagé dans une zone où circule le virus).

Fin 2015, le moustique tigre était implanté dans 30 départements de métropole, essentiellement du Sud (NB : il a été détecté le 19 aout 2015 à Paris au Parc Floral et dans des jardins ouvriers à Créteil - 94), ainsi qu'à La Réunion et à Mayotte.

L'espèce s'est installée dans l'Aveyron, le Gers et le Haut-Rhin en 2016, et dans l'Aisne, l'Ariège, la Corrèze, les Hautes-Alpes, les Hauts-de-Seine, les Hautes-Pyrénées, l'Indre, la Lozère et le Maine-et-Loire en 2017. Elle a été responsable de 17 cas autochtones de chikungunya dans le Var en 2017.

Ainsi, en 2019, l'espèce est implantée dans plus de la moitié des départements de France métropolitaine :

 

Concernant le moustique tigre, la direction générale de la santé (DGS) et Santé publique France mettent des documents à la disposition des médecins pour informer leurs patients :

 

Les outils internet de signalement du moustique tigre 

  • l’application mobile IMoustique, développée par l’EID Atlantique (disponible sur AppStore et Google Play)

 

Pour en savoir plus

Revue de presse sur le moustique tigre en France (Réseau inter-med.net)

Dépliant « Nuisances et maladies », ce qu’il faut savoir sur le moustique Tigre 

Dépliant " Ne laissons pas les moustiques s'installer " (ARS PACA, lutte contre le moustique tigre)

INSTRUCTION N° DGS/RI1/2015/125 du 16 avril 2015 mettant à jour le guide relatif aux modalités de mise en oeuvre du plan anti-dissémination du chikungunya et de la dengue en métropole (PDF - 1.7 Mo)

 

 

 

- Autres espèces de moustiques

 

Dans les départements d’Outre-mer (Guadeloupe, Martinique, Guyane), le vecteur à l’origine des principales épidémies de fièvre jaune, de dengue, de chikungunya et de maladie à virus Zika est le moustique Aedes aegypti.

Certaines espèces de moustiques autochtones peuvent être vectrices du virus West Nile (plusieurs cas d’infections humaine et équine ont été signalés en Camargue et dans le Var en 2003-2004, en Camargue et dans les Bouches-du-Rhône en 2015), ou de parasites responsables du paludisme.

A propos des espèces autochtones (notamment : Culex), signalons que 26 cas d’infection humaine par Usutu ont été rapportés en Europe :

 

L’Anophèle était le vecteur du paludisme en France Métropolitaine et en Corse. A ce jour il n’y a plus de transmission locale du paludisme en France, excepté à Mayotte et en Guyane.

 

Infos sur les différentes espèces de moustiques :

Centre National d'expertise sur les vecteurs 

Carte ECDC sur la répartition des différentes espèces de moustiques vecteurs de maladies en Europe

 

NB 1 : Les sites des opérateurs publics de démoustication :

 

NB 2 : Les mesures de prévention contre les piqures de moustiques :